Je sais que beaucoup d'entre vous n'aurons pas ce courage de lire ce qui suit jusqu'au bout mais ça me tient vraiment très à coeur de l'écrire au nom de ce que je suis, au nom de ce qui me pousse chaque jour de l'avant et me donne la force de me réinventer des sourires, et je le dirais en autant de lignes qu'il le faudra, rapport à ceux qui font ma vie, rapport à ceux que j'aime et auquel il m'importe d'adresser quelque chose que j'aimerais inscrire dans leurs vies juqu'au dernier jour de celles-ci.
Depuis quelques jours je sens comme un magma en fusion charrier mon sang dans mes veines, comme une irruption d'énergie pure dans tout mon être, comme si tout à coup mon coeur allait s'ouvrir sur le ciel et y déverser un torrent irrépressible, inextinguible de forces surnaturelles.
Je crois qu'il vient un jour il faut se positionner, se placer à la croisée des chemins tout en désignant celui qu'on souhaite empreinter à l'avenir. J'ai passé une nuit entière à vous écrire, à vous dire tous ces mots qui m'importaient, à faire, comme le disait Barjac, de ma plume un acte ... j'ai passé une nuit dans une transe musicale, le coeur enflammé, à laisser frénétiquement mes doigts retrouver le sentier qui menait à vous, cette route que mes pas avaient quitté, cette route qui est faite de sang, de larmes, de cris, de sourires et de joies, celle où je plongerais jusqu'au cou serait-elle encore inondée, serais-je encore menacé de m'y noyer, pour vous dire ces simples mots qu'a su me dire Yamael de la façon la plus pure qui soit, ces mots qui signifient la fraternité profonde et que la pudeur a banni de tant de lèvres jusqu'à les dessécher, les gercer, y creuser les meurtrissures d'un vide qui seul encore sait les franchir.
Alors c'est de tout mon être que je vous les dis : Je vous aime !!!
Mais j'aimerais y ajouter quelque chose afin que ces mots ne s'offrent pas à votre émotion d'un instant pour se voir ensuite à nouveau fânés par une résignation omniprésente à l'éphémère. J'aimerais vous dire que ce soir j'entend dans mon appartement un chant si beau, si pur qu'il fait vibrer toute mon âme et que jamais je ne vous laisserais me lancer suffisament de pierres pour me laisser sans voix pour accompagner ces chants qui se saisissent des coeurs et les transportent, les subliment ... j'aimerais vous chanter ce qu'abrite mon coeur en cette soirée, un hymne à la vie ...
Alors ce soir je vous le dis en m'adressant à certains d'entre vous afin que mes mots ne soient pas que des abstractions ...
A toi mon Yamael, à toi qui, doux être de tendresse, de sensibilité et d'attention, petite perle de sentiments qui aimerait se poser sur la chair, sans attaches, simplement en goûter la douceur en la parcourant avec ta robe de nacre ... lui offrir ton lustre sans te retrouver éclaboussé du sang des blessures que le quotidien inflige à celle-ci. Petite perle sans cesse ternie par une poisseuse malédiction de la chair. A toi mon Yamael qui voit la jungle reprendre ses droits, réimposer ses lois arbitraires, qui voit des bras te tendre la machette avec laquelle tu devrais trancher la flore ... toi qui à chaque feuille froissée est comme la libellule chassée qui sent chaque jour son domaine regresser, toi qui craint de devoir un jour te prosituer à une réalité qui n'est pas la tienne. A toi mon Yamael j'ai envie de dédier ces mots; à toi Yamael j'aimerais dire ce soir qu'en chaque jour tu es encore dans ce monde, même si c'est pour y souffrir, écartelé entre tes incertitudes, tes passions trop soudaines, tes désillusions, tes angoisses, tes faiblesses; tu as l'impression de davantage survivre que vivre, tu maudis ce monde qui fait survivre ceux qu'il n'a pas le pouvoir de faire vivre, tu maudis ce monde qui te dit chaque jour "je t'ai fait des droits, des lois pour que tu sois protégé" et qui au fond a fait des droits et des lois qui te nient toute prétention d'appel à l'aide, toi le privilégié qui possède l'existence et la santé, toi qui possède l'égalité, la fraternité et la liberté prétendûment. Toi mon Yamael qui sent comme un pas à droite appelle justification à gauche et inversement, toi qui sent qu'un pas en avant sera suivi d'un pas en arrière tant que ce pas sera solitaire, toi qui sent que l'immobilisme signifie la mort dans cetee société, que tu n'existes qu'en choisissant le pas en avant ou en arrière ... toi Yamael qui a choisit aujourd'hui d'en faire en arrière pour céder la place à ceux que tu souhaites nous voir faire en avant. Toi Yamael qui ne croit pas que dans une société où il n'y a pas la place pour marcher côté à côte, nous puissions parvenir à marcher à plusieurs main dans la main, toi qui préfère essayer quelques pas maladroits en retrait plutôt que de risquer de trébucher et de nous entraîner avec toi ...
