Comme au premier jour, comme aux premiers mots de ce blog je retrouve Enya et je repense aux derniers mots, aux dernières sensations, bercé par la douceur d’une harmonie …
Aujourd’hui j’ai reçu un mail d’un ami, des mots emplis de sagesse, d’amitié, d’attention, de vérité … il me demande si Songe n’a pas éclipsé Joël, si aujourd’hui il y a encore beaucoup de gens qui pensent « Joël » en s’adressant à moi où si ce n’est pas Songe qui a pris les rênes de ma vie, de mon quotidien.
Ce blog c’est l’histoire de Joël qui après de longues années de solitude complète, d’errance et de détresse affective est enfin parvenu à consolider son cœur afin qu’il ne s’effeuille pas avec le premier souffle, afin qu’il ne s’évide pas de son sang dans le premier affluent affectif. L’histoire de Joël qui a senti refluer en lui les énergies, a senti la force des mots qui se bousculaient en lui et s’est senti emporté, soulevé par cette formidable volonté vers l’avant. L’histoire de Joël qui n’a jamais su trouver le chemin vers autrui dans le monde des apparences et a créé Songe pour devenir son ambassadeur dans le monde des mots, des touches, des réseaux et des écrans … doucement, jour après jour, laisser des mots, des sourires, des désirs, des joies, des lueurs illuminer les rubriques de ce blog et construire le monde de Songe : d’autres mots, d’autres pensées pour dire le monde … Et puis jour après jour sentir ses mots lui échapper pour devenir la propriété de Songe, ce fantoche rêveur et ténébreux ; jour après jour sentir Songe éclipser Joël, perdre de sa vitalité pour en nourrir des passions en demi-teinte ; jour après jour voir Joël perdre de son autorité devant l’avidité de Songe à offrir ses mots, à donner son attention ; puis soir après soir, voir les mots s’attacher, s’impliquer, perdre leur indépendance pour répondre à des attentes ; enfin, nuit après nuit, enterrer la légèreté pour ressusciter la gravité, perdre de vue la lumière pour entretenir des lueurs derrière le voile de l’obscurité. Se compromettre pour avoir le droit de promettre … mais promettre quoi à qui ? Promettre une demi présence pour demain ? Promettre que ma silhouette sera toujours sur vos murs comme une ombre bienveillante mais impuissante ?
Aujourd’hui les voix se multiplient et s’additionnent pour appeler Joël, pour lui dire de se dévêtir de Songe, reconquérir son indépendance une bonne fois pour toute. Je me souviens d’un Joël qui voulait quitter la société des apparences, la société des individualités, des solitudes additionnées et des aveuglements volontaires pour panser les plaies d’un ailleurs qui saigne à chacune de nos baskets achetées, qui pleure à chacun de nos missiles lancés. Je me souviens d’un Joël qui a s’est retrouvé le feu à l’âme, la revendication comme bannière à battre le pavé devant un mur de CRS … je me souviens d’un Joël qui clamait son utopie plus haut que les cieux et apposait sous celle-ci les mots les plus virulents … je me souviens d’un Joël qui à chaque chant voyait des foules reconquérir leur liberté, les larmes et les cris comme armes face à un monde vorace … je me souviens d’un Joël qui avait appris à taire ses plaintes pour faire du sourire une pancarte à brandir à la face des tristes mines … je me souviens d’un Joël qui faisait naître de son imagination des mondes pour une après-midi entre amis sur les sentiers de l’aventure … je me souviens d’un Joël qui avait réussi a se reconsidérer, à se défaire des liens du matériel et des prétentions de l’intellectuel …
Je vois aujourd’hui un Songe qui menaçait Joël d’une dépendance matérielle, affective et intellectuelle …
Pour un peu Joël aurait eu envie il y a quelques jours de fermer cette page, de quitter une fois de plus sa demeure, son environnement pour reconstruire à nouveau son indépendance en d’autres horizons mais il y a un jour où il faut apprendre à savoir utiliser les matériaux actuels pour restaurer notre demeure présente : ailleurs ne possède pas toujours la clé de nos aspirations, ni les gens pour les soutenir.
