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Bout de jour ...

J'habite un petit bout de jour de ces nouvelles pensées ...

 

L'harmonie douce et plaignante de Radiohead m'accompagne dans mes errances. Je me laisse pénétrer par ce son lent et lancinant qui fouille mes sentiments, les met à plat et les décortique patiemment à l'image du scalpel du chirurgien ...

Une vivisection de mes états d'âme ...

J'aimerais exprimer sans être lu ne serait-ce que par honnêteté générale mais suivant une volonté de discretion singulière. Qu'on puisse me lire mais qu'on ne le fasse pas : c'est en fait davantage la démarche que son aboutissement qui m'importe.

J'éprouve un besoin de survoler le paysage humain sans m'attarder à son détail; non pas que je ne lui trouve de valeur, bien au contraire, mais que pour une fois j'aimerais embrasser l'humanité sans être constament perturbé par ses éléments particuliers, singuliers.

Si je me regarde objectivement (tout du moins autant qu'il m'est permis de l'être), je constate que je passe une partie de mon temps à relativiser ce que ma sensibilité recueille dans les rets abîmés de ses filets aux mailles trop étroite pour laisser filtrer suffisament ... à trop vouloir retenir l'essentiel, on se doit de tout récolter pour ensuite faire le tri ... c'est un comme soulever un banc de corail pour trouver la perle de l'huître qui s'y dissimulait. On s'écorche toujours les doigts à fouiller la masse tranchante jusqu'à parvenir les mains en sang à tenir la petite perle entre les doigts, celle qui permettra enfin de relativiser toutes les précédentes souffrances.

C'est un choix de vie ... l'est-ce vraiment ? Ma nature faisant que je ne saurais vivre autrement sans achever de me dévaloriser et même de me mépriser, je me dois de me forger cet absurde systéme de fonctionnement qui m'astreint à une nécessaire solitude. Un absurde paradoxe : je passe mon temps à construire une solitude qui m'empêche de souffrir de ses propres affres parce que je n'ai d'autre choix au su de ma perception des choses ...

C'est un peu comme être accompagné par quelqu'un qui ne partage pas ma sensibilité dans un film qui me fait vibrer ... la présence de cette sensibilité qui contraint la mienne par sa passivité, qui la viole par son attitude au sortir de la scéance où j'ai besoin de ressentir pleinement l'émotion du spectacle et où je verrais celle-ci agressée par les commentaires ou les sentiments contraires d'autrui ...

Je ne peux tout simplement pas concevoir de déroger à ma solitude sans devoir concéder sur ma sensibilité. Or je tiens à cette drnière qui est mon bien le plus préccieux sinon le seul qui sache sublimer ma vie et m'offrir la perception de son intensité : mes émotions sont ma drogue, sont les sensations fortes qui me font aimer la vie avec passion.

Ce qui me préserve de m'en retrouver torturé, désenchanté trop douloureusement lorsque la réalité me rattrape dans toute son arrogante possessivité, c'est de savoir aussi me détacher comme je m'attache, de savoir relativiser aussi promptement que je me passionne. Je jugule, je surveille et je mets en quarantaine les passions dangereuses pour leur entrouvrir la porte à nouveau lorsque le ciel est dégagé et ensoleillé, propice à l'envol ...

Je ne sais pourquoi j'éprouve le besoin de rationaliser ainsi mon comportement ici ... serait-ce la volonté de le justifier à mon propre regard, en un refrain d'auto-persuasion ? Parce qu'au fond peu m'importe d'être lu ou non dans cet instant où j'écris cela : je suis dans mon monde, je suis à des lieues des regards qui se poseront sur ces mots, je suis dans ma bulle de musique et de pensée, mon univers détâché et clos ...

Je pense que comme beaucoup j'utilise ces mots-ci comme catharsis, pour exorciser mes émotions, les apaiser jusqu'à revenir à un équilibre serein ... je relativise ...

Je me suis toujours demandé à quel point je créais mon personnage lorsque je me vois si différent parfois d'une personne sur l'autre. J'ai tellement appris à créer,à imaginer que j'en viens à me soupçonner de contrefaçon du comportement. Je ne me convainc pas bien souvent ... c'est consternant de se regarder ainsi de l'extérieur et d'en venir à la pensée que le rôle est maladroit et d'être conscient e ses failels sans pourtant parvenir à y répondre; par soucis d'authenticité malgré tout je pense : c'est ma maladresse, mes négligences, mes malaises et indécisions qui reflètent mon honnêteté ... et la passion, ce moment où je m'enfèvre et où tout me semble accessible.

Je pense aussi que c'est cela qui me rend la déception des autres à mon encontre si désagréable voire douloureuse : au-delà d'une évidente fierté, je crois que c'est ce sentiment qu'on s'est arrêté à une de mes apparences sans chercher à s'obstiner jusqu'à parvenir au fond, à ce moi qui vibre, celui qui cultive parfois la douce folie de la démesure.