A toi Yamael et à tous ceux qui renoncent à faire un pas parce qu'ils craignent de se retrouver ventre à terre, parce qu'ils redoutent de devoir porter le poids de la chute des autres en plus de celui la leur, j'aimerais dire ce soir que c'est parce qu'un jour des gens ont voulu croire qu'ils pourraient avancer main dans la main qu'ils ont laissé à l'histoire, à l'humanité des présents plus précieux que ne le seront jamais toutes les richesses matérielles auxquelles on pourrait renoncer au nom du bonheur des autres. J'ai envie de vous dire qu'il ne s'agit pas d'ébranler des montagnes mais tout simplement s'asseoir auprès de l'autre et lui prendre la main quand celle-ci tremble; dans une société où il est devenu tellement courrant de parler sexe, il est devenu également tellement tabou d'effleurer une chair spontanément sans charger ce geste de ces innombrables significations apprises par coeur comme un credo incontournable des relations humaines. Aujourd'hui j'ai vu une mère regarder agacée son enfant dans la poussette pleurer à chaudes larmes et dire ces mots terrifiants : "il pleure comme ça depuis sa naissance, c'est insupportable" ... petit on ne trouve pas de bras pour épancher ses pleurs, grand on n'en trouve pas plus pour accueillir simplement nos angoisses, nos incertitudes, nos peines. Là où deux bras silencieux font parfois des miracles pour le bien-être d'autrui, on a de sinistres silhouettes hissées droites sur des chaises à 2 bons mètres d'un divan pour répondre en échange d'une poignée de billets à la détresse, au doute, à la douleur ...
A toi Yamael et aux autres j'ai envie de dire qu'à trop craindre de vivre la souffrance demain on finit par lui substituer le vide aujourd'hui, le vide et l'attente indéfiniment, jour après jour ... des douleurs à petites doses, distillées dans un temps étiré ... à toi Yamael je suis au regret de dire que tu as choisis de vivre dans ce monde, que tu choisis d'y conserver la vie en chaque jour et que pour ça tu vois tes rêves sans cesse violés par l'habitude, tes idéaux sans cesse piétinés par un désenchantement répété, tes valeurs sans cesse bafouées par des vices érigés au statut de normalité ... mais Yamael, tu as fait un pas vers nous duquel, comme chaque chose dans la vie, ont découlé des conséquences et s'il te plairait de pouvoir faire un pas sans qu'il fasse des vagues et des ricochets comme un galet sur l'eau, tu dois néanmoins accepter de croire encore en ce que tu as cru, de faire confiance à la vie là où elle est venue à toi sans exiger quoi que ce soit de toi en échange sinon ta présence et dans ces moments où tu souffres et dans ceux ou tu doutes et dans ceux où tu sourris. Tu souffriras toujours autant de ta propre main dans le silence et le vide d'une solitude qui répond si peu à ton besoin de corps pour épouser le tien, que tu pourrais craindre de souffrir de celle des autres; alors Yamael, accepte de croire que la vie te sourit sans arrières-pensées sinon que fais-tu du monde qui est le tien où tu rêves ces relations ? Comment peux-tu créer un monde en réclusion alos que tu en a renié les fondements possibles dans le monde réel ? Ton monde ne sera jamais alimenté que par celui-ci qui te blesse, que tu maudis, celui qui t'as forgé tel que nous t'aimons, tel que je ferais pour toi plus de pas que tu ne le feras pour toi-même. Ton monde n'est jamais que la continuité de celui-ci et ne sera jamais idyllique si tu ne crois pas en la possibilité de l'idylle. Alors, Yamael, toi qui applique la loi de récurrence à la vie, qui considère que si au premier jour tu es né