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Aller sans retour ...

 

Je ne suis pas sûr que j'arriverais à écrire tout ce qu'il me tient à coeur d'écrire dans cet article. Les mots de Barjac m'ont une fois de plus plongé dans une introspection grave et empeinte de cette effrayante lucidité qui s'empare de moi lorsque toute l'existence, le monde semble se dévêtir sous mes yeux et se présenter à mon regard dans une nudité crue.

J'en viens à m'interroger sur mon existence, sur celle de ceux qui m'entourent, sur ce que je vois ou crois voir autour de moi. Ces derniers temps j'ai retrouvé un peu de cette lassitude qui m'a tenue sous son joug des années durant, celle qui annihile tout effort de volonté avec l'idée qu'il y a trop peu de gratification au regard de toute l'énergie mise en oeuvre. J'ai recommencé à jouer à des jeux d'ordinateur et c'est là pour moi comme un aveu de retour en arrière dans une situation qu'il il ne m'est plus permis d'envisager. J'ai choisi de brutalement me forcer à changer ma vie en interrompant mes études et en décidant de m'assumer seul financièrement et je sais qu'il ne me reste d'autre choix que de mettre en oeuvre ce que j'ai projeté : me construire une vie qui sache convenir à ma personne. Or je vis dans une société qui ne reconnaît l'existence d'un individu que par sa fonction sociale attestée par une infinité de paperasses échouant quotidiennement dans nos boîtes aux lettres. J'ai vu dans ces premiers temps où je n'avais pas d'emploi, pas d'habitat, coupé momentanément tout contact amical et familial, ce qu'était un homme dans ces rues, ces villes, ces pays où on est entièrement défini relativement à notre environnement social. Je n'étais plus rien qu'un être invisible assis au bord d'une fontaine et qui sans sa carte de crédit ne serait plus qu'un SDF anonyme parmi tant d'autres, poignardé une nuit pour des fringues sans qu'il n'y ait de suites autres que le constat simple d'une faillite de la vie sociale d'un individu déchu de sa place ... j'ai cru qu'on pouvait partir de rien mais sans papiers on n'a pas d'emploi, sans emploi, on n'a pas de logis et sans logis on n'a pas d'existence attestée au regard des lois, des administrations garantes de la vie décente du citoyen. Alors je me suis reconstruit une idendité sociale à partir de celle qui était et reste la mienne, je me suis un peu endetté, je me suis un peu compromis et aujourd'hui je dispose d'un peu plus de marge de manoeuvre à défaut d'avoir vraiment le sentiment d'avoir su préserver pleinement mon indépendance ...

Aujourd'hui que vois-je autour de moi ? Je vois des vies qui connaissent leurs hauts, leurs bas mais dont la plupart connaissent bien peu de hauts en comparaison de tous les bas. Les cabinets de psychologues fleurissent, on ne sait plus très bien à quel saint vouer ses prières, on ne sait pas très bien à quoi sert cette conscience à laquelle notre enseignement nous éveille alors que tout semble lui nier sa place. Alors on crie ses douleurs à la face du monde sur un clavier en rentrant d'une journée où on a mis son masque extérieur, celui qui est poli et qui dit bonjour et merci mais maudit de l'intérieur. On se rattrape en pensant amour, parce que amour ça veut dire évasion et bien-être et parce qu'on préfère savoir qu'on souffre par amour que de se dire qu'on souffre simplement d'exister. Ca ne soulage pas de s'en prendre à la vie, ça ne soulage pas de se dire que c'est elle la responsable parce qu'au fond on a besoin de trouver un coupable qu'on puisse assaillir, qu'on puisse agresser, qu'on puisse tenir pour responsable de notre incapacité à être heureux. Alors on pourrit des relations, on pourrit ce qui nous entoure parce que ça donne une bonne raison de ne pas être heureux que de pouvoir montrer du doigt un environnement pourri ... et puis il y a ceux qui ont appris qu'on ne montre pas du doigt, ceux qui ont appris à prendre sur eux parce qu'ils sont conscients que prendre un punching-ball ne soulagera pas leur mal-être. Ceux-là n'en finissent plus de s'introspecter, de s'agresser, de se maudire et tantôt se surestiment, tantôt se sous-estiment à défaut de ne pas savoir s'estimer. Ils cherchent, ils quêtent cette petit once de certitude, comme un axiome mathématique qui validerait toutes les formules de vie heureuse qui en découlent.

