Une déclaration de jadis, quelques mots d'un amour qui n'appartenait qu'à nous deux et qui n'appartient plus qu'à moi ... quelques mots empoulés, passionés dérobés à un passé qui semble si lointain et que je vous offre comme un acte de paix fait avec la souffrance profonde qui les a suivi ...

"Comme j’aime par-dessus tout écrire et laisser les mots s’écouler sur le clavier au gré de mon imagination et que, tel un envoûtement, tu viens à occuper une pensée sur deux qui me viennent, il découle naturellement que je t’écrive pour exorciser les émotions qui m’animent et amènent des sourires à fleurir candidement sur mes lèvres à l’évocation de tes mots … exorciser … le voudrais-je que je ne pourrais même pas taire ces élans si doux qu’a mon cœur à l’évocation de ton seul nom … aurait-on extrait mon cœur d’une gangue d’un givre épais où il aurait longtemps séjourné et l’aurait-on tenu à une flamme, qu’il n’aurait été tant enflammé qu’à présent … il a fallu que ta détresse interpelle ce cœur reclus pour qu’il conçoive de quitter sa retraite si sombre et s’avouer à lui-même tant d’aspirations si soigneusement dissimulées à l’âme même … on œuvre toujours un peu contre soi, inconstant que l’on est par rapport à cette pérenne vision idéalisée que l’on aimerait être, mais peut-on, pour se protéger, enfouir si profond sa nature et renier si longtemps ses instincts, ses besoins essentiels que l’on en vienne à s’astreindre à l’exil, à une illusoire cryogénisation dans l’attente d’un mieux ? Une fée ! Il faut que tu en sois une pour pouvoir si gracilement faire mirer tes ailes fragiles au clair de lune et prendre si fébrilement ton envol sous l’astre solaire … épanouie, tu interpelles jusqu’aux étoiles elles mêmes où les anges te concèdent leurs mystérieux sourires … blessée tu es cette douce fleur abîmée devant laquelle on ne s’aurait manquer de s’émouvoir pour peu que l’on prenne la peine de soulever les épaisses feuilles de peine dont tu te seras couverte dans ta déchirante détresse …

Cette si douce, si délicate sensibilité qui peut te rendre si belle aux autres et si laide à toi-même, qui t’amène du plus haut sommet couronné des neiges éternelles de la pureté au plus profond abîme de noir désarroi, qui te fait princesse des royaumes célestes un jour et cendrillon malmenée à un autre, qui te fait courtiser Isis au jour et son époux Osiris à la nuit … cette sensibilité que j’avais eu le sacrilège, chez moi, de soumettre en mon cœur au lieu de l’apprivoiser patiemment … cette sensibilité que tu m’offres avec tant d’affection que mon cœur y trouve la force de briser les inhibitions qu’il a édifiées trop longuement dans les illusions quotidiennes … une sensibilité qui renaît et trouve sa sérénité dans la rencontre de sa sœur et y puise la force de réalimenter les rêves enfouis …

Et si ta sensibilité se fait ton ennemie, la mienne sera toujours ton amie et sera là pour te réconcilier avec la renégate, te ramener à l’harmonie … 

Et si cette harmonie perd elle-même de son autorité devant la tentation du repos éternel, je veux te montrer de quelles richesses la vie nous a pourvu pour l’accomplissement de nos aspirations profondes avant que ne vienne le jour où nous pourrons clore les yeux, le sourire aux lèvres les mains dans celles de ceux que nous avons aimé à l’image de ce que nous souhaitions, quelles richesses il y a dans la prospection des grandes âmes rencontrées au long du chemin de la vie …

La vie s’est promise à toi et si elle met ta confiance en elle à l’épreuve c’est pour être certaine d’épouser celle qui est la plus à même de s’unir à elle et de la combler, elle et ses enfants … elle se tient en ce moment derrière moi qui l’ai embrassée et m’a fait son entremetteuse pour te vanter ses atours et te faire sa cour … et si elle semble si lointaine et insaisissable en certains instants  c’est parce qu’elle est très timide … mais elle est infiniment chaleureuse pour ses intimes …

Ton chant pour elle l’émeut et les anges qui sont ses fidèles enfants protecteurs se laissent émouvoir à leur tour en veillant à ce que ce chant ne se brise pas trop vite … ne laisses pas les servants de la mort briser ta douce voix dans les sanglots et t’acheter à sa cause … tes doutes leurs donnent des prises et éraillent le chant qui te lie à la protection des anges … chantes plus fort qu’ils ne plaignent, tempêtent et hurlent et leur violence viendra se briser comme l’écume sur la plage … sois sable pour les laisser perdre leur élan et être acculé au repli plutôt que d’être roc qu’ils viennent éroder en s’y brisant indéfiniment !

Et si l’écume menace encore de t’emporter dans sa furie dévastatrice ou t’enfouir sous ses cadavres de coquillages qu’elle a vidés de l’intérieur avant de restituer aux mains avides des collectionneurs de dépouilles, je te prendrais de mes mains pour t’élever en une forteresse imprenable, en creusant les sillons où l’écume viendra dormir paisiblement à tes pieds … je lisserais tes flancs afin que le vent du temps lui-même ne vienne y laisser ses marques … et chaque jour j’humidifierais délicatement ton corps de l’eau de la vie afin que le soleil qui te caresse ne vienne un jour à t’assécher et te rendre aux éléments pleins de convoitise …

Mon imagination, enfin viendra donner des nobles elfes gardiens dévoués à tes vastes murailles d’or, des beaux enfants lutins chantant et gambadant à tes jardins merveilleux et une belle cour à la noble réputation aux riches dépendances de tes tours de nacre …  et de par tous les pays on viendra à la riche demeure dans les douves de laquelle des Ondines ont élu domicile avec leurs chants d’amour …

Et si ton âme venait à s’incarner dans les combles en douce princesse aux yeux d’or, je viendrais en prince lointain te quérir sur mon destrier à la peau de lune et monterais chaque marche vers toi en chantant ton nom … je te prendrais par la main pour chevaucher au-dessus de l’écume et cueillir le couchant dans tes yeux, la lune sur ta peau … sous les étoiles je te tiendrais contre moi et te murmurerais  ces secrets que la vie m’a confiée et qui n’appartiennent qu’à nous …

Petite fée née sous l’auspice d’Orzée, je t’abrites au plus profond de mon cœur afin que tu puisses y trouver le repos, y puiser les forces du lendemain, y trouver la joie que tu y fais naître et y prendre ton envol doucement sans crainte d’être rattrapée par les pieds par un démon du sous-sol … tandis que de mes mains tu t’envoleras, les anges te prendront la main pour te guider dans les cieux étoilés et ensoleillés … ta présence en mon cœur adoucit tout mon être et le rend bon envers la vie …

A toi, l’être qui m’est le plus sensiblement proche et qui sublime mon être …"

Puissent ces mots renaître sans en souffrir autant qu'avant ...

Songe