Joël est chez lui et c’est Songe qui va déguerpir vite fait bien fait du devant de la scène !!!
Joël va reprendre le style de sa pensée, la vitalité de ses rêves, la force de ses désirs et faire de ses mots les ambassadeurs de ses actes, rejoindre son frère dans l’idéal de société, ses amis dans l’idéal du sentiment, ses proches pour donner une chance à l’idéal du lendemain de se construire. Songe restera là quant à lui, sagement et ne fera plus qu’un seul avec Joël …
Aujourd’hui j’ai reçu la lettre d’un ami et j’aimerais lui dire que je l’aime aussi fort et profondément que l’on peut aimer un ami, j’aimerais lui dire qu’au-delà de ces lignes qu’ont tracé la plume, ce sont les lignes du lendemain qui se sont assemblées pour dessiner une promesse, pour dire que ce blog aura réellement changé ma vie, m’aura réellement amené à trouver ces âmes qui me donnent envie d’assumer, de porter ma vie sur mes épaules …
Ce soir j’ai entendu une voix aimée, une voix douce, une voix que j’aimerais entendre à jamais résonner, aussi cristalline dans les couloirs de mon âme, dans le refuge le plus profond de mon cœur. A elle j’aimerais dire que jamais je n’ai promis d’être là pour toujours sans me le promettre au plus profond de moi-même, à elle j’aimerais dire que si mon cœur l’aime profondément, il voudra la garder, quoi qu’il arrive, toujours auprès de lui …
Ce soir j’ai entendu une voix amie, une voix qui résonne sur un ressenti si proche du mien et à laquelle j’aimerais répondre que nous sommes la seule clé de notre lendemain, même si les amis, les proches, les amours en sont les portes ; j’aimerais lui dire que nos âmes savent trouver l’or le plus pur au fond de la vase et que pour cette richesse qui a été offerte à notre perception nous ne devons laisser l’avidité terrestre nous engloutir.
Hier j’ai entendu une voix incertaine et du monde, et des hommes, et des rêves que certains tentent de faire vivre … aujourd’hui j’aimerais lui dire que j’y crois, que j’y crois si fort que je prendrais en chaque jour de nouvelles blessures plutôt que de renoncer. Aujourd’hui j’aimerais simplement lui dire de continuer à suivre son cœur car c’est sur cette voie que celui-ci trouve le plus sûrement un refuge.
La semaine passée j’ai entendu et lu une étoile qui s’est abîmée dans les flots tumultueux de l’océan à se sentir si perdue dans la toile infinie du ciel et aujourd’hui j’aimerais lui dire que mon regard n’est pas le seul à s’attarder sur les étoiles, j’aimerais lui dire que dans la nuit ses mots ont l’éclat d’une émotion, la beauté des sentiments, que j’aime à y plonger le regard, que d’autres sauront prolonger ce regard par des gestes, par des attentions, par la tendresse de leurs étreintes …
En la fin de cette semaine passée j’ai entendu le doute dans la voix tremblante d’une mère, l’incertitude sur mon lendemain, la crainte d’un égarement. A cette voix je n’ai su répondre ce que je réponds aujourd’hui : maman, tu sais qui je suis, à être la seule à m’avoir autant étreint, tu sais ce que disent mes souffles, ce qu’abritent mes regards, ce que dissimulent mes silences alors dis-moi, crois-tu que je pourrais faire 10 pas sur un chemin qui n’est pas le mien, qui ne me voit pas le prendre sereinement, sans me retrouver blesser plus profondément que si le fer mordait mes chairs ? Crois-tu que mon âme ne se retrouverait pas en sang dans une retraite lointaine, coupée à nouveau de tout, si elle s’aventurait sur un chemin de croix aux allures de tapis rouge ?
