Intégrité et respect d'autrui
J'ai parfois le sentiment que l'intégrité est un chemin de croix sur un sentier accidenté où les compromissions sont autant de petits pics saillants qui affleurent et menacent à chaque instant de déchirer la plante des pieds.
Je crois que la tempérance et la relativisation doivent connaître leurs limites à un moment et ces limites sont celles où le coeur se sent trahi par la pensée et le geste ... je crois qu'il faut ce moment de remise en cause et de remise à leur place des choses.
Quelles que soient les négligences ou les fautes qu'on puisse avoir commis soi-même, quelles que soient les attitudes répréhensibles, je pense qu'il y a ce moment où on doit arrêter de tout laisser passer au nom de sa culpabilité.
De même, il y a un moment où l'indifférence n'est plus la réponse adéquate à la bassesse et la mesquinerie, où il faut brandir le poing à la face de la bêtise sous peine de se voir chaque jour acculé plus loin dans la compromission de ses valeurs par le fait qu'on les aura défendues.
Je suis assez honteux d'avoir tu mes valeurs, ma vision de la vie et du respect et de la tolérance à plusieurs reprises ces derniers temps parce qu'on m'aura convaincu que l'ignorance et l'indifférence seraient les meilleurs armes contre la méchanceté et la bêtise. Après réflexion et expérience je ne suis pas de cet avis parce que la méchanceté et la bêtise, si elles n'entendent pas raison, sont légitimés par le silence et la tolérance absolue; on ne peut pas tout tolérer, on ne peut pas tout accepter quand on vit en société ... on ne revient que rarement sur ses erreurs mais l'essentiel est d'éviter de les reproduire et je me promets de dorénavant conserver toujours ma franchise même si celle-ci m'attire des inimitiés ou des insultes. Parce que, quoi qu'on en dise, je considère que l'internet ne dispense pas de faire preuve de la plus élémentaire bienséance.
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Alors j'aimerais exprimer mon regret profond devant l'attitude de ceux qui trouvent à médire à tour de bras de tout ce qui se trouve chez leur voisin alors qu'ils n'ont pour la plupart par le courage de faire le ménage chez eux, alors que rarement ils se livrent à une auto-critique construite et argumentée ...
Ces porte-flambeaux du dénigrement qui peignent la noirceur du monde sans avoir même envisagé qu'il leur était possible de ne pas y participer en n'ajoutant pas leur petite touche de mélasse ... les chantres de la critique acerbe et acide qui se plaisent à torturer le verbe pour lui faire charrier des insultes ordurières sous couvert d'orthodoxie; qu'ils aient enterré leur naïveté dans le caveau de la désillusion, c'est leur affaire mais qu'ils cessent de vouloir se faire les fossoyeurs de toute candeur sous prétexte que le fumet de la misère leur colle au nez.
Combien sont-ils à alimenter leur verbe du seul mépris de celui du voisin ? Combien sont-ils à cracher leur venin d'une langue fourchue sur tout ce qui passe à portée ? Combien sont-ils à soulager leurs névroses par la chasse au sorcières ? S'agit-il de s'offrir place honorable en rabaissant à tout va ?
Combien sont-ils ceux qui, sous couvert d'anonymat, derrière le masque du pseudonyme, postillonent allègrement sur un clavier alors que dans leur quotidien ils baissent la tête et tiennent leurs lèvres closes en maudissant du regard, en tempêtant des pensées ?
Finalement le clavier est-il outil pour laisser libre cours aux haines, frustrations, hypocrisies, manipulations, mépris, médisances, pour offrir un terrain d'expression libre et ouverte à ce que la crainte d'autrui interdit au quotidien ? Les pugilats, lynchages, persécutions, pirateries, délations et toutes autres attitudes méprisables et associales, peu courageuses, doivent-elles fleurir ici allègrement au nom de la tolérance et de la liberté d'expression ?
La censure est totalitaire et autoritaire soite, mais il y a loin de la tolérance absolue jusqu'à cette extrémité : c'est une question d'implication individuelle dans les valeurs; après je crois que c'est à celui qui sent ses valeurs remises en cause de les défendre conformément à celles-ci.
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Souvent il me coûte d'être conforme à ma nature et de donner alors même que j'ai le sentiment que pour certains notre relation se résume à un aller simple sans retour, à un don de soi sans partage. Ce n'est pas une attente je pense, ou tout du moins ce n'est pas un excès d'attente de ma part mais un sentiment naturel que je pense partager avec bien des gens. C'est une question d'intérêt et d'attention : je ne conçois pas qu'on puisse avoir de l'intérêt pour quelqu'un sans lui témoigner de l'attention, sans se préoccuper un tant soit peu de lui, de ce qu'il est et vit.
Mais ce n'est pas parce qu'on aura pas d'intérêt pour moi que je m'interdirais d'en avoir pour autant, mais c'est naturellement ma façon propre d'être et voir les choses et je ne saurais attendre qu'elle soit partagée :o)