Maintenant, en ce qui concerne ma déception ou mes désillusions vis à vis des autres je crois que ce n'est pas tout à fait une question d'attentes mais plutôt une question d'idéal ... je suis un incurrable (fort heureusement) idéaliste et je pense que ça met déjà la barre des attentes bien haut au départ. Après c'est ma relativisation qui l'abaisse. Mais je ne peux m'empêcher d'avoir un regard très critique sur les choses et les gens par rapport à l'idéal que je poursuis comme le marin le ferait de la lumière d'un phare; le sentiment que de l'attachement à cet idéal dépend non pas ma survie (ce dont je ne doute pas) mais celle de ma vision néanmoins positive et aimante du monde.

Je pense que c'est d'ailleurs ce qui me rend si seul : c'est la conclusion que cette vision ne se préserve que par une implication restreinte et ponctuelle dans les relations humaines.  cette constatation m'amène aujourd'hui à m'interroger sur ma légitimité à m'ouvrir parfois tant au premier abord pour ensuite fermer rapidement les écluses avant que mon navire n'aille s'échouer sur un sol asseché ...

J'ai besoin du contact humain : il me ressource souvent, enrichit généralement ma vision des choses et parfois m'apporte le plaisir du partage ... mais je me rend compte comme ce contact doit être limité et savament estimé. Ou bien, et je crois que c'est ce que je fais actuellement, je m'implique en connaissance de cause, en sachant que la plupart du temps j'en souffrirais ou serait déçu, frustré mais en gardant à l'esprit que je n'y perdrais rien véritablement puisqu'à posteriori je restaurerais les brêches avec mon relativisme et une raison compatissante.

Je me sens horriblement pragmatique dans ces mots-ci ... comme une mécanique qui s'inspecterais et pourvoierait avec systématisme et froideur à l'entretient de chacun de ses rouages selon une procédure optimale.

Je pense que si ma nature se résumait à ce texte j'aurais une bien piètre opinion de moi-même, je me maudirais de mon rigorisme, de mon manque de ma lourdeur dogmatique. Mais je sais qu'à ces phrases-ci s'ensuivront celles que mon imagination s'offrira pour me faire voyager loin de ce pragmatisme matérialiste ... je me sens un peu comme un esprit qui voyagerait constament entre le noyau homogène, constant, dur et indivisible de la raison, au petit electron libre de mes passions et rêveries pris perpétuellement dans des polarités contraires.

Bon, voilà, j'ai asséné un bon coup de réflexion pousiéreuse à mes sentiments turbulents, maintenant je peux sereinement reprendre mon voyage rêveur dans mes mondes oniriques, loin des esprits faméliques des suce-passion, inquisisteur de l'exception, ambassadeurs de la fatale routine, zélés agents d'entretient du monument de la banalité ...

Place au voyage à présent ...

Prose de Songe, le Mercredi 14 Avril 2004, 15:38 dans la rubrique "Journal Fragmentaire ...".
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Commentaires :

Soleil-en-manteau-de-neige
14-04-04 à 20:47

Mon grain de sel sur ton blog !

Belle reflexion !!! Je savoure toujours tes mots !!! mon probleme c qu'y mettre mon grain de sel... Donc là j'essaie...

C'est pas facile de trouver une critique après avoir lu tes mots ... comme je l'ai dejà dis dans les blablas de ton monde orniques ... Tu as le don des mots ... Je ne sais pas... tu as une magie ... toi & le feeling des mots ( une affaire qui marche )... il suffit que je lise un de tes articles ou un commentaire ou encor un blablas pour entrez au sein d'un autre monde de reflexion, de reve, d'imaginaire ... Merci pour ça !

Je ne sais que dire sur ce texte ...
Je sais pas tes mots aspire a une tel beauté d'âme...

Désolé je vois pas d'ombre sur le tableau ( du moins en apparence )

Voilà j'ai mis mon grain de sel ....

Résumé :

Ton article est une tres belle reflexion ...

Tu as le feeling des mots c'est pour ça que j'adore te lire  

Voilà

Bizoux a toi et passes une bonne soirée ...
Bye

Elodie ;)))


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Songe
15-04-04 à 15:40

Re: Mon grain de sel sur ton blog !

Voilà un grain de sel qui ne manque d'assaisonner à mon goût mes mots :o)

Merci beaucoup pour cette charmante et chaleureuse attention ... il va falloir que je te retourne une partie des compliments si je ne veux pas chercher un trou de souris pour cacher mes joues toutes empourprées par toute cette gentillesse. Ces mots me font d'autant plus plaisir que je sais les tiens teintés de très belles émotions et reliés par une jolie sensibilité du rythme, du ton et de la forme du récit.

Ceux qui ont cette belle faculté d'imagination seront toujours les bienvenus dans les songes qui emplissent ma demeure :o)

Ne dire que l'émotion c'est déjà en dire beaucoup à celui qui la lit entre les lignes ;o)

En résumé :

Merci beaucoup beaucoup Elodie :o))) !!!

Et une très agréable fin de journée à toi aussi !!!

Bisous !

Songe


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Soleil-en-manteau-de-neige
15-04-04 à 21:16

Re: Re: Mon grain de sel sur ton blog !

Merci beaucoup ... Tu as le don de réchauffer les coeurs...

Merci pour ce message ...

Bizoux a toi

 

Résumé : Tout simplement Merci...

Bye et Bonne soirée

Elodie.


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