Aujourd’hui je vois vos regards posés sur moi et pour certains s’interroger sur la dissociation entre mes mots et mes actes, se demander quel est cet être effacé qui a des mots aussi affirmés et je me dis que le temps est venu de sortir Songe de son antre, de lui faire goûter l’air pur de la vie, de l’énergie déployée dans chaque acte, vécue dans chaque pas fait dans le monde …
Commentaires :
Re:
Mon cher Nikko,
Font partie de cette aventure tous ceux qui sont entré dans ma vie avec les mots de la sincérité, de l'amitié, de l'authenticité, de l'émotion ... ceux qui répondent à Joël en répondant à Songe et qui ont su les amener à se reconcilier dans une vision unique. Ces mots-ci contiennent chacun de ces ingrédients :o)
A bientôt oui ;o) !!!
Re:
Amie Séverine,
Toi qui est phérine et fée-ryne, dont je sais que tu comprends chacun de ces mots ci-dessus pour ce qu'il souhaite exprimer, je prend comme gage les mots qui nous ont amené à nous rencontrer ... pas de mots, de gestes qu'il faille pour dire notre compréhension et notre présence ;o)
Très beau, comme toujours...
J'aime les deux, Joel et Songe, indissociables. Puisque c'est Songe qui m'a amené à Joel, et que celui qui a pris le pas dans ma tête, c'est Joel. Songe n'est qu'un aspect (et non des moindres) de toi, le reste est tout aussi précieux. Pour tout ce que tu donnes, et ce que tu es, je te dis merci. Je t'embrasse...
Re:
Chère Alezia,
Tes mots sont précieux pour moi, ils me disent que Songe et Joël font un car le premier sait s'eclipser devant le second sans que la valeur de l'échange ne s'en aille avec. De même j'apprécie vraiment beaucoup ces mots qui ne me sont pas adressés par la seule Alezia :o), ils disent par eux-même leur valeur : la valeur d'un réel dans lequel le virtuel ne perd pas tous ses moyens et nous confirme que la promesse des mots sait se transporter de l'un dans l'autre, que le virtuel a survécu au réel et s'est marié avec celui-ci dans une relation singulière et nouvelle.
Grosses bises à toi !!!
D'un songe à la lumière
Bonne nuit à toi et fais de beaux "rêves"... la lumière est tout près.
Re: D'un songe à la lumière
C'est dans la forêt obscure qu'on apprend à goûter la lumière des clairières et qu'on apprend à rêver la lisière ... c'est en marchant vers elle en y croyant qu'on a le plus de chance de la trouver comme terme de notre quête. Il n'y a pas de normalité dans l'initiation, je pense qu'il y a juste la réponse adéquate à une individualité :o)
Je m'approche de celle qui me correspond va-t-on dire ;o) !
Merci Vendredi de tes mots touours aussi posés et généreux, ils participent à la lumière, à l'initiation, au chemin de vie :o) !!!
Bonne journée, soirée, nuit à toi Vendredi et merci !!!
Sorberky...zophrénie ?
Je ne sais si je dois me fâcher contre toi ou au contraire te plaindre. Je sens que ton mal est grand, et j’en comprends les causes. Désolidarisation des deux personnalités, celle qui s’exprime librement dans le monde des mots, et s’élève dans l’univers immatériel, et celle qui cherche sa place dans le monde des hommes, et en contrepartie perd encore un peu de terrain. Il est grisant de se laisser aller aux mots, au point qu’on finirait par ne plus être qu’eux, ces mots qui ce soir pour toi se font maux. Il est facile de se laisser porter vers cette gloire que ne peut que déclencher un esprit agile aidé d’un coeur tendre. Monde des mots où les esprits vous admirent, et les coeurs vous écoutent, parce que vous avez le mot juste, mon ami. Vous êtes un saint roi dans ce monde, tout de dévouement et d’attention, maniant les mots comme d’autres rois la lame, mais qu’êtes vous dans l’autre ?
