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Indépendantia ...

 L'indépendance est une plante fragile qui demande un terreau délicat pour plonger ses racines ... or je constate comme trop souvent elle se retrouve piétinée inconséquement et nourrie, soignée avec mépris ou indifférence.

Jour après jour on s'habitue à la négliger un peu plus, à la repousser davantage vers l'ombre, à l'abreuver moins et elle dépérit à l'ombre de notre conscience, l'aridité de nos attentions ... et c'est comme ça que l'on se retrouve à contempler un beau jour son balcon bétoné que ne vient plus embellir, oxygéner la moindre verdure. Et il ne nous reste plus aucun pas pour aller à la nature, à notre nature pour y puiser l'air frais qui caresse la flore. Prisonniers de notre univers d'objets inorganiques, d'un confort de matériaux au mieux assouplis ... c'est comme ça que l'on se retrouve à rêver de ciel les yeux rivés au plafond, à rêver de vent dans notre univers climatisé, à rêver d'étoiles dans notre horizon de néons. Prendre conscience que parfois perdre une petite plante jour après jour nous laisse plus sûrement entravés que ne le feraient de lourdes chaînes d'acier rattachées aux murs de nos existences. C'est comme ça que l'on oublie que nos valeurs ne sont pas seulement un riche vocabulaire de botanique mais des petits gestes comme changer un terreau épuisé, verser quelques gouttes aux racines de notre liberté et essuyer la poussière du quotidien qui recouvre et voile la fraîcheur des feuilles ...

C'est aussi comme ça qu'on se retrouve esclave de ses concessions journalières, déchu de notre fierté par les plattes-bandes étrangères qui déracinent nos belles plantes sauvages et figent les floraisons dans des dessins définis, soumettent les jeune pousses à la loi de la taille, du sécateur ... on se laisse aveugler par l'artifice fastueux d'une rose sous bocal et on se fait mettre sous verre avec elle plutôt que de goûter la simplicité, la beauté modeste d'un rosier sauvage. Mais le jour où fâne la rose ne reste-t-il pas plus qu'une prison de verre emplie d'un parfum de souvenir fâné ? Faut-il que le jardinier abatte le chêne millénaire pour chauffer son foyer, faut-il que pour construire l'édifice de notre vie nous déracinions nos poumons, que nous nous nous dérobions jour après jour un peu de notre souffle ? L'amazonie doit-elle vivre une longue agonie pour que ses bourreaux en connaissent une courte ?

Il y a ces jours où il faut reprendre le sentier de la forêt, serait-ce avec la crainte de s'y perdre; car à s'en tenir éloigné on dépérit plus sûrement qu'à en braver les frondaisons obscures : les fruits n'ont plus a saveur qu'ils prennent sur la branche, les fleurs n'ont plus cette magie qu'elles distillent disposées en bouquets jusqu'à l'horizon, les bois n'ont plus cette senteur qu'ils offrent à la rosée du matin ...

Aujourd'hui je me suis souvenu d'un Songe qui courrait la forêt sur son destrier à deux roues et y trouvait une intensité sans pareille, s'y sentait plein et exalté ... je me suis souvenu que lorsque les échardes de béton me blessaient le corps et y répandaient le poison de la solitude ce sont les échardes du bois qui ont bercé mes mains dans l'ouvrage. Je me suis souvenu qu'un jour, à dessiner des mondes fleuris sur les cahiers des bancs d'école, j'y avais trouvé refuge dans les heures ingrates de lapidation et humiliation de cours d'école.

Et ce matin je me suis rendu compte que ma petite plante avait les feuilles givrées, la sève affamée et les feuilles épuisées et j'ai donc retrouvé le chemin de la forêt pour y chercher du terreau, celui de la rivière pour y puiser de l'eau, celui de mon refuge pour l'y déposer à la chaleur de mon intérieur.