dans un monde souffrant en souffrant, qu'aujourd'hui tu vis dans monde souffrant en souffrant, alors à chaque jour à venir tu vivras nécessairement dans un tel monde en souffrant, je te dis simplement de laisser une chance à la vie de ne pas devenir tristement répétitive avec ton renoncement, suite d'une série aussi longue que l'histoire humaine ... c'est compliqué ? C'est trop risqué ? C'est trop d'attentes ? C'est trop de dépendance ? Alors mon Yamael je te dis que j'essaierais toujours de désamorcer les attentes qui te mettent en dépendance, de simplifier nos relations par la sincérité, l'attention et l'honnêteté, de minimiser les risques en tenant compte de tes faiblesses, de tes incertitudes, de tes échecs, de tes blessures ...
A toi Sarah j'ai envie de dire ce que l'amour dit beaucoup mais en lequel il croit peu, pour lequel il lutte peu, j'ai envie de promettre un éternel, non pas figé dans l'habituel "je t'aimerais toujours" hypocrite et arbitraire, mais qui tissera le vêtement qui te couvrira en adéquation avec le jour présent, celui qui te tiendra chaud quand tu auras froid, qui te protègera des bourasques, se fera léger avec la douceur du jour ... à toi Sarah j'ai envie de dire qu'aujourd'hui mon coeur a envie de croire, envie de croire pleinement au-delà de toutes les incertitudes qu'il pourrait avoir, croire en ce qu'il ressent, croire en celle à qui ses sentiments sont dédiés parce qu'il sait qu'il ne peut pas se permettre d'avoir des doutes ... croire parce que c'est le défaut de foi qui mine les coeurs, qui ronge la peau des mains qui s'unissent et les sépare avec le temps. A toi Sarah j'aimerais dire que si demain ne me voit pas auprès de toi, après-demain me verra revenir si tu l'appelles parce que mon coeur ne connaît pas le mot "fin", parce que mon âme n'a de la vie qu'une vision en continuité, parce que l'être qui vient habiter mon coeur ne saurait s'éloigner avec la part qu'il y occupe ... à toi Sarah j'ai envie de dire que si parfois je suis maladroit à le faire, je tiendrais toujours à conserver cette attention à toi parce qu'en chaque jour je sens comme c'est le défaut d'attention qui mine les sociétés humaines.
A vous tous j'aimerais dire, à propos des sentiments, qu'en chaque jour je vous vois souffrir de l'inattention des autres et la désigner du doigt mais ne pas voir en vous-même comme à vos lèvres manquent ces paroles qui disent ce que l'autre a besoin constament de se voir répété ... j'aimerais dire que si j'essaie de trouver toujours le temps pour vous redire ce que je ressens pour vous rassurer, vous conforter que ma présence est pareille à elle-même, j'ai beaucoup souffert moi-même de ne pas être certain, de ne pas entendre ces mots qui me confirmeraient un amour, une amitié à chaque jour et à son lendemain encore ... aujourd'hui je n'en souffre plus parce que je tiens à croire en l'autre, je tiens à croire en ses mots et le laisser lui-même choisir l'implication qu'il veut avoir vis à vis de moi, je tiens à ressentir pleinement les choses sans risquer de les gâter par des doutes . J'ai appris à ne plus laisser les non-dits blesser la plante de mes pieds et retarder ma route parce que la voie de mon coeur ne peut connaître de virage sans se perdre dans le décors. Alors ce soir je vous dis non pas pour moi de faire attention à l'autre, de toujours vous redemander si l'autre n'a pas besoin d'un autre pas vers lui, mais pour ceux qui en souffrent, ceux qui souffrent de vos silences, de vos non-dits, de vos remises à demain, ceux dont chaque jour je recueille les larmes, les peines, les cris