Songe Le Grand avait éclipsé Joël le Faible, et voilà que ce soir Joël le Banni vient reprendre ses droits. Docteur Joël avait créé Mister Songe, et la créature échappa au maître, qui ce soir se veut détruire son oeuvre. Je dis oeuvre, car à mes yeux le Songe était la sublimation de l’individu Joël, chevalier du verbe, fier et valeureux compagnon de déroute. Oui, j’ai parfois envie de te dire que tu fais fausse route, mon ami. Il n’est pas un Joël qui s’oppose à un Songe, car ils ne font qu’un. A quoi joues-tu ? Tu as renié le monde réel en t’engouffrant non corps, mais âme entière, dans celui de la poésie, et tu as réalisé que renier cette partie de toi que tu fuyais parce que faible, parce que solitaire, parce qu’insatisfaite, n’était pas une bonne chose. Alors ce soir, tu fais la même erreur, dans le sens inverse. Tu renies l’irréel au profit du réel, sans réaliser que c’est la même chose. Bientôt, tu reviendras, en disant que tu as eu tort, que tu as trahi ta plume pour reprendre l’épée.
Et bien moi, avec toute le respect que j’ai pour toi, je te dis que tu te trompes. Tu voudrais opposer l’esprit et l’acte, maudissant les élans du premier auxquels le second ne peut s’accorder, mais tu as tort. Il y a des hommes d’action, et il y a des hommes d’esprit. Zola s’est battu par la République, non par la lame, mais par la plume. Zola s’est battu pour le peuple, non en descendant dans la rue, mais en se faisant son avocat, en mettant son esprit au service des faibles. Et quand on a enterré Zola, la foule, le peuple, a crié « Germinal ! », adressant à celui qui par ses mots, par son courage, s’était fait l’apôtre de la démocratie, un adieu plein de respect et, déjà, de mémoire. Ce que Zola fit par les mots, crois-tu qu’il eût pu le faire par le fusil ? Crois-tu seulement qu’il aurait eu raison de préférer le fusil à la plume ? Je crois qu’il aurait bien manqué de raison, de vouloir faire un piètre soldat lui qui avait de quoi devenir l’immense écrivain et défenseur des petits que l’on sait. Et toi, Songe qui manie le mot avec une rare dextérité, toi dont l’esprit est tout d’idéal imprégné, tu voudrais descendre dans la rue et jeter des pavés ? Oui, la fraternité est belle, qui unit les hommes contre un ennemi commun, mais toute foule a besoin de guides, et ce n’est pas par la force des bras que l’on guide un peuple, mais par la force de l’esprit. Les hommes se battent parce que leur esprit rêve d’un monde meilleur, c’est l’esprit qui commande aux bras, et celui qui s’adresse à l’esprit, met le bras de son côté. Tu me fais penser à un poète de génie qui voudrait être soldat pour défendre sa cause. Que vaut-il mieux être : grand poète où piètre soldat. Ce n’est pas de gloire que je te parle, c’est de potentiel. Quand on a la chance d’avoir un esprit comme le tien, on aurait tort d’en faire un ennemi. Il est ton arme la plus puissante, quel que soit la cause que tu épouses.
Moi, il m’importe peu que tu sois Songe ou Joël, les deux ne font qu’un à mes yeux. Car qu’est-ce que Songe, sinon l’esprit de Joël ? Et que serait l’un sans l’autre, l’homme sans l’esprit, l’esprit sans l’homme ? Pourquoi vouloir opposer deux frères ? Joël serait-il jaloux du succès de Songe ? Mais pourquoi ? Et pourquoi ce rejet de l’immatériel, après l’avoir embrassé comme ta patrie ? Tu sembles regretter d’être si grand par le verbe et si petit par l’acte. Et bien je te dis que tu as tort. Tu rêves d’un monde meilleur, et tu ne vois pas que ce monde, tu as commencé à le construire par ton dévouement à l’autre, par le réconfort que tu dispenses à travers tes mots, par ce que tu apportes aux esprits qui en ont besoin. Qui de toi est le plus noble, du saint qui partage son pain avec son prochain et du héros qui mène un peuple à la victoire ? Moi je te dis que le héros se bat pour lui-même, pour ses idéaux personnels, pour sa vision du monde. Le saint, lui, ne vient pas pour prendre, il vient pour donner, il est tourné vers son prochain, et son prochain, à l’inverse d’une belle utopie, n’est pas un rêve, mais un homme. Il y a un combat à mener dans notre société, mais ce n’est pas un combat à mener par l’acte, c’est un combat à mener par les mots. Nous tendons vers l’individualisme, et de plus en plus l’humain moderne éprouve ce manque de liens avec ses semblables. On ne vit plus que pour soi. Mais il en est qui luttent contre ce mal égoïste dont on paiera les frais, il en est qui se tournent vers l’autre et lui tendent la main, et tu en fais partie.