Je me suis dit que des hommes n'avaient pas aboli l'esclavage pour qu'on le mette en oeuvre dans tant de lieux de travail, je me suis dit que des hommes n'avaient pas revendiqué un cri qui m'a toujours fait vibrer l'âme pour que je me fasse le servant de l'omerta pour une berceuse agréable. Ce matin j'ai donc trouvé ces quelques mots pour soigner ma petite plante : "Je démissionne, l'esprit et les conditions de travail de votre entreprise ne me conviennent pas"; on dit que les plantes croissent plus vite avec les harmonies classiques ... au son des violons d'automne, j'ai soigné les blessures d'une langueur monotone et pris la décision de faire justice au nom des valeurs qui sont miennes, pour offrir le terreau qui convient à l'indépendance : "inspection du travail" et "services d'hygiène" pour rappeler à certains que le respect du personnel et de la clientèle sont élémentaires ...

Ma petite plante à encore de nombreuses feuilles dont j'aimerais prendre soin, dont j'aimerais que d'autres prennent soin aussi avant que l'hiver ne les trouve trop affaiblies et ne givre certaines d'entre elle à tout jamais ...

 

Prose de Songe, le Mardi 2 Décembre 2003, 11:44 dans la rubrique "Journal Fragmentaire ...".
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Commentaires :

cc-la-vraie
02-12-03 à 12:07

Oh Oh !

Songe prend sa vie en main, concrètement ! C'est impressionant ! :)

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Songe
03-12-03 à 10:25

Re: Oh Oh !

La vie est bien vaste pour tenir dans mes petites mains mais comme l'eau, peut-être puis-jeen puiser suffisament dans leur creux pour en alimenter le récipient du lendemain.


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pherine1
02-12-03 à 12:39

effectivement... que nous suivions ce chemin!

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Songe
03-12-03 à 10:23

Re:

Tous les chemins droits mènent à l'objectif, ceux qui font des virages nous amènent plus souvent dans le décors, les quatre roues à l'air et une belle note d'hospitalisation à la clé ...

 


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Shadedly
02-12-03 à 13:22

L'Ephémère est fière du Songe et cultive son jardin...

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Songe
03-12-03 à 10:21

Re:

Le songe n'est pas fier de lui parce qu'il a un peu trop longtemps négligé le jardinage ...

Mais maintenant qu'il a commencé à sortir l'outillage, il va penser à désherber toutes les parcelles étouffées par la mauvaise herbe avant que la mauvaise graine n'y prenne trop racine.

Son jardin n'est jamais que le prolongement de celui des autres : négliger le sien c'est envahir celui des autres, négliger celui des autres c'est se laisser envahir soi; cultiver son jardin passe aussi par cultiver celui des autres ...

 


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olduval
02-12-03 à 13:52

independancia

La liberté n'est pas un mot, ni un concept encore moins une chanson à succés.
La liberté est une fleur qui se cultive au fond de nos âmes .
Quand l'homme ne cultive plus qu'en détruisant,
Nous prendrons les chemins de traverse
Semant au long de notre route
Nos graines de liberté, Une rose sauvage à la main,

Nous construirons  DEMAIN


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Songe
03-12-03 à 10:28

Re: independancia

Oui, là où l'homme pratique la terre brûlée, il ne faut reprendre le flambeau et porter la flamme en terre étrangère mais faire des cendres l'engrais qui nourrira les graines de liberté que nos mains sèmeront ...

C'est ainsi que se récoltent les valeurs de nos vies

Construisons demain oui :o) !


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Vendredi
02-12-03 à 17:01

Sage décision...

... que vas-tu entreprendre, à présent ?
En tout cas, je te souhaite de réaliser ce qui te tient et te tiendra à coeur !
On n'est pas venu sur terre pour se faire ch..., tout de même !

Grosses bises !
***
Vendredi

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Songe
03-12-03 à 10:17

Re: Sage décision...

Ce que je vais entreprendre est déjà entrepris :o)

J'ai signé un autre contrat dans un supermarché qui respecte les individus (dixit les employés)hier après-midi.

On travaille pour vivre, on ne vit pas pour travailler ;o)

Bisous Vendredi !


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NikkO
03-12-03 à 11:38

Re: Re: Sage décision...

Mon admiration pour le Songe grandit de jour en jour. Je me réjouis de cette reconstruction progressive et te dis à ce soir...

Bien à toi. 


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