Les sentiments sont contraires et les pensées nombreuses ce matin ...
Je ne sais si tu viendras ce matin à l'orée du bois Barjac et je ne sais si tu retrouveras un léger sourire ce matin Laetitia mais je suis certain d'une chose ...
Ce matin je me suis levé à l'aube comme chaque matin, ai enfourché mon vieux destrier à deux roue puis, chevauchant la plaine de macadam endormie j'ai pris le chemin du front, là où tonnent les bombardes, où un pas est un pas qui coûte mais aussi ce pas qui déterminera plus sûrement la paix du lendemain.
Entre nuit et jour, j'ai porté loin le regard vers l'horizon de mes jours et j'ai trouvé là une détermination que j'espère ne plus jamais relâcher, celle de toujours mettre toute ma vie dans mes actes, que je me méprenne ou que je le fasse à raison ...
J'ai à l'esprit ces hommes rudes et fiers dont les terres étaient herbeuses, dont le domaine embrassait un paysage vierge, ces hommes qui portaient claymore au côté et ont longtemps eu des devises d'honneur gravées en leurs coeurs et sur le devers de leurs blasons ...
Vous savez, ces matins de brume humide et froide où résonnaient les trompes sur les highlands et qu'une poignée d'hommes se rassemblait pour l'honneur d'un nom, l'honneur d'une contrée, l'honneur d'un pays, l'honneur d'un savoir faire et savoir vivre acquis avec les siècles et opposé à la royauté saxone durant quelques décennies ...
Que la réalité soit moins belle que cela, qu'il y ait eu autant d' "hommes de peu" chez eux que parmi leurs opposants, a bien peu d'importance au regard de ce qui habitait ces quelques coeurs-là, ceux qui consruisent un monde, une société, une communion, une force de cohésion ...
Je suis et ai toujours été un solitaire mais je me sens partie prenante de ce monde que je ressens émotionnellement en chaque jour de ma vie; je ne tairais jamais ma sensibilité qui me fait trembler, monter les larmes parfois, rugir, m'attrister ...
Je préfère porter un peu du monde sur mes épaules et les sentir parfois courbaturées que de refuser de voir que je le tire comme un fardeau à bout de bras ...
Je sais chaque jour davantage où je vais et pour ça j'éprouverais mes limites, en vertu de ce que j'aime et tiens à préserver par dessus tout ...
Peu m'importe d'êre crédible ou non, cru ou non, ridicule ou non au regard de ceux qui me voient me démener, je n'ai de comptes à rendre qu'à moi-même ...
Tout ça n'est pas un jeu, n'est pas une comédie, c'est la vie, celle qui est rude souvent, celle pour laquelle des générations d'hommes s'opposent à la nature et leur propre nature pour faire évoluer leurs sociétés dans les cris, les larmes et le sang. Nulle part il est dit que c'est facile, que la souffrance nous serait épargnée, nulle part il n'est dit que chaque jour devrait voir uautre chose qu'une lutte éternelle pour des moments de repos et de bonheur dûment gagnés. C'est le combat que mènent les pères qui offre le répit aux fils, c'est l'amour que sèment les pères et mères qui fleurira sur les terres des fils et filles; il ne s'agit pas de sacrifier ou évider sa vie pour emplir celle de ceuxqui nous entourent et nous suivent mais simplement éclairer un chemin sombre avec une flamme que nous aurons veillé et entretennue précieusement, mettre du baume sur nos blessures pour montrer qu'en la vie il existe aussi des issues ...
Voilà, peut-être ces mots-ci ont-ils trop d'emphase encore par rapport au simple mot que j'avais envie d'exprimer ici mais j'avais besoin de mettre une image sur mes sentiments de ce matin ...