J’ai aimé l’ami au verbe haut et à l’idée belle, j’ai tressailli de joie en lisant ses écrits, où je retrouvais les mêmes sources qu’aux miens, j’ai découvert ce frère et ce soir je me dois de lui rappeler : la fraternité appartient à l’esprit. Le frère est une abstraction, et ce qui me le rend frère, c’est son esprit qui chante les mêmes contrées que celles que j’ai perdues. O Songe, toi qui parmi les rares ressent au fond de toi le souvenir d’un paradis terrestre perdu, et rêve de lendemains meilleurs, toi que tes questions maltraitent, arrête-toi un instant sur le bord du chemin et écoute. Il est un homme qui a bâti sa vie sur les rivages d’un océan qui se nomme le Rêve, et cet homme a grandi, là, bercé par le doux chant des vagues. Un jour, l’enfant devint homme, l’homme à quitté le rivage pour la ville, pour être parmi les siens, et voilà, le soir, penché au balcon d’un appartement parisien, l’homme écoute, et ce ne sont que les vrombissements des voitures, et derrière, l’appel, ce vaste murmure qui couvre les champs, l’appel de l’océan, l’appel du Rêve, et l’homme pleure. Parce que l’océan lui manque. Mais aussi, bien qu’il l’ignore, parce qu’il manque à l’océan.
« On est responsable à jamais de ce que l’on apprivoise », a écrit Saint-Exupéry. Il y a des gens ici auxquels tu as donné ton temps, dans les coeurs desquels tu as été la flamme qui réchauffe, le pain qui rassasie. Mais en donnant, tu as créé une attente, et il en est sûrement qui ne comprendront pas que tu les abandonne. Je ne parle pas directement pour moi. J’ai perdu tant d’amis, le temps et l’espace les déciment bien plus que n’importe quelle guerre. Il y a deux semaines, j’ai reçu d’un ami d’enfance un coup de téléphone. Il y avait plus d’un an qu’on ne s’était parlés. Et cet ami m’a dit : quand reviens-tu au village. Alors j’ai connu la honte, le remords. On est responsable à jamais de ce que l’on apprivoise. Si tu veux vivre libre, alors il te faut vivre seul.
L’intellectuel n’est pas une prétention. On ne réfléchit pas pour se donner des airs, pour se croire quelque chose. On réfléchit parce qu’on n’a pas le choix. Les mondes se dessinent avant tout dans les têtes, et une fois dessinées, ce sont encore les têtes qui mettent les hommes en marche. Tout ce que l’homme a accompli est né d’un rêve. L’homme a posé le pied sur la lune parce que l’homme l’a regardée, vierge blanche au visage rayonnant, suspendue à la voûte par d’invisibles fils, et il l’a entendue, il a entendu l’appel. Ce même appel que celui de l’océan nommé Rêve. L’homme est un être fait d’un corps, d’un esprit, et d’un coeur. Si tu es seulement bon dans un des domaines, ne te plains pas d’être mauvais dans les autres. Exploite ce que tu possèdes, fais ce que tu sais faire, surtout lorsqu’on le fait aussi bien que toi. Ils sont rares, les hommes qui parviennent à quelque chose sur tous les tableaux. Il faut parfois accepter que l’on n’est bon que dans une direction, et alors, celui qui est né avec le pied marin aurait tort de vouloir se faire médecin, quand il ferait un excellent capitaine. Il sauvera en effet plus de vie en tirant son navire hors de la tempête qu’il n’en sauvera jamais en exerçant un art qui lui est étranger, et dans lequel il ne sera que médiocre.
