J'ai l'impression de ne plus rien avoir à écrire, à adresser ...

Des émotions, des sentiments mais plus l'envie de mettre spontanément des mots dessus ...

Je ne lis plus, je ne dors plus, je ne mange presque plus, je ne sors plus, je n'achète plus rien et je ne fais plus qu'entrapercevoir les gens fugitivement ...

Je ne fais plus qu'écrire, laisser courir frénétiquement mes doigts sur un clavier à la poursuite d'un temps qui se serait perdu dans toutes les heures creuses passées ...

Lecture de blogs, écriture de commentaires, quinzaine de fenêtres msn ouvertes par jour ...

Et puis quoi ? Des promesses pour demain parce qu'aujourd'hui nous sommes bien trop occupés à survivre plus qu'on ne vivrait ? Entre heures chagrines, heures d'ennui, heures de trop plein ou heures de trop vide ... trop pleines de contraintes, trop vides de pleinitude ...

Mais je ne me défais pas, je ne me résigne pas plus à une réalité qui serait "inévitable" qu'à penser une "nature humaine" qu'il est si plaisant de donner comme bouc émissaire ...

J'essaie juste d'être lucide sur le fait que l'entretient de mon confort actuel, l'entretient de mes idées et de mes mots passe par un compromis de mon existence ...

Un contrat avec dame solitude ... je lui donne ma vie actuelle afin qu'elle me cède son lendemain ... mais est-elle digne de confiance ? C'est là ma préoccupation ...

J'ai offert un nouveau cadre de vie à ma solitude, un qui lui convienne mieux pour se divertir d'elle-même ... mais je viens pour cela de rentrer dans un monde aux dents aiguisées qui n'admet pas de faux-pas ...

Ce n'est plus l'absence des gens qui me rend seul, c'est l'addition de leurs solitudes face à un monde qui les désoriente, les désillusionne, les carapaçonne, les contrait, les restreint et les frustre ...

J'ai fais un pas et il n'existe pour lui, pour moi en tous cas, aucune marche arrière : c'est marche ou crève ... c'est ce que j'ai lu il y a un quart d'heure dans le regard d'un homme ... il me disait "il va falloir vous battre, bonne chance". Et j'ai compris que j'avais quitté le monde de la déraison raisonnante pour celui de la raison dérisoire ... le temps n'est plus à la dissimulation, le temps est à l'intégrité, le temps de démontrer qu'un rêve sait aussi prendre sa place dans la réalité malgré tout ce qui s'y oppose ...

Montons au front tel le soldat qui entend déjà tonner les canons, siffler les balles, crier les moribonds et qui pense médaille et gloire ...

Pleinitude comme médaille, bonheur partagé comme gloire ...

Let's fight for peace !

Songe