Symphonie d'Haydn pour matin de travail et ciel de plomb ... j'ai toujours trouvé que les violons donnaient leur grâce et noblesse aux heures de pluie, elles les habillent de langueur, d'intemporalité ...
Ici à Paris je n'ai pas ces horizons infinis chargés d'orage et de pluie dont le relief est épousé par les volutes de bruine et brume, je n'ai pas ce sentiment d'abandon devant l'infinitude du monde et de la nature, je ne retrouve pas ce point de repère lointain, fixe et apaisant qui a été celui de toutes mes années d'adolescence ...
Je prenais mon vélo et j'allais trouver le haut d'une colline herbeuse, embrassée d'un horizon de blés et seigles encore verts au sortir du printemps et je m'asseyais là les cheveux en bataille, goutant d'une eau fraîchement dégringolée de cieux en deuil ...
Les éclairs naissaient, les vents se levaient d'est en ouest pour réaffirmer leur domination sur la campagne désertée et, tout en bas aux fenêtres, les vies s'encadraient dans des petits carrés de lumière, réfugiées devant la chaleur et le confort rassurant de l'âtre diffusant sa douceur sous les toits en ardoises ...
Et moi, tout là-haut j'étais l'hôte de ces lieux sans frontières, j'étais seul avec moi-même et ma terre aux couleurs de craie brodée des tons clair-obcurs de la flore sauvage ...
C'était mon jardin, mes allées dévorées de verdure, mes arbres ployant sous la brise, mon air ennivrant lorsque d'une roue incertaine je dévalais dans les ornières à flanc de colline ...
J'aimerais vous montrer, j'aimerais te montrer ma terre tandis qu'Haydn lutterait contre les grondement d'un ciel majestueux, que les violons s'envelloperaient des sifflements du vent ...
L'homme n'a pas inventé la noblesse, il l'a seulement déchiffrée au sommet d'une colline ...
Commentaires :
Re:
Merci Valaxaur, l'arc-en-ciel prend sa naissance dans le coeur même de l'orage lorsque les éléments luttent pour leur supprématie puis, éreintés, se retrouvent dans l'instant d'harmonie retrouvée qui suit ...
La pastorale de Beethoven m'évoque davantage les solaisons chaudes et dorées d'une provence au coeur d'un été chaud que ces moments de beauté figée d'éclaircie hésistante mais néanmoins majestueuse ...
J'aime tant le moment qui précède l'arc-en-ciel, celui où ma passion trouve son écho dans les cieux déchirés d'éclair que dans celui d'paisement où sur mes joues le sel et l'eau douce s'assèchent et que mon être se repose essouflé sur la terre éprouvée, lavée, ressourcée ...
Les grands espaces
Bonne soirée à toi, cher Songe ! :-)
Re: Les grands espaces
C'est curieux, quand tu parles d'Ecosse je suis empli d'images alors que la pluie et l'orage nous avaient chassé mes parents et moi de chaque lieu où nous tentions de nous attarder ... et finalement je me rends compte qu'une myriade de paysages me viennent à l'esprit, entre couchers de soleil sur els highland, falaises escarpée donnant sur une mer déchaînée sous chappe de plomb, castels d'une autre époque dressés sur un monticule perdu et ces longs chemins verts bordés de petits murets pastoraux ...
J'y retournerais un jour, ne serait-ce que pour prendre le temps d'écrire sur le mur d'Hadrien ou au sommet d'un mur rescapé donnant sur un loch oublié du tourisme ... (tes photos me feront un heurex souvenir où m'attarder dans des moments de nostalgie pluvieuse)
Bonne journée à toi aussi :o) !
Northumberland
Photo prise en 1995.
C'est là, près du mur d'Hadrien, que je me suis assise et que j'ai regardé et écouté, plusieurs fois... Paysage de l'enfance en vacances, où mon âme restera, si l'on respecte mes volontés...