Enfin, va, mène ta route comme tu l’entends, ami. Mais sache que ce n’est parce qu’ici tu es quelqu’un qu’ailleurs tu n’es rien. Les hommes de ce monde sont les mêmes que ceux de l’autre, si ce n’est qu’ils s’y dévoilent plus facilement. Il n’y a pas deux mondes vraiment distinct. Pour moi, le Songe (appelle-le Joël, pour moi ça ne fait aucun différence) est un grand. Pas juste un grand dans ce monde, un grand tout court. Quel que soit le monde où il se trouve.
Bien à toi,
Barjac
Sorberky...Union sacrée
Mon très cher ami Barjac,
Quel plaisir de pouvoir à nouveau connaître un temps qui ne serait pas enfermé dans des limites pour te répondre, quel plaisir de goûter à nouveau le plaisir de partager le pain et le vin sur le bord du sentier, sous les frondaisons qui nous offrent le temps d'un échange un abri pour rippailler de paroles sans craindre la colère des cieux (qui préfèrent l'inconstance à un azur qui serait fixé ad vitam eternam; après tout n'est ce pas la pluie qui abrueve les plantes que le soleil sublime ?).
Comment ne pas s'émouvoir de mots qui se croisent, et se rejoignent finalement hors de toute concertation ? Ne sont-ils pas la preuve qu'un lien indicible et invisible les relie ?
Ne me plains ni ne me gronde mon ami car les mots que tu lis ci-dessus ne disaient que ce que seuls ceux qui habitent mon quotidien pouvaient recevoir pour ce qu'ils exprimaient véritablement sous l'apparence d'une complainte; le mal fut grand comme tu le dis et l'analyse est très juste même si cet article en est la conclusion en vérité et non le constat catastrophé. Songe et Joël s'unissent à nouveau, Songe le jongleurs de mots qui s'est offert le luxe de s'abstraire, reprend place en Joël non plus comme un exutoire pour des sentiments inavoués ou un idéal irréalisé, mais comme le prolongement d'une singularité, comme une modalité de son être qui ne s'offre pas au commun mais se dévoile à ce qui transcende le quotidien. La plume devient acte, l'acte alimente la plume ...
J'ai failli renier le réel en le croyant désenchanteur et décevant par rapport au virtuel mais il n'y a que du réel ou que du virtuel en vérité ... sois mes mots se vident autant que mes actes, soient ils se font actes en se mariant à l'acte. Or mes mots n'ont jamais, au fond, cessé d'être actes, là sur ces blogs où j'ai trouvé l'amitié, là sur ces blogs où j'ai trouvé l'amour ... je n'ai fait que vider les actes de leur sens en les dénigrant de mes mots. Et c'est la prise de conscience récente de cette plume agissante qui m'a amené à comprendre que chacun de mes actes était une ligne de ma main qui se trouvait illustrée, légitimée, posée comme modèle de pratique et non plus comme théorie. J'ai compris qu'un mot qui sourit est un sourire qui apparaît sur les lèvres et s'offre et au corps et à l'esprit de l'autre. Mon cher Barjac, tes mots sont emplis de vérité, de justesse, c'est cette plume qui a reforgé mon quotidien et c'est avec cette plume que chaque jour je conquiert de nouvelles parcelles pour bâtir la demeure de mon existence. Les armées déferlantes de mes phrases se saisissent sans coup férir des terres avoisinantes et y portent ce que mon coeur peinait de voir négligé auparavant ... il est un monde en moi auquel je tiens de donner corps et ma plume cueille les mots au plus profond de mon coeur pour en faire l'offre au clavier; or je vois aujourd'hui comme tous ces mots déposés sur le clavier sont autant d'actes qui ont forgé mon quotidien. Je vois que chaque jour qui m'amène à trouver des mots ici, est un jour qui me trouve construisant le monde auquel j'aspire dans ma réalité quotidienne.
