Fragments de vie, fragments de Songe, bouts de chemin d'un jour ...

(Une envie de reconquérir mes responsabilités par trop délaissées à mon goût ces derniers temps ...)

"Par la présente lettre je souhaite demander ma démission pour les motifs suivants : des incertitudes quant à ma situation actuelle m'ayant amené à prendre un délai de réflexion de plusieurs jours et ce de façon injustifiée et injustifiable, je souhaite, au su de l'inconséquence et des désagréments que représente pour vous mon attitude, assumer les conséquences naturelles d'un tel choix ..."

Je ne veux plus user d'honteux mensonges, de ridicules excuses pour dissimuler mes décisions essentielles aux yeux des autres ... alors je souhaite assumer mes choix en toute sincérité et honnêteté vis à vis de ceux qu'ils impliquent et ce jusqu'au bout, aussi lourdes que puissent en être les conséquences ...

"Je t'écris cette carte de la main de mon bras cassé. Je te fais confiance pour mener ta vie dans un bon chemin, penses que je suis toujours prêt de toi. Je te quitte en te serrant fort dans mes bras pour te faire de gros baisers"

Ma chère arrière grand-mère de sa main tremblante et douloureuse trace difficilement des mots que je ressens comme les derniers, comme ceux qui me disent adieu ... toujours un petit billet glissé entre l'envellope et le carton glacé d'une carte postale au motif guilleret ... mais je ne veux pas imaginer que sa mort soit pour moi comme un creux entre deux cartes reçues qui s'allongerait indéfiniment jusqu'à ce que je prenne conscience qu'il n'y aura plus jamais d'autre envellope à son nom dans ma boîte aux lettres ... cette fois-ci je souhaite que le petit billet se transforme en voyage, que sa chambre d'hôpital me trouve à son chevet pour lui rapporter un peu de mes paysages ... que ce ne soit son bras cassé qui m'adresse des sourires, qu'elle n'ait qu'à reposer la tête sur l'oreiller pour les esquisser ...

"J'ai besoin de me sentir moi seul et non moi avec une part de toi en moi je crois. Mon besoin est certainement trop profond pour que je m'y aventure à l'aveuglette. Je n'ai pas peur de souffrir, j'ai peur de faire souffrir ... je sais que je n'arrive pas à donner/recevoir vraiment en ce moment : je me sens trop vite pris par ce que je donne, violé par ce que je reçois ... étranger à moi-même et dans le vide et dans le plein qui m'est extérieur. On ne donne pas ce que l'on a pas soi-même, on ne reçoit pas ce que l'on ne peut/veut recevoir. J'ai une part profonde de moi, Songe, qui a besoin qu'on s'adresse à elle doucement, jour après jour parce que Songe c'est mon équilibre qui répond au déséquilibre constant entre passion et raison : c'est le mariage des deux."

J'ai besoin de me sentir intègre ... j'ai besoin que mes sentiments s'adressent à ceux qui s'adressent à Songe. Songe c'est la profondeur de mon être, c'est son relief, c'est sa dynamique, c'est sa clé de voûte ... Songe a pris demeure en mon coeur, et n'entrent au plus profond de mon coeur que ceux qui ont su en faire sortir Songe et s'y laisser guider par lui ensuite ... mon corps peut rester seul si mon coeur est habité, mais mon coeur ne peut rester seul alors que mon corps serait visité ...

Un jour comme ça, à faire songer à demain avec l'esprit, avec l'âme, avec le coeur ... à rêver que les trois seront mariés entre eux dans l'intégrité et dans la pleinitude à chaque pas ...