Quelques notes pour traverser l'espace et me projeter dans le flot de mes sentiments allants et venants ...

Il y a ces jours où la pluie lèche doucement les vitres, où l'air est humide, où le vent est frais et la lumière trop pâle, trop incolore ...

Il y a ces jourss où les sentiments sont en demi-teinte, où l'émotion est en berne, où coulent simplement les eaux sous les ponts tandis que l'embarcation reste à quai.

Il y a ces jours où le piano de Yann Tiersen murmure la langueur, la lenteur, la suspension d'un temps pour un moment, où ses notes virevoltantes sont à mon oreille ce que les feuilles d'automne balayées par la brise sont au vieil homme qui regarde de l'extérieur une nouvelle année de sa longue existence, acteur à la retraite, spectateur de ses vieux jours ...

Ces touches délicates et virtuoses qui apaisent, qui évoquent, qui suscitent la danse des souvenirs au son des Valses d'Amélie ...

Lorsque mes pas suivent les longues rues parisiennes, j'ai ce sentiment d'y voir l'incarnation d'une nostalgie du passé, comme si ces façades soupiraient d'un temps qui a vu de folles années colorer tous ces arrondissements aux noms surchargés d'évocations ... comme un présent condamné à ressusciter tant bien que mal les souvenirs pour des hordes touristiques avides de clichés ...

Mais j'aime cette ville qui me correspond, ancrée dans son passé, pris dans sa course vers l'avenir, contradictoire dans ses pulsions de vie et de mort, inconstante dans les passions qu'elle enfante, constante dans les années qu'elle traverse sûre et fière d'elle-même ...

Il y a cette beauté du spleen qui donne à la nostalgie un écrin sobre mais doux aux sens, le velours au toucher, le chatoiement subtil au regard, cette senteur discrète de poussière et de teintures à l'odorat, cet effleurement imperceptible à l'ouïe ...

Il y a ces jours où l'on vivote, amaré au vague à l'âme ...