Songe s'asseoit au bord de son âme et en contemple les eaux ...
Narcisse est mort de s'être contemplé dans le miroir des eaux, d'avoir adulé son portrait ... le Songe adore-t-il des reflets, ne fait-il que dessiner ses amours sur le contour de son image ?
Tout est éphémère ? Non, c'est mon masque qui ne tient jamais longtemps, c'est le rimel qui fond au contact d'autrui ... mais ce n'est pas celui que vous croyez, ce n'est pas celui qui me sert à m'esquiver, à me donner une apparence qui n'est pas la mienne ...
J'ai souvent fait dans l'auto-mutilation sentimentale, saccagé ce que je ressentais quand je sentais que ça ne me mènerais qu'à détruire toutes ces énergies que j'avais reconstitué doucement, patiemment dans mon for intérieur ... mais je ne l'ai pas fait cette fois-ci, j'ai laissé mon coeur s'emplir de ces doutes qui le font chavirer, de ces larmes qui craignent tellement que les mots de l'autre ne soient que des leurres ... j'ai eu envie de ressentir à nouveau ce sentiment doux, délicat qui se dépose entre deux êtres ...
Je ne fuirais pas la souffrance, je ne fuirais pas la douleur, je n'esquiverais pas mes sentiments, je ne me laisserais pas faiblir si c'est pour partager, si c'est pour ce "toi" que j'aimerais ... en revanche je ne supporterais pas une seconde fois ce spectre laid, mesquin, indifférent, inattentif, possessif et exclusif qui m'a mis une fois à la torture, qui a, en toute conscience, meurtri mon âme au plus profond ...
J'ai souvent dit qu'un Songe se dissipe, qu'un Songe se volatilise mais il y a une chose que je n'ai jamais dite, c'est que si c'est un Songe d'amour et qu'il est partagé, il puisera sa force en lui-même en chaque jour ...
Je me retourne, je regarde autour de moi et je vois mes voisins qui partent, qui retournent à l'éphémère que leurs croyances n'ont jamais quitté mais dont leurs rêves se sont un instant évadés ... les doigts trouvent la voie du clavier pour y saigner ou y déposer la marque de leurs sourires.
Vous abandonnez vos mots, vous délaissez ces lignes qui s'écoulent comme le sang de votre coeur, qui sont vos trippes, vos émotions, vos vies, vos pensées ... mais où allez-vous ?
"Où cours-tu ? Ne vois-tu pas que le ciel est en toi" a dit Christianne Singer ... mais où courrez-vous ? Ne voyez-vous pas que nuages comme astres sont dans le ciel de votre âme, que ce ciel est ici comme un petit carré qui s'offre à la vision de tous ? On va, on vient, on écrit, on décrit, on s'écrie, les vies et les avis s'en trouvent changés quelque peu mais la vie elle se résigne souvent à ces touches de clavier qui drainent notre être dans une expression inachevée. Pourquoi inachevée ? Parce qu'au fond ici il manque ce quelque chose pour "être pleinement", cette troisième dimension qui fonde chacunes des lignes de nos blogs.
Mais j'avais envie de dire un petit mot à une Ephémère en particulier, à celle qui souhaite s'envoler, après avoir vu l'ombre que projette ma lumière : il y a eu ces instants de douceur, ceux où tu étais dans tes vibrations, tes émotions, ton coeur où j'ai senti cette pleinitude ... moi aussi j'ai senti ce vent froid qui a meurtri la flore entre nous, j'ai senti ces mots si moches que nous avons trouvé comme médiateurs, j'ai senti cette angoisse qui a fini par s'incarner entre nous comme une barrière ... un sentiment fragile qui n'a pas été laissé à lui-même et en quelques mots s'est trouvé agressé, malmené. Mais dis-moi ma douce Ephémère, penses-tu que nous ne sommes que ces mots, penses-tu que nous n'avons pas ce pouvoir de dépasser cela ? Penses-tu, toi à qui je n'ai pas assez dit en essayant de tout dire, que ces mots suffisent à faire mourir une des choses les plus précieuses qu'offre la vie ? A faire mourir nos nuits après avoir vidé beaucoup nos jours, faire mourir nos rêves après avoir perdu beaucoup de nos illusions ?
Ma chère Ephémère, si mon coeur est ouvert à tous ceux qui souhaitent s'y reposer, il y a des choses qu'il souhaite partager qui sont plus précieuses que d'autres et qui n'appartiennent qu'à une seule et unique personne ...
Ma main reste là, elle ne souffrira pas si tu ne t'y reposes pas, elle ne pleurera pas ton souvenir, elle n'essaiera pas de justifier ce qui ne connaît pas de justification, elle ne se refermera pas sur elle-même parce que tu lui as fait comprendre qu'à trop serrer le poing sur la perle, on la cache au regard de l'autre et on brandit une prudence pleine d'obscurantisme ...
Je reste là, je ne partirais pas à mon tour parce qu'une part de moi est ici auprès de la part de vous qui y demeure ... c'est sur cette volonté que je suis arrivé, c'est aussi celle-là qui me fait rester ...
Songe
Commentaires :
Re:
J'avais compris Sarah, je tiens à toi et je ne m'arrête pas à quelques mots qui ne sont qu'un reflet lointain de l'intégralité de ta personne ...
Tu n'as pas à t'excuser de ces moments de doutes et de faiblesses qui appartiennent à chacun et témoignent de la vie qui nous habite ...
Re: coucou
Merci à toi Homme de l'ombre,
Les quelques mots que j'ai lu de toi me donnent envie de prendre tout mon temps pour lire tous ceux qui les ont précédé, dès que je trouverais un moment serein pour le faire, je me plongerais dans la lecture de ton blog ...
Tu n'as rien à ajouter, ces quelques mots suffisent à me faire plaisir ;)
A bientôt :o) !