La cité de mes rêves est loin aujourd'hui, perchée sur les cîmes inaccessibles d'un idéal désenchanté; mon coeur n'y est que neige fondante sur le rebord d'une corniche, son amour s'écoulant dans les rigoles qui courent au long des parois grises de mes pensées. A trop croire que l'onde s'épanchera indéfiniment, sans que le cours ne s'asséche s'il n'est abreuvé, on en arrive inconsciement et inconséquement à puiser dans son sang le liquide qui ne parvient plus à quitter l'abri des paupières lorsque joie et peines se déposent dans le regard. Mes mots sont le prolongement de ma chair, ces veines qui saillent à la surface de mon âme, si vulnérables au tranchant de la vie ... à l'image du corps s'il n'est nourri, mon âme devient anorexique lorsque cesse la boulimie de sentiments que suscite une présence et que le vide reprend sa place. Les veines se contractent, la chair se résorbe, la souffrance jaillit aux jointures, je ne suis plus qu'un reflet rachitique de moi-même, spectre déambulant sur le macadam, invisible silhouette fondue dans le décors. Mon sang s'est dispersé avec mon énergie, usé par les non-dits ... mes mots saignent sur le clavier, aujourd'hui on m'a à nouveau blessé : toujours la même lame, toujours le même poison qui ronge jour après jour mes pensées, me met à l'agonie et m'abandonne mourant dans le silence de la nuit et l'inanité des jours. Chaque mot en ces lieux était une fenêtre ouverte sur mon intérieur, à présent que des courants d'air givrés s'y sont glissé, je referme la demeure et je tire ma révérence ... à mon tour de souffrir, de veiller sur moi, de me rassurer, de me reconstruire, comme avant ...

Derrière le voile enfumé des dieux, sombre babylone, arrachée aux cieux, avalée par une terre trop avide, trop à vide ... mon royaume est aérien, il offre plus de recul sur le paysage terrien ... moins de glaise dans les plaies, plus d'air dans les poumons ...

See you on an other day ...