(R. Magritte)

Face à toi le mur

Face à toi il y a ce mur ni blanc ni noir, tout en ombres et lumières sur lequel se projettent tes sentiments, tes émotions comme des ombres chinoises qui dessinent ton quotidien dans les contours ...

Face à toi il y a ce mur vers lequel tu marches jour après jour, vers lequel te mènent tes pas incertains et chaque jour l'espace pour étendre les bras se fait plus étroit ...

Face à toi ce mur qui te verra coller ta face contre lui, continuer à marcher jusqu'à épuisement jusqu'à écrasement du visage, rupture des cervicales et chute lente du corps glissant en sang au long d'un crépis aiguisé ...

Face à toi il y a ce mur toujours pareil à lui-même il n'y a que les dessins de tes espoirs projetés de l'avant comme une balle n'y rebondissant que le temps d'un impact, qui y expriment la discontinuité ...

Face à toi il y a ce mur vers lequel tu marches en te disant que tant qu'il reste de la distance  de toi à lui, tu pourras encore faire volte-face; mais au mieux tu ne fais que dévier, allonger un peu la distance avec des rêves éveillés ...

Face à toi il y a ce mur que tes pas somnambules sculptent en paysage, d'ici que le réveil brutal ne revienne lézarder la vision rassurante d'un temps d'évasion ... 

Face à toi il y a ce mur sans vie où dansent les spectres de l'envie, mais ils ne sont jamais que les ombres de ce que tu aimerais imaginer dans ton dos pour le jour où tu te retournerais ...

Face à toi il y a ce mur

...

Derrière toi, il y a moi

Et je regarde avec tristesse un dos qui me cache ton visage

...

Retourne-toi s'il te plaît 

... 

Ne me laisse pas ramasser ton corps éteint au pied du mur, un genoux à terre, une main pour étreindre celle qui ne ressentira plus jamais rien, une larme pour regretter d'avoir perdu tant au pied du mur des lamentations

...

Que risques-tu à te retourner ? De perdre tes rêves ? Mais ne les perds-tu pas en chaque jour où il t'est plus difficile de ne pas voir le mur ?

"Another brik in the wall"

(Pink floyd)