Un samedi soir ...
Chacun d'eux me retrouve avec ce sentiment passager de solitude que je ne veux réprimer ... ces soirs-là sont offerts au vide, sont habités par une plume esseûlée parce que j'ai besoin de le ressentir pour ne pas l'oublier trop, pour ne pas négliger le fait que je suis seul et que le nier ne ferait que le ressortir dans un moment de mal-être. Non pas que je sois mal, non pas que je sois malheureux, seulement que ces soirs-là je prends conscience que tout effort de volonté ou d'abstraction que je puisse faire, je reste avant tout un homme, un homme seul ...
Ces soirs-là la musique me berce, m'abîme dans une contemplative torpeur où mon esprit s'exacerbe tandis que mon corps s'affale. Comme si chaque note était un mot posé sur mes sentiment, un mot tellement limpide que je l'attraperais pour le poser à même les touches.
Ce soir j'ai parlé du blog avec Addy, de nos blogs et du sens qu'ils prennent dans nos existences. Et je sais que ce que je dépose ici est cette part de moi que j'ai dévoilé un beau jour, que personne ne connaissait qu'autrement que par bribes et que j'avais besoin de dire ici à défaut de savoir où le faire à l'exéterieur. Ce soir j'ai pris conscience que ce blog contenait moins de moi-même, contenait moins d'authenticité qu'auparavant et j'avais envie de la lui rendre avec cet article ...
J'ai déposé mes rêveries ici, mes émotions et en ça je ne pense jamais avoir cessé de le faire mais j'ai, jour après jour, dissimulé mes états d'âme pour les enfouir ... ce soir j'ai envie de les détérer de façon lucide et sincère, consciente.
J'ai lu beaucoup de blogs, rencontré beaucoup de jouebeurs dont un certain nombre ont pris une place très importante dans ma vie autrement que par le clavier. Certains ont croisé ma route et ne l'ont pas recroisé et ne la recroiseront peut-être pas, d'autre resteront encore longtemps à mes côtés je pense. J'ai investi une grande part de moi-même dans ce joueb, j'y ai investi mes sentiments et mes valeurs ... inévitablement j'en ai souffert, inévitablement j'en ai vécu, inévitablement j'en ai été déçu aussi ...
Ces derniers temps j'ai pris conscience d'un paradoxe : je suis arrivé sur ce blog en voulant m'ouvrir, en voulant avoir l'honnêteté de révéler cette part-là de moi aussi et aujourd'hui j'ai le sentiment d'avoir fermé en partie la porte par besoin de préserver l'intérieur. Non pas des critiques, non pas des agressions mais de la mécompréhension, de ceux qui pensent partager avec moi une sensibilité que je ne reconnais pas chez eux. Ce n'est pas de la prétention, c'est simplement la constatation que certains ont cru voir dans mes mots des promesses que je n'y ai jamais mises.
Autre paradoxe, je suis venu ici et y ai ouvert un blog parce que je my reconnaissais, je m'y sentais à l'aise et aujourd'hui je vois qu'une partie de mes liens donne sur des lieux déserts ou évidés, qu'à leur place se trouve un environnement ou l'agression, la vulgarité, la mercantilité et l'opportunisme ont pris plein pied; et pourtant, contrairement à beaucoup, je ne me sens chez moi qu'ici, sur ce blog-là et aucun autre ...
Et pourtant ce soir j'ai conscience que malgré mes hésitations nombreuses, mes passions contraires, mes déceptions profondes et mes colères noires, je ne suis pas prêt de lâcher cette plume, de la faire taire; un jour elle a décidé de s'exprimer et elle ne s'arrêtera plus de le faire parce que ces mots, cette écriture sont une partie de moi.
En ce qui concerne maintenant l'environnement, je ne peux m'empêcher de regarder avec tristesse ces pugilats, ces guerres de blogs, ces insanités, obscénités et vulgarités fuser de part et d'autre, de voir des compétitions de blogs, des real-tv bloguesques, des groupes sectaires s'instaurer là où j'avais trouvé à mon arrivée davantage de respect, tolérance, égalité et sympathie. Quelle violence ... mais qui êtes-vous pour brandir l'arme aussi promptement, qui êtes vous pour juger de la valeur d'une chose de façon générale, qui êtes-vous pour mercantiliser les écritures, fabriquer des stars de carton pâte, des emblêmes bidons ? Combien de ceux que je vois crier Houra à la vague rose sont des associaux chroniques qui ont oublié que le social commençait par un sourire rendu au voisin d'en face ? combien de ceux que je vois déverser leur fiel à grands renforts de bons mots sur leur clavier bien lotis derrière un écran n'ont pas même le courage de s'assumer au quotidien ?
