J'ai sommeil ...

Besoin de fermer les yeux et rêver, rêver fort ...

Parfois j'aimerais me mettre en foetus et me coucher contre le giron du monde délicatement pour n'entendre que le concert des battements de coeur, ne pas distinguer leurs emballements, leurs trépidations, leurs sursauts, leurs arrêts ...

J'aimerais tout percevoir à travers le halo d'une semi-inconscience, dans la torpeur des sons déformés et des images floues, comme dans ces heures où la musique pénètre la chair et la fait vibrer en mesure et en accord tandis que l'esprit s'engourdit dans la reprise des refrains.

Je souris, je ris, je me libère malgré la fatigue qui s'accumule et se tient à ma porte comme un mauvais diable en attente de son heure. Je goûte chaque instant, tente de colorer le noir et blanc pour un peu plus de chaleur même si je n'y suis pas toujours très adroit.

J'ai parfois envie de tendre les bras là où l'espace reste vide entre les êtres mais on m'a appris la pudeur avant la tendresse, la distance avant la proximité alors je mets tout dans mes regards silencieux. Mais les silences sont parfois si froids qu'un regard même de braise n'y suffirait pas.

Les aigles solitaires sont nombreux dans les cieux, le regard fier baissé à terre, dans la quête d'une nourriture rare dans un désert de caillasses, ils se tournent autour sans oser se confronter, sans oser s'associer dans la quête d'une maigre mais suffisante pitance, un met partagé qui rendrait chacun moins affamé.

Des grands enfants sages qui tremblent de leurs pensées et envies coupables, trop persuadés qu'ils doivent vivre et aimer avec intensité avant d'en avoir même appris les prémisces dans l'acte simple d'un apprentissage de sociabilité. La peur et l'angoisse s'agglutinent sur les corps et les engluent ...

Envie de fermer les yeux sur le travail juste le temps d'une petite pause, juste le temps de ressourcer le corps et l'esprit, de m'abandonner à un doux rêve qui me portera ...

Envie d'étranger jusque dans ma propre contrée, juste un petit pied de nez à l'habituel et le trop connu ...

Mais malgré tout, le soleil brille en moi et je me sens léger en cet été, seulement parfois triste de voir le monde si plein de lourdeur alors qu'il ne tient parfois à rien que les moments qui s'ensuivent s'emplissent d'une vie foisonnante ...