L'errance de mes rêves ...

Voilà un petit moment déjà que je voyage de blog en blog, que je me laisse aller de mot en mot, au gré des phrases ... et la fatigue s'efface doucement avec le pouvoir magique d'Enya qui fait sourire mon âme au son doux de sa voix.

Toujours cette errance, une âme qui chemine inlassablement, mon être est nomade, il aspire à marcher toujours vers un nouvel horizon, toujours déposer ses pas vers l'ailleurs ... la matinée m'a cueilli avec ce sentiment si familier qui voudrait m'arracher à la sédentarité et m'envoyer une fois de plus sur la route avec pour seul bagage des pensées qui se marient et divorcent dans un éternel balet. Comme si la clef de mes aspirations se trouvait déposée sur l'horizon, au pied de l'arc en ciel ...

Combien de fois le doute est-il venu comme un guide me prendre dans ma demeure pour me conduire vers une autre ? Combien de fois ai-je préféré aller au-devant de la solitude plutôt que de la voir venir à moi ? Elle et moi sommes si intimes que je la préfère souvent comme confidente à toutes ces sihouettes qui voisinent mes demeures successives. Nous avons une relation si passionnelle, entre haine et amour ... haine pour ces heures de vide qu'elle a édifié sur des journées entières au cours de longues années, amour pour ces valeurs si précieuses qu'elle a révêlé à mon coeur. Mais elle sait que je ne la désire pas, que je ne la possède que par sécurité affective ... elle sait que si mes sourires fleurissent en chaque jour encore, lorsque l'espoir m'effleure délicatement, c'est parce qu'elle m'a enseigné ce qui à la fois me rapproche et m'éloigne d'elle : la patience ... j'ai appris à étendre à l'infini ces heures qui me séparent de la réalisation de mes souhaits. Je me suis castré affectivement durant de très nombreuses années pour épouser en tous biens tout honneur Dame Patience dont on dit que la fille, Sagesse, est adorable. Me dire que ce que le jour présent ne peut m'offrir, un autre jour le pourra ... et toujours la solitude comme transition. Elle est mon armure, mon glaive et à la fois mon talon d'achille ... de souvenir il n'est de personne qui m'ait été aussi attentive qu'elle, aussi attachée à me quérir qu'elle lorsque mes doutes jaillissaient et noyaient peu à peu chaque relief environnant. S'il s'était trouvé à sa place une main pour tenir celle que je tendais vers l'horizon, peut-être serait-elle parvenue à me retenir mais jamais je n'ai senti qu'un contact, que l'esquisse d'un mouvement ...

Mon âme est vagabonde et il est bien difficile de l'attacher à une amarre ... encore et toujours j'use le lien, je déracine l'amarre et finis un beau matin par reprendre mon chemin. Non pas qu'il y ait nécessairement un mal-être mais plutôt un non-être qui s'est subrescitement glissé entre moi et mon environnement. Souvent on ne comprend pas, on parle rupture, trahison, fuite ... mais jamais on ne voit que je ne fais que me lever et marcher tandis qu'on referme la porte derrière moi sans envisager de me saisir par l'épaule et me retourner ou faire un bout de chemin à mes côtés. Il n'y a pas d'amertume dans ces mots, une grande sérénité même, une simple constatation en réponse à un regard en arrière. Mon corps comme mon âme n'ont jamais épousé un autre être plus que le temps d'un instant au regard de ce que j'ai partagé avec la solitude. Je crois que nul ne peut saisir cette perception que j'ai de l'espace qui m'entoure s'il n'a connu ces journées qui s'ensuivent les unes aux autres pendant des mois, des années sans que rien n'y vienne accrocher notre coeur, se saisir de notre âme, l'emplir d'une présence autrement que de façon très éphémère ...

Pourquoi exprimer cela alors que mes mots importent tant à certains, alors que mes phrases se doivent de se voiler si souvent pour n'y laisser demeurer que ce qui est essentiel à autrui ? Parce que je sens aujourd'hui comme j'aimerais qu'on dise non au spectre s'il revenait me hanter, parce j'aimerais qu'on me murmure ces mots qui m'encouragent à édifier ces rêves qui m'ont toujours habité, de la tendre enfance où ma chambre était toute entière envahie par les mondes que des jouets construisaient pour moi et mon frère jusqu'au jour présent où j'aime à penser qu'il y a un espace pour aménager la magie entre nous ... ce n'est pas que je ne me sente bien à aucun des endroits qui me voient poser mon baluchon mais plutôt que mon esprit retors finit tôt ou tard par se ménager une évasion; un minuscule point de vide et me voilà comme aspiré dans un trou noir ...

Aujourd'hui j'ai de la lumière dans le coeur, des mots emplis de foi mais au plus profond de moi-même, je sais qu'il y a des matinées comme celle d'aujourd'hui où une fatigue, une lassitude pourront m'amener à apposer un filtre sur cette lumière et me saisir de chaque point d'ombre pour les rassembler en un long tunnel : celui de ma nouvelle destination ...

Je crois en l'homme mais si cet homme là ne croit pas assez en lui même, doute de son prochain, un doute me gagne à mon tour et m'emporte avec mes rêves vers un autre horizon où il me sera peut-être plus aisé de les partager ... j'avais jusqu'aujourd'hui le doute que ce partage puisse exister, à présent ce ne sera plus que sur le lieu où celui-ci est possible que je continuerais  à avoir probablement des incertitudes. Je crois que j'ai choisi d'écrire ceci que pour une seule raison : je tiens à ce que l'on sache que les rêves, les espoirs, les émotions, les sentiments que j'exprime ne sont pas de l'ordre de la "bonne résolution", ou du "bon mot" semé sur un terreau meuble; j'ai cette conscience que je ne serais à "ma place" que là où chacun de ceux-ci pourra pleinement s'exprimer.

Vous êtes toujours dans mes rêves mais souvent j'ai simplement cette envie de rêver ailleurs ... je vais aller marcher, laisser errer pas et pensées sous le crachin, dans l'air frais ...