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Débalage du Songe ...

Je ne sais pas si beaucoup auront cette envie de me lire jusqu'au bout mais je sais d'ores et déjà que le post qui va suivre sera un des plus longs que j'aurais écris car j'ai envie après ce que je viens de vivre d'exprimer chaque chose telle que je la ressens, comme j'ai pris un peu trop l'habitude de le revendiquer dernièrement sans pour autant le faire vraiment ...

Voilà, dans mes derniers posts, qui après relecture me semblent assez vides d'enseignement au final par rapport au sens que je retire de l'expérience que j'ai voulu tenter, j'ai exprimé des critiques, des idées sur la société alors qu'au départ c'est un volonté de construire qui m'a amené à prendre mon envol ... mais à cette heure-ci j'ai l'impression d'avoir déconstruit pour un temps ma vie passée pour me construire uniquement une vision crue de la société.

Il me parait presque dérisoire après une nuit passée dans le froid et avec la crainte sourde de l'agression qui ne fait dormir les SDF qu'avec des chiens, un couteau à portée de main et un oeil entrouvert, de décrire ça ici ... je voulais voir et savoir, j'ai vu et j'en sais plus ... j'ai surtout cette envie de décrire le sentiment qui accompagne l'expérience et non d'en donner un détail qui ne saurait jamais évoquer les émotions ressenties.

"Je fais la manche mais je ne suis pas un clochard", cette phrase pleine de dignité prononcée d'ue voix rendue pâteuse par l'alcool indispensable à la résistance au froid et au blues, la mise crasseuse et pestilentielle et le visage écorché et gonflé en plusieurs endroits suffit à faire saisir tout à coup tout le drame d'hommes allongés dans des rues et qui derrière une apparence avilie, usée, gardent cette dignité d'homme blessée à chaque regard détourné ou compatissants qui leur dit "si ! Tu es un clochard !". Après des mots comme ceux-ci je sens qu'il va me falloir reprendre la place que j'ai quitté pour reforger celle-ci et faire ce qui ne sera jamais permis à ces hommes que l'on a acculé à la rue et pour lesquels la réinsertion ne suffira généralement pas à effacer le pavé ...

J'ai quitté ma famille sans préavis, interrompu mes études et laissé chez moi tout ce qui emplissait mon quotidien, la musique, les livres, les images, l'imaginaire pour me placer devant la réalité comme s'il n'y avait pas de retour possible ... il n'y en a pas dans mes pensées je pense, je suis touché, troublé et marqué par mon expérience par ce qu'elle a entraîné chez les uns et les autres. Je comprend ce qui est essentiel quand je vois ces hommes sourire et danser sur une musique en démontrant des mouvements conservés d'une époque où eux aussi évoluaient sur des pistes de discothèques. Et alors je me dis, qu'une des plus belles choses que l'on puisse offrir aux hommes n'est pas la reconnaissance de l'injustice qu'ils subissent qui n'est jamais qu'une soupape temporaire, mais de l'évasion ... je me dis que l'art fait de grandes choses même s'il ne fait généralement que suspendre le cours du temps; je me dis que ce qui finalement rassemble les hommes là où aucune politique n'y est jamais parvenu, c'est parfois un chant ... c'est l'art d'un phrasé, c'est l'art d'une intonation, c'est l'art d'un doigté, c'est l'art découlant d'une sensibilité particulière qui offre aux hommes quelque chose à savoir, à transmettre et à dévoiler aux autres : c'est cela qui offre aux hommes une dignité, de voir reconnaître leur art autant que de savoir tirer la sagesse de celui des autres. On dit souvent qu'on va réinsérer des SDF grâce au savoir-faire qu'on leur enseigne mais si ce savoir-faire n'est pas reconnu et apprécié à la juste valeur de l'individu, c'est un effort vain et maladroit je crois.

En partant je ne souhaitais pas une rupture aussi radicale et soudaine mais je crois que c'est la seule qui nous dévoile les gens lorsque quelque chose les oblige à se positionner ... j'ai vu et je sais où et qui sont ceux qui seront dans ma vie plus tard pour me soutenir lorsque je perdrais mes forces.

A ceux qui me liront j'ai envie de dire une chose qui me tient à coeur : souvent j'écris trop, je veux trouver trop de réponses aux maux des autres, je suis souvent envahissant, j'utilise des tournures de phrases ampoulées et envolées mais je demande à chacun de me laisser cette chance de m'expliquer, de m'offrir leur compéhension pour des maladresses qui font dire aux mots trop de choses par rapport à ce qu'on en attendait ... à trop affirmer les amitiés et les valeurs on e leur laisse plus la place de s'exprimer par elles-même et je crois que c'est ce que j'étais à nouveau en train de faire ... je vais retourer à mes métaphores qui offret pls de liberté d'interprétation à chacun t ont toujours été mon mode favori d'expression.

Je crois que je vais reprendre ma place auprès des autres plutôt qu'auprès de moi, là où au travers des autres j'offre autant au monde que si j'avais, du fond de ma maladresse, la prétention de l'exprimer moins bien par moi-même. L'enfer ce sont les autres selon certain mais que serait notre vision du paradis sans eux ? La mienne serait tel un arbre sans racines ...

Je sens mes yeux qui doucement se ferment comme pour me rappeler la nuit passée et exiger que je rende à la nature ce qui lui appartient. Je reviendrais peut-être ce soir avec des idées plus claires prolonger ce mail ...

 

Prose de Songe, le Vendredi 19 Septembre 2003, 15:17 dans la rubrique "Journal Fragmentaire ...".
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