silencieux, les incompréhensions. Ce n'est pas parce que vous lisez un je t'aime dans un regard qu'il vous est acquis pour demain, ce n'est pas parce vous voyez des yeux briller à votre présence qu'il ne pleureront pas de n'avoir ces mots qui vous rapellent à eux dans votre absence : chaque attention, chaque mot déposé au réveil, au coucher, en journée, en nuit auprès de l'autre est un mot qui lui offrira la sérénité et le sourire en votre absence; or ces mots sont si rares, tellement attendus des autres, si peu utilisés soi-même ... et je pense à tant d'entre que j'aimerais prendre dans mes bras et serrer fort contre moi tous les jours alors que ce ne devraient pas être mes bras qui vous étreignent à ces moments-là ... l'amour est éternel quand les gestes qu'on lui dédie s'inscrivent dans la volonté d'éternel et non dans celle d'un éphémère "je prend tout ce que je peux tout en promettant l'éternel avant que ça s'arrête sans trop donner de peur de trop perdre". L'amour on ne le vit pas que pour et par soi mais pour et au travers de l'autre : ce n'est pas toujours faire les pas à l'autre dont on a envie mais faire dont on sait qu'il a besoin.
A toi Phérine je crois que je n'ai rien à dire que tu ne ressens pas pleinement déjà, rien qu'il nous faille dire ou répéter parce l'essentiel a été dit, parce que l'essentiel nous le disons dans nos paroles échangées, parce que nous voulons en chaque jour demeurer pleinement lucides sur nous-même, parce qu'en chaque jour nous savons ce qui est essentiel pour nous et ce qui est néfaste à plus ou moins long terme au contraire ... pourtant il y a une chose qu'il nous faut redire sans cesse, une chose qu'il nous faut chaque jour construire ou reconstruire : la foi dans nos rêves, la foi dans la vie que nous souhaitons, la foi dans nos projets, la foi dans ce monde et les gens qui nous y entourent parce que ce monde n'est pas aussi juste que nous l'escomptions, parce que ce monde n'est pas aussi généreux que nous l'attendions, parce que ce monde n'est pas aussi attentif que nous le croyions, parce que le désenchantement est notre principal ennemi et que nous sommes tellement vulnérable lorsqu'il s'incarne là où nous avions placé notre confiance, notre sécurité affective ... à toi Phérine j'aimerais donc dire que même si nous sommes faibles en certains moments, même si nous ne voyons plus vraiment la ligne droite que nous nous sommes toujours efforcé de distinguer avant tout, nous ne pouvons, ne pourrons jamais nous permettre de fermer les yeux, de suspendre le pas, de relâcher la concentration parce qu'à ce moment-là nous serons plus cruellement poignardés que 100 lames qui nous transperceraient le corps ...
A tous j'aimerais dire que ce n'est pas parce que certains choisissent de porter le monde sur leur épaule qu'ils ne ressentent pas jusqu'au plus profond de leur chair les coups qui sont portés à celui-ci ... ce n'est pas parce que certains savent créer des sourires là où tant d'hommes pleureraient de douleur, que leur coeur ne pleure pas, que leur âme n'hurle pas dans le silence de leur intimité. A tous j'aimerais dire que la force n'existe que parce qu'elle ne peut se permettre la faiblesse au nom de ce qui lui importe, de ce à quoi elle a fait la promesse de vouer sa vie. A tous j'aimerais vous dire simplement que ce n'est pas parce qu'on nous apprend que le Christ a pris la souffrance du monde sur nos épaules qu'on doit oublier que sur son chemin de croix lui aussi a eu besoin que des mains se tendent pour l'abreuver ... un homme reste et restera toujours un homme avec ses besoins d'homme.
