Un bout de matin connecté au monde par les webradios et leurs harmonies aériennes, déconnecté du monde laborieux boulimique d'information à absorber, traiter et rediffuser ...

Tenter de retrouver la spontanéité après la perte d'un article dans les aléas d'un clic maladroit ...

Se rappeler des bribes sans vouloir plagier des mots qui ne se disent qu'une fois ou pas du tout ...

Autour de moi des doigts fatigués courent sur des claviers interconnectés pour restituer au monde une information qui lui sert de nourriture, comme si chacun de ces doigts frénétiques s'activait pour vite nourrir l'ogre avant que celui-ci ne dévore le bras qui le sert ...

Je ressens un étrange détachement ces derniers temps, qui s'accentue de jour en jour, comme si mon esprit accédait progressivement à une nouvelle dimension ...

Un peu ce sentiment que j'aurais à être perché avec mon regard curieux sur une termitière où de temps à autre venait se déposer un de mes mots emporté par le flot grouillant d'une humanité hyperactive ...

Hier soir j'ai ressenti comme une envie de retourner à une solitude complète et contemplative, de rompre tous ces liens sociaux réels et virtuels, comme pour leur dire que je ne leur demande rien sinon de pouvoir donner de moi, que s'ils se méfient tant de mon attention, je peux tout aussi bien retourner à ma retraite ...

On s'étonne que je puisse passer tant de temps à écrire, comme si on y voyait le gaspillage d'heure précieuses à rentabiliser; mais si au fond c'était cet acte d'écriture qui m'importait, si un brin se soleil pour chatouiller ma peau, un regard déposé sur le relief du monde dans des excursions urbaines ou rurales suffisait à mon bien être actuel ?

J'aime refaire le monde sur mes touches et peut-être en refais-je une partie parfois quand mes mots rencontrent d'autres regards ...

Je reviendrais peut-être demain matin avec une émotion soudaine qui me verra envisager de grandes aventures, la fleur au fusil, le regard pétillant, avec l'adrénaline comme moteur d'intensité mais je n'éprouve pas ce besoin de cohérence qui ferait de moi un devenir bien lisse à présenter au regard d'autrui ...

Je ne me projette plus sinon pour m'amuser à deviner le monde de demain ...

Je me crée peu à peu monde en marge que je superpose à celui où je vis, j'alimente le premeir avec le décalcomanie de la noblesse et la beauté du second.

* On air : A dawn of Forest - Shinji *