Avez-vous vu que le printemps timidement se réveillait ?
Avez-vous vu ces ciels qui se font palette de peintres flamands et nous offrent un horizon plus vaste et plus beau que nombre de ceux auxquels songent les aspirants estivants ?
Avez-vous vu que le grain de misère qui léchait avidement le pavé cédait en des heures lumineuses sa place à de chatoyantes mais néanmoins timides caresses solaires ?
Avez-vous vu que les grises mines s'espaçaient pour laisser se glisser entre elles l'écho cristallin des rires enfantins retrouvés ?
Avez-vous perçu qu'un air doux caressait vos visages enfiévrés, vos mines encore toutes engrisaillées par le gel attardé ?
Non ?
Mais alors qu'attendez-vous pour vous arrêter sur votre seuil au matin venu et fermer un instant les yeux pour sentir l'air doux qui s'amuse de votre tignasse ensommeillée, goûter l'empreinte d'un rayon sur le grain de votre peau puis offrir enfin à votre regard le tableau d'un printemps retrouvé dans quelques sourires ...