Mon ami, tu penses m'avoir malmené mais sais-tu que tu m'as mis le baume au coeur, le feu à l'âme ? Ce qui timidement se faisait jour à mon esprit lorsque j'ai rédigé ces mots, a jailli au grand jour comme le magma en fusion et s'est emparé de chaque recoin de mon âme, où un doute aurait pu subsister, pour y déposer des certitudes enflammées. Je nous retrouve, et toi et moi réunis sous la bannière d'un idéal qui nous fera toujours trouver des mots qui, tels un vent puissant, sauront le faire flotter haut dans le cieux. Que ce soient les sentiments ou les émotions, mon ami, je crois qu'aucuns d'eux n'a ce droit d'entraver les mots présents, aucune chose ni personne ne devrait avoir assez de pouvoir sur nos vies pour nous faire renier la fraternité qui a uni nos phrases entre elles et à celles des autres. Je me sens prêt à décrocher à nouveau la lame ancestrale du dessus de cheminée, de fourbir armes et armure pour enfourcher le destrier qui mènera mes mots sur la ligne de front, là où ceux qui m'importent gisent parfois sévèrement meurtris. Il y a quelque chose qui dans ce monde nous a toujours fait relever la tête, aller de l'avant là où notre aspirait à se briser sur le premier esquif pour mettre un terme à sa dérive ... ce quelque chose qui a amené nos mots à se reconnaitre, à se tenir côte à côte, sans faute, fidèles les uns aux autres. Ce quelque chose que la résignation a tenté de nous dérober mais qui renaît tel le phénix de ses cendres dans ces mots-ci. Mon idéal est ici comme dans la réalité car ce lieu n'est jamais que la continuité de la réalité comme Songe ne l'est jamais que de Joël et mes mots de mes actes ... je ne peux partir d'ici sans dire que les mots que j'ai inscrit ici n'ont été qu'éphémères, n'ont jamais cru à l'éternel qu'ils louaient par dessu-tout. Je ne peux quitter ce blog sans renier tout ce qu'il a amené à inscrire en lettres d'or dans ma vie.
J'ai encore beaucoup à construire et ici et dans ma vie en général ... et si je suis le seul architecte de ma demeure, vous en êtes tous les artisans et conseiller.
Ne nous apesantissons pas sur un temps perdu, il n'est de temps perdu que là où on néglige l'actuel pour se lamenter sur celui est passé ... il est temps que nous reprenions la route mon ami, que nous ayons le temps d'atteindre le front au levant et mener la bataille jusqu'au couchant.
Mon ami, l'Ordre de Sorberky s'est fait une promesse secrète, je crois qu'il nous revient de l'honorer et de dire que la chevalerie, les vertus et les idéaux d'antan ne sont pas morts avec leur héros, avec leur hérauts :o) !
"Aux Armes, c'est un beau jour pour vivre et faire vivre !"
Lien croisé
Re: Lien croisé
Chère Lisbeï,
J'espère que la pierre de taille qui soutient l'arche du blues' blog soutiendra également celle que j'aimerais la voir soutenir, celle d'une vision plus lumineuse des choses qui serait inscrite comme un monument dans la réalité et le temps :o)
Merci à vous Dame Lisbeï de participer à la sculpture par votre appréciation de celle-ci !
Re:
Merci de tout coeur Titine,
Merci de dire ces mots !
Merci d'essayer de trouver ceux qui tiennent à coeur !
Merci de les glisser avec les émotions entre les lignes !
Merci de participer à la paix qui guide le Songe à Joël et vice-versa !
Ce que tu n'as pas su dire avec tes mots, tu l'as dis avec ton émotion :o) ! L'essentiel n'est que l'autre lise ce que tu ressens mais saches que tu le ressens ...
Grosses bises à toi !!!
Le Songe est à l'éphémère ce que l'air est à la vie...
Je suis profondément touchée de tes mots mais surtout de tes sentiments, des sentiments d'affection
que je reçois avec le sourire ;) et je tiens particulièrement à te faire lire ces quelques mots qui m'avaient
été confiés par un ange en espérant que cela te fasse réfléchir...
"Imaginons un instant que le Songe soit dissocié de Joël, que les maux de l'un ne seraient que les mots
de l'autre ... imaginons que la vie serait cet océan dont les sentiments seraient le courant et les
émotions l'écumes, ces crêtes qui naissent, affleurent et se brisent le temps d'un instant, le
temps d'orienter un courant ... plongeons nous maintenant dans cet océan, abandonnons-y notre
regard, qu'y verrions-nous ? D'où provient cette chape de plomb de certains jours et l'azur d'autres ?
