Oui, vous avez bien lu le titre ... en cette journée en apparence banale, j'ai été soumis à plusieurs de ces choix insurmontables qui demandent un trésor de réflexion et de discernement ...
Mais commençons par le commencement ... imaginez un Songe égaré dans ses rêveries nocturnes, la bave au coin des lèvres, la petite bouille frippée sur l'oreiller et les amygdales occupées à un concerto pour contrebasses ... et là, soudain, brisant le cadre idyllique de ce tableau attendrissant, voilà qu'un insoutenable spasme de douleur étire les étendues musculaires du tibia, m'arrache à ma torpeur, vrillant mes yeux révulsés vers mon réveil matin ... je crois qu'à la vue des chiffres qui sétalaient éffrontément devant mon regard paniqué, le spartiate le plus averti n'eut pas tenu une seconde plus ! comment imaginer qu'à une heure où même un coq français n'oserait se livrer à son karaoké matinal, je me me retrouvais moi à devoir envisager que le crêneau des 11h à + l'infini venait d'être transgressé de la plus humiliante manière !
Voilà donc le premier de ces dilemnes auxquels j'ai été soumis: choisir entre me reconsacrer à d'âpres négociations avec le marchand de sable et cela avec la conscience que la légère entrouverture des fenêtres allait sans un doute achever le dépouillement de mon ficus déshydraté et amener mon dixième pyjama de la semaine à faire office d'écluse pour mes dépenses calorifiques de survie en climat tropical et, par ailleurs, soumettre mes jambes à la loi d'attraction qui veut que ma douleur tibienne soit proportionnelle au carré du poids réuni au-dessus de la ceinture ... figurez-vous qu'empli de charité pour mon ficus et de pitié pour mon frigidaire cruellement dégarni, je me suis astreint à une discipline draconienne pour enfin parcourir 6 bornes à vélocipède dans le micro-ondes des puissances célestes !
J'en arrive au second dilemne, celui auquel est soumis l'usager de ces grands espaces commerciaux qui rameutent à cette heure la faune crédule de tous ceux qui pensent qu'en venant 1 mn avant le zénith, ils profiteront encore de la fraîcheur matinale ! Me voilà noyé dans un environnement hostile qui considère que l'insulte est le moyen premier offert à l'homme pour une communication dans les meilleurs termes dans le cas où leur charriot n'obtientrait pas une priorité systématique sur tout obstacle ambulant ou déambulant ... après un long processus d'abstraction subtil de l'instinct de prédation environnant je parviens enfin à ces files interminables qui se pressent vers ces endroits où de jeunes filles se chargeront de satisfaire notre pouvoir d'achat ... me voici donc confronté à un second dilemne tout aussi cornélien que le premier: laisser choir sur place mon butin et m'en retourner dans mes steppes arides pour y survivre d'air pur et d'eau fraîche en toute sérénité ou sacrifier de précieuses éternités entre une mamie misanthrope qui a depuis longtemps réservé ses grandes conceptions pour félix et félix2 ses félins siamois et un cadre dynamique sollicité par hong-kong, buenos aires et honolulu et qui prendra peut-être sa femme en double appel quand il aura chargé le Château Cestcherdoncbon sur le tapis de la roturière ... en bref, choisir entre les jours de disette en toute sérénité ou le traumatisme persistant d'une concession faite aux revendications salariales de mon estomac révolté ...
Mon dernier dilemne surviendra plus tard, lorsque jambe atrophiée, estomac soulagé et frigidaire rassasié je presse d'une humeur guillerette le bouton de démarage de mon personnal computer avant de constater d'une part l'agonie de la batterie de mon portable, seul moyen subsistant de communication pour me joindre lors de mes errances webiennes et d'autre part l'amoncellement végétal et insectoïdes échoué sur ma moquette après une âpre lutte contre l'ascenssion fulgurante du mercure dans mon espace vital ... que faire ? Une seule prise, un portable suppliant, un ventilo figé dans une inconcevable inertie alors que de lui dépend tout un écosystème, des arachnoïdes réfugiées dans l'ombre de mes armoires aux éphémères occupés à réviser à la baisse les estimations de leur espérance de vie moyenne ... ma bonté a tranché, j'ai fait dans animalitaire tandis qu'un "bip !" insolent me faisait comprendre ce que serait cette longue journée de réclusion sans texto ni appel ... (enfin 0 - 1 ne fait jamais qu'une personne potentielle de demain qui aura renoncé à appeler après s'être trouvée confronté à un intolérable silence de ma part tout au long de cette journée).
Voilà les grandes épreuves du ptit père Songe !!! Edifiant non ?
Commentaires :
Re:
Tu crois qu'après le ptit Robert, on va sortir le Ptit Songe ?
Hum ... dans ce cas je réserve à tous mes voisins de blog une part substantielle de 0,001 % d'actions dans cette entreprise dictionnariale qui n'a aucune chance d'aboutir avant mes 99 ans si on considère que ma fénéantise a atteint des sommets à faire rougir le Mont Fujimori (hum ... j'espère pas sinon je pourrais renoncer à la lecture des mangas sur décision japonaise ...).
Et moi j'apprécie qu'on apprécie, c'est tojours appréciable d'avoir des appréciations ;)
Édifiant !! Tout comme ta capacité à décrire tout ça avec des mots que d'habitude je n'utiliserais même pas.... Je suis presque certain qu'on doit t'appeler parfois le dictionnaire ambulant, non ?? ;-)
En tout cas, j'ai apprécié ton récit qui m'a fait sourire plus d'une fois...