The man who sold the world ...

Nuit courte, journée longue, travail aux néons, sieste, cernes et cafés ...

Mais le cerveau est en éveil, j'ai mis en attente le sommeil ... j'avais envie de revenir sur moi dans cet article, sur mes actes, sur ma vie, sur ma vision des choses et des gens qui m'entourent ...

Je me suis trouvé bien puéril soudain en relisant mon dernier article ... non pas que je regrette ou que je revienne sur son contenu. Au contraire ... mais la formulation était simpliste, capricieuse et je dirais même profondément egocentrique. Moi, derrière mon clavier, ai des bouffées d'asphyxie et plutôt que d'employer mon accès prétendu de franchise à les expliquer je me laisse venir la moutarde au nez puis je jette rapidement trois mots sur le clavier comme on jetterait un bâton au chien en attendant qu'il nous le ramène tout penaud ...

Quelle prétention ! Je dis choisir de m'endurcir mais au fond je ne fais que m'aveugler, m'excuser, me justifier pour des caprices injustifiés (mais non pas injustifiables, je n'en suis pas encore à la schyzophrénie fort heureusement; quoique ...). Je parle d'hypocrisie et me voilà premier à en faire tartine généreuse sur pain rassis d'amertume. Il est facile de remonter la couverture sur la tête plutôt que d'affronter ses démons tapi sous le lit ...

J'en suis venu aujourd'hui à me contempler dans ce miroir formidable qu'est parfois la solitude (volontaire je l'avoue) et je dois dire que le reflet m'est apparu soudain assez méprisable sous certains aspects. Je me suis vu souffrir des affres que j'ai inconséquement et consciemment infligé auparavant et ce avec la plus mauvaise foi qui soit ....

J'ai triché avec les mots et c'est chose très grave parce que je suis un des premiers à avoir fanfaronné avec la franchise en pavillon flottant sur mes grandes idées ... j'ai usé du mensonge par omission en décrivant mes émotions tout en omettant de préciser que ce dont j'ai souffert je l'ai précédemment infligé insolemment; et c'est là que je conçois du mépris pour moi-même : d'avoir usé de mon encre facile pour dresser un auto-portrait incomplet et m'être confortablement laissé coller l'étiquette d'un altruisme que je me défend d'incarner au su de ce que j'ai négligé d'essentiel.

Je me surprend à souffrir d'absences semblables aux miennes passées, je me surprend à concevoir un ressentiment teinté de jalousie pour des mots que j'ai moi-même usé sans tempérance, sans attention pour les sentiments qui m'étaient dédiés ... je me surprend tout simplement à être dans cet état que j'ai infligé à des personnes qui m'adressaient la pureté de leurs sentiments et que j'ai négligé pour guilleretement "papilloner" ... je ne me le pardonne pas au nom de la réelle affection et estime que j'ai pour ces personnes.

Je crois qu'avant d'aller faire le ménage sous le porche des autres, il convient de se rappeler les déchets accumulés sur son propre pallier. Et je dois dire qu'ils commencent à faire parvenir à mes narines une bien nauséabonde pestilence. Il est temps de prendre mon courage à deux mains et évacuer tout ce fumier entassé ...

Je parle facilement des gens qui partent, de ceux qui me manquent mais j'oublie bien vite de parler de ceux que j'ai négligé, de ceux que ma route a croisé et dont j'ai toujours repoussé à demain l'amitié trop préoccupé que j'étais à tapoter sur mon clavier ... où est donc passé ma sincérité pour ceux-là ?

Je parle facilement de partage et d'ouverture mais combien de fois ai-je choisi la réclusion et la solitude ? Ai-je évoqué cette inconstance qui me fait désirer la solitude en société et la société dans mes heures solitaires ?

Je parle facilement de vertu mais je constate à présent les entorses répétées que j'ai pu lui faire et ce de bien triste manière ... non pas que je me sois livré à des vices condamnables mais plutôt que j'ai laissé certaines parcelles de mon jardin secret concéder de leur naturel sauvage pour accueillir de biens sordides pensées ... je me suis surpris à accepter le vulgaire, à accepter le mesquin, à accepter l'hypocrite ... c'est chose que je ne peux et souhaite m'autoriser parce que j'ai traversé toutes ces années avec un idéal de moralité bien ancré qui m'a mis à l'abri et de la fatalité et de la perversité. Peu importe l'image qui s'en dégage, qu'elle soit naïve, désuète ou encore proche du ridicule, je sais pourquoi je l'ai toujours préservée et où je peux me permettre de lui faire des entorses sans que je ne me retrouve comme coque percée, à accueillir des eaux polluées ... j'ai une sainte horreur de la démagogie et je ne veux tomber dans cette facilité qui consiste à adapter son discours à l'interlocuteur, faire prositution de sa personnalité et de ses convictions pour un partage d'apparence ...

Je préfère une solitude d'intégrité, qu'un partage de gâteries sucrées propre à divertir les babines sur le moment avant de gâter avant tout les canines (j'ai encore trop de vie à mordre pour ainsi en démordre). J'ai gardé ma vie à l'abri des regards jusqu'à présent parce que je ne souffre pas qu'elle soit exposée au premier jugement alors qu'elle n'en est qu'aux fondations dans sa construction, aussi je me trouve bien léger et inconséquent d'y ménager des entrées par tous les côtés ...

Mon esprit est ouvert, mon avis est ouvert, mon blog, ma boîte électronique et postale restent ouverts mais je referme les volets et les portes sur mon quotidien afin de préserver mon chemin sinueux de vie ... la routine tue l'exception, je me nourris d'exception aussi je choisis de bannir la routine ... ceux qui partagent ce désir d'exception sauront trouver la voie qui passe par elle et pérénise notre relation ...

Ca peut être perçu comme très prétentieux mais j'ai fait souhait de sincérité et je sais intimement que l'exception est la condition première d'un vécu de mes (nos) rêves et la routine la cause première de leur extinction ...

J'ai beaucoup concédé de ma détermination et de mes convictions par confort ces derniers temps ... à présent je souhaite reprendre la route et réparer ces négligences d'une part en m'excusant des personnes qui se sont senties agressées, lésées, blessées par mes mots et gestes, d'autre part en menant à son terme l'entreprise que j'ai initié en vue de changer radicalement ma façon de voir, vivre et penser afin de me ménager cette place pour ma vie qui réponde à ma vision, mes aspirations et mes convictions. Et je ne me permettrais de prendre personne pour témoin ou garrant de mon chemin solitaire sinon ceux qui partagent cette vision d'exception et une amitié, une relation profonde avec moi ...

Je tiens à trouver cependant encore les mots qui répondent aux peines, joies et réflexions de mes voisins de blog parce que si je ne souhaite pas nécessairement leur voir prendre une place dans ma vie, j'en aurais toujours dans mes pensées et dans mon coeur.

J'aimerais encore une fois m'excuser de mon attitude faussement modeste, honnête et généreuse que j'ai un peu trop souvent manqué d'illustrer réellement et d'assumer ouvertement

Sincèrement votre

Songe