Mais malgré ce sentiment que la réalité a rattrapé l'exception, que la paix ne sera jamais que la parcelle restée aveugle jusqu'à présent à la guerre, je ne peux m'empêcher de penser qu'une part de paix est en nous et appartient à notre responsabilité individuelle. Je tiens à rester en paix avec cet endroit qui accueille mes mots même si à plusieurs reprises j'ai été tenté de me saisir de l'arme de la polémique dans un vain débat conflictuel ...
Je ressens le besoin d'écrire ici une part de moi-même que je ne partage pas dans ma vie, une petite part de ma sensibilité à laquelle je n'ai trouvé le répondant ailleurs qu'ici ...
J'ai besoin d'être entier ...
*****
Ce soir j'aime sur les touches, j'aime d'un amour profond mais solitaire, j'aime dans mon silence ...
Mais j'ai besoin de l'écrire parce qu'ici c'est chez moi, parce qu'ici j'ai besoin de dire ce que je ressens à défaut de vouloir dire ce que je vis. J'ai besoin de vibrer dans ma nuit, de pouvoir laisser couler l'encre de mon amour sur cette page en y dessinant la capture d'un regard, l'union d'une âme ...
J'aime tous les samedis soirs depuis des mois, en silence, en solitaire parce que c'est en ces soirs-là que je choisis de le vivre pleinement ...
J'ai toujours vécu ainsi en silence, en solitaire et en patience ... seulement aujourd'hui je suis moins silencieux , moins seul et ai eu quelques belles récompenses à ma patience ...
*****
Ce soir j'ai mis un bout de moi dans cet article, un bout de moi que chaque absence, chaque éloignement, chaque silence, chaque déception avait dissimulé un peu plus ...
Ce soir j'ai décidé que mon blog était mien, qu'il était un bout de mon chemin et que jamais sur mon chemin ne sera fait de censure autre que celle qui viendra de mon plein gré.
Avec cet article je réinvestit pleinement mon blog comme à la preimière heure, peut-être avec moins de légèreté mais tout autant de volonté et de désir d'écriture et plus ou moins de partage de mes mots selon la place de chacun qui leur répond dans mon coeur ...
Voilà
...
Commentaires :
Merci
Bonsoir Songe,
Etant arrivé sur Joueb depuis peu, je ne me rends pas bien compte de l'évolution qu'il y a eu. En tout cas je tiens à te remercier pour se texte et les encouragements que tu as laissé chez moi. Merci de m'avoir montrer qu'il ne fallait pas se laisser abattre par le risque d'éventuelles critiques. Merci pour ton engagement pour garder joueb comme un petit coin de rêves. Merci de faire de Joueb un espace où l'on a envie de partager ses songes.
Merci pour tout et bonne nuit
Re: Merci
C'est un plaisir de retrouver tes mots ici Nbishop, d'autant qu'ils me touchent de leur attention ... je sais que c'est pour de tels mots que j'ai ouvert un joueb et pour ceux-là que je continue à écrire ici avec plaisir :o)
Il y a ici qui malgré tout fait que j'aime l'endroit et où les échanges sont enrichissants et chaleureux, et continuerais à y déposer mes songes aussi longtemps qu'ils se reconnaîtront dans ceux qui les partagent ici ...
Merci beaucoup Nbishop et à très bientôt j'espère !
Songe
Re:
Merci Epsilon, j'ai pu apprécier souvent tes mots posés et attentifs chez bien des gens que j'apprécie de lire et c'est un plaisir de les accueillir en ma demeure. Si seulement un peu de mes songes effleure les pensées de ceux qui me lisent et dessinent des sourires sur leurs lèvres alors j'aurais déjà changé quelque chose d'essentiel : la vision d'un instant qui peut-être enrichira le suivant :o)
Au plaisir et merci !
Songe