Mais au fond, comment ne pas souffrir effectivement lorsqu'on a pas ce qui semble promis à chacun ? Comment ne pas souffrir de voir écrit sous un drapeau "Egalité, Fraternité et Liberté" lorsqu'aucune des trois ne nous semble accessible ? L'enfant apprend déjà dans les cours d'école que l'égalité n'existe que devant la sanction, que les droits sont monnayables ... il apprend que la fraternité est une exception quand ils sont cinq à en coincer un dans les toilettes avant de le rouer de coups sous le regard tétanisé des autres qui craignent les représailles s'ils vont chercher la maîtresse et que quelqu'un les dénonce, parce qu'à la sortie ils seront attendus par le grand frère. Il apprend enfin que la liberté se résume à choisir dans une liste d'options généralement ...

Par ailleurs on habitue l'enfant et le jeune à un temps de loisir qui lui serait dû avec des activités gracieusement proposées par le cadre scolaire, mais comment ne pas imaginer que la plupart n'arrivent pas à se faire à l'idée qu'en rentrant dans le monde du travail il ne reste plus que 5 semaines de congés, que les semaines font parfois 40 à 45 heures qui laissent trop peu d'énergie pour jouir des loisirs qui sont devenus un luxe pour ceux qui voudront bien les payer ? Et comment ne pas s'offusquer du refrain qui continue à être récité par les pédagogues humanistes qui donnent chacun égal face à l'éducation alors que d'aucuns décrocheront les meilleures notes avec le moindre effort là où d'autres s'efforceront jours et nuits pour appartenir à cette moyenne qui sera reconnue comme apte à accéder au niveau de vie supérieur ? On ne compte pas ces enseignants qui encouragent la compétition et méprisent le manque de performances. On finit par fabriquer non pas des individus instruits et compétents mais des envieux complexés et frustrés. Et à côté de ça il y a tous ceux dont les parents ont le piston dans la poche et prêt à l'emploi et qui assurent leurs enfants que même sans résultats ils auront leur place confortable à l'abri du besoin.

Je crois que tout ça ce sont autant de raisons qui sont responsabloes d'un malaise de société où l'envie finit par devenir la dynamique première d'action de tout un chacun : on ne fait plus les choses pour soi mais par envie des autres quand ce n'est pas pour correspondre à leurs envies. Je crois que ce n'est pas étonnant lorsqu'on s'apperçoit que pour toute difficulté rien qu'administrative on renvoit toujours la faute sur l'autre individu, service, société ... lorsque ma connexion plante, que je perd le contact avec une personne qui m'importe et que j'enrage, je me sens tellement impuissant parce que je pourrais remonter indéfiniment la chaîne de causalité pour parvenir à la conclusion que la première responsable c'est la société quand ce n'est pas la vie elle-même. Au final, à défaut de pouvoir m'en prendre à un responsable, je nourris une frustration qui se saisira de la première occasion pour éclabousser le premier venu. On finit par avoir ainsi un système entièrement gangrené par la frustration et l'envie.

Je crois que ce n'est pas un hasard si aujourd'hui on se prend à rêver de grandes sagas cinématographiques, si on s'évade dans le télévisuel, le virtuel, le fantastique ... parce qu'au fond on sent que là où on ressent le plus sa liberté c'est quand l'esprit est désincarné, qu'il est divertis, parce que là où on peut encore trouver des valeurs d'égalité et de fraternité c'est dans ces grandes figures vertueuses qui, tel le Christ, se chargent de tous les vices de vie pour offrir un peu de vertu à la conscience le temps d'une évasion dont on ressortira ragaillardi et imprégné d'un altruisme enthousiaste ...

Je pense qu'aujourd'hui j'ai choisi de m'acculer à une voie sans retour pour obéir à cette conscience qui ne me laisse d'autre choix que d'assumer le rôle que je me suis conçu de toutes pièces un jour où j'ai remarqué que je ne parvenais pas à me définir une véritable identité qui me serait propre. La question que je me pose aujourd'hui, c'est de savoir dans quelle mesure je suis capable de tenir mon rôle et dans quelle mesure il m'amènera à être solitaire et à devoir préserver cette solitude de peur de m'abîmer dans une de ces fosses du mépris de soi de celui qui n'a pas su assumer sa vie parce qu'il n'a pas eu le courage de couper des ponts qui retenaient son embarcation à une terre trop ferme.

J'essaie de me faire confiance et de penser nécessité plutôt que confort, c'est un travail patient de désapprentissage d'années de confort, de fainéantise et de nihilisme ... parvenir à l'idée que mon seul bien qui importe est ma pensée, que ma seule alternative honorable est le courage et que la seule finalité viable de ma vie est de lui fabriquer un sens ...

Maintenant, reste à voir quelle dose de courage je suis prêt à puiser en moi pour assumer la vie que je me suis choisi ...