D'où proviennent ces courants qui courent sous l'onde ? Pourquoi en certains jours la marée est-elle
basse et en d'autres lèche-t-elle le sommet des dunes ? Imaginons maintenant que cet océan soit Songe
et que Joël soit la réponse à toutes ces questions ... qui serait-il ? Le regard se porte sur Songe, certains
craignent ses profondeurs, d'autres aiment y naviguer, certains y puisent la force, d'autre l'inspiration,
d'autres s'en détournent, le trouvent trop étendu, distendu, tumultueux, s'ennuient à la contemplation
de ses flots ..."
(...)
"Terre et ciel comme chaque chose en ce monde obéissent à un équilibre et seul ceux qui savent le
trouver, sauront aussi l'inscrire dans leurs vies ..."
Je pense que tu reconnais ces mots, qu'hélas très peu de personnes ont lu...Ces mots, se sont les tiens.
Au moment où tu t'interrogeais déjà sur la dissociation entre Joël et Songe, au moment où tu avais en
fait déjà trouvé réponse à ta question et abouti à une conclusion, je te disais que l'un ne pouvais être
sans l'autre...
J'aime autant le Songe que mon Joël, si Joël ne s'évade plus ce n'est plus mon Songe et si le Songe ne
flâne plus il ne ressemble plus au Joël que j'admire tant.
Mes deux anges sont bien plus présents que n'importe quel être physique autour de moi...
Rappelles-toi que je serais là autant de fois, autant de temps que tu accepteras de refermer ta
main sur l'éphémère assoupie au creux de ta paume, rappelles-toi que où que tu sois mon
affection est telle qu'elle dépasse la plus abrupte des étendues de lépidoptères et qu'après le
goût du songe il me serait inimaginable de vivre sans toi, Joël...
Sarah
Re: Le Songe est à l'éphémère ce que l'air est à la vie...
Ma tendre Sarah,
Tu ne pouvais me toucher davantage qu'en répondant à mes mots avec ceux que je t'avais adressé ...
Parce que j'ai écris ces mots un jour où je doutais, où je leur ai donné l'habit de l'ambiguïté pour te laisser choisir ce que tu y comprendrais ...
Or lire ici ces mots me dit que tu les as reçu pour ce qu'ils souhaitaient exprimer, que dans ceux-ci tu as su trouver ceux qui menaient à mon coeur, comme une voie invisible dissimulée dans mon texte ...
Terre et ciel ne sont rien l'un sans l'autre et là où ma petite Ephémère charme l'horizon de son vol, elle s'abreuve à l'océan, là où elle offre son reflet gracieux à l'onde, elle appuie son vol sur l'air qui lisse l'océan ...
Ma petite Ephémère, je t'ai dit ce soir des mots que je n'osais te dire de peur de ne pas savoir si c'est de Songe ou de Joël qu'ils provenaient ...
Mais à ces mots-ci je sais qu'il n'est nul besoin à Joël de sentir la douceur du corps de sa tendre Ephémère contre le sien pour que Songe puisse l'imaginer, nul besoin à Songe de lire ces mots pour que Joël croie en eux de tout coeur ...
Je t'aime Sarah
Le sillon que mon affection a creusé dans mon coeur a été fertilisé d'un sentiment profond que rien viendra déraciner si ce n'est ma propre volonté ...
Or, Sarah, celle que je lis, celle dont j'entend la voix, celle dont je sens la présence dans ses absences comme une silhouette tracée dans le vide qui t'appelle à reprendre sa place, celle-là je souhaite la voir unie à mes jours comme le sont nos mots entrelacés ...
Je n'ai jamais dit "je t'aime" qu'après des réflexions longues et tourmentées sur la valeur du pour et contre, comme s'il me fallait avoir écroché profondément mon âme avant de lui arracher l'aveu du sentiment ...
Je t'aime
...