A toi Barjac j'aimerais dire que pas un jour je ne songe à ce monde qui se tient au bout de ma plume, ce monde qu'elle n'a qu'à dessiner pour qu'il prenne vie, ce monde en lequel notre idéalisme croit et croira encore demain, serions-nous encore à terre, le coeur en sang, que nous remettrions ce coeur entre les mains de notre amour au lendemain ... parce que la plus petite poussière d'or nous fait encore conserver l'amour pour le coeur qui l'abrite quand bien même notre raison aurait achevé de défaire la confiance et la foi que nous aurions eu en la personne. A toi Barjac j'aimerais dire que notre amour n'a pas si souvent conservé ses valeurs, ses principes envers et contre tout, à l'image d'un de ces anciens code de chevalerie pour que demain nos coeurs ne se saisissent plus de la plume pour tenter de capturer chaque poussière d'or et l'offrir à la lumière du jour, lui montrer sa valeur à la lueur qu'elle projette sur ce qui l'entoure. C'est donc avec cette plume que je te dis aujourd'hui Barjac qu'il bous appartient de ne plus laisser les maux se servir de nos mots, leur enlever le pouvoir de construire, de faire sourire et faire rêver ... parce que nous avons trop à perdre en laissant nos mots s'égarer dans la tourmente, parce que nous avons trop à perdre dans le regard des autres lorsque nos mots leurs offrent le spectacle de la débâcle là où l'instant précédent ils sonnaient la charge.
A tous j'aimerais dire qu'il n'est pouvoir plus grand que celui de l'idéal conservé jour après jour, qu'il n'est de chose plus précieuse que la préservation de cet idéal et chez soi et chez autrui. Parce que là où meure l'idéal croûlent les empires, déclinent les civilisations, dépérissent les sociétés, il est essentiel en chaque jour de préserver non pas nécessairement le sien mais tout du moins celui de ceux qui sont parvenu à en conserver un. Un sourire offert à un homme qui porte en son coeur un idéal est un sourire qui va le renforcer dans la voie de l'accomplissement; un sourire dérobé à ce même homme est un désenchantement qui l'amènera à détruire proportionnelement à la force, la grandeur de l'idéal perdu. J'en vois tant qui laissent mourir dans leur âme l'espoir que ce monde puisse engendrer du bon là où leurs yeux ne sont plus qu'embués par la souffrance que créent le désenchantement, la désillution et la frustration. J'en vois tant qui me disent que ce monde à la dérive n'est plus à sauver mais j'aimerais leur dire que leurs mots font dériver encore davantage ce monde, que chaque amertume qui leur fait voler des sourires à ceux qui les entourent est un poids additionné au corps de l'humanité noyée dans le fleuve de la résignation ... j'aimerais leur dire que le monde a toujours connu cette dérive, l'humanité toujours cette pente descendante de l'auto-destruction même si aujourd'hui les moyens qu'elle a à disposition de son auto-mutilation sont incomparables, incommensurables, mais il y a toujours eu de tous temps ces destinées singulières qui se sont vouées à dévier le fleuve de l'histoire de son lit, ces vies au tracé souligné qui ont su par la force d'un idéal soulever une époque, une foule, un peuple, une civilisation, un royaume, une armée, des coeurs innombrables ... si vous n'avez pas cet idéal pensez toujours qu'il est précieux de prendre au moins soin de celui de ceux qui en ont un, au nom d'un espoir, d'un rêve du mieux pour votre vie propre, que vous avez toujours tant bien que mal conservé pour survivre.
A toi ma maman, toi qui crains tellement que je ne me fourvoie, qui craint tellement que ton petit fils si rêveur ne s'oublie sur une route qu'il aura vue rose là où tu la vois tâchetée de gris, toi qui m'a tenu plus longtemps que bien des fils dans tes bras, toi dont j'ai sêché les larmes dans des années où je n'en trouvais pas pour moi, toi qui a vu ton coeur d'or terni par le manque de générosité humaine, toi qui dansait autrefois là où aujourd'hui tes regards guettent le reproche silencieux de ceux qui n'ont jamais su danser sans honte, toi qui a appris à tes fils l'indépendance d'esprit, toi qui leur a donné la force de mots qu'ils ont souvent craint, toi qui leur a appris que la fin et la rupture n'