"Alea Jacta Est"

Prose de Songe, le Vendredi 30 Avril 2004, 17:00 dans la rubrique "Journal Fragmentaire ...".
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Commentaires :

Destinee
03-05-04 à 11:31

Quand je vois ça ...

Par ailleurs on habitue l'enfant et le jeune à un temps de loisir qui lui serait dû avec des activités gracieusement proposées par le cadre scolaire, mais comment ne pas imaginer que la plupart n'arrivent pas à se faire à l'idée qu'en rentrant dans le monde du travail il ne reste plus que 5 semaines de congés, que les semaines font parfois 40 à 45 heures qui laissent trop peu d'énergie pour jouir des loisirs qui sont devenus un luxe pour ceux qui voudront bien les payer ? Et comment ne pas s'offusquer du refrain qui continue à être récité par les pédagogues humanistes qui donnent chacun égal face à l'éducation alors que d'aucuns décrocheront les meilleures notes avec le moindre effort là où d'autres s'efforceront jours et nuits pour appartenir à cette moyenne qui sera reconnue comme apte à accéder au niveau de vie supérieur ? On ne compte pas ces enseignants qui encouragent la compétition et méprisent le manque de performances. On finit par fabriquer non pas des individus instruits et compétents mais des envieux complexés et frustrés. Et à côté de ça il y a tous ceux dont les parents ont le piston dans la poche et prêt à l'emploi et qui assurent leurs enfants que même sans résultats ils auront leur place confortable à l'abri du besoin. --> Lorsque je vois ça, ça me sidère ! Savoir qu'on passe les 3/4 de sa vie à travailler...tu rentres chez toi, tu dois t'occuper de ta maison, de ta famille (si tu es en couple), après t'es fatigué, t'as plus trop le temps de faire grand chose... Même plus le temps de s'offrir du bon temps. À quoi ça sert de gagner pleins d'argent si après on ne peux même pas en profiter... à la retraite on ne peux plus faire tout ce qu'on a envie de faire quand on est jeune... Alors pourquoi pas faire en sorte pour qu'on est une égalité dans le boulot comme dans les loisirs !?!
50/50... En plus encore faut-il gagner pleins d'argent parce que la vie coûte chère ! Avec le SMIC tu peux vivre, mais est ce que tu peux te faire plaisir en t'offrant du bon temps, ou en mettant en oeuvre un loisir que tu rêves de faire depuis que tu es enfants !?! Et ben pas tout le temps !
Moi pour le moment je suis à la recherche d'un emploi, j'ai fais une demande d'agrément pour garder des enfants (ma mère l'est aussi et j'ai grandit avec pleins d'enfants autour de moi et ça m'a donné envie d'en garder à mon tour), et puis comme ça lorsque j'aurai mes propre enfants je pourrais les garder moi-même, je n'ai pas envie de passer ma vie à côté d'eux, moi je veux leurs apprendre pleins de choses, leur faire découvrir pleins de choses...et en même temps j'ai envie de me remettre à mes études, pour moi-même, pour mon plaisir. 
Lorsque j'écris tout ça, se n'est pas que pour moi, j'entends beaucoup de personne se plaindre que la vie est mal faites, trop de travaille, pas assez de temps pour se faire plaisir !!! Et bien oui, mais que faire pour que ça change ??


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Songe
07-05-04 à 13:17

Re: Quand je vois ça ...

Que faire pour que ça change ?

A force de tourner et retourner la question dans ma tête je ne suis parvenu qu'à une conclusion : il faut au maximum tenter de vivre mieux et autrement pour sa part et permettre aux autres de s'en inspirer ou de partager cette expérience.

Aujourd'hui je place une grande espérance dans le pouvoir séducteur et pédagogique de l'art parce qu'il me semble que c'est le moyen premier de communication d'une philosophie et d'un art de vivre qui puisse être écouté de chacun ...

C'est toute une dynamique à recréer pour rendre à cette société une identitté culturelle qu'elle a fini par perdre totalement au profit d'une culture par procuration et non plus par création individuelle. C'est une culture passive qui ne demande d'autre implication que la consommation.

J'ai une intuition du problème et de la réponse à celui-i mais je vois aussi l'ampleur de la tâche et de l'investissement ...

Je vais bien voir où j'arrive mais je sais d'ores et déjà que j'ai envie d'y aller parce que je sens la nécessité pressante de le faire ...

 

 


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Destinee
07-05-04 à 19:46

...

Merci pour ces jolis mots... Moi je n'ai pas encore trouvé de réponse à cette question !
Je pense que l'art est une très jolie mode d'expression.

Passe un bon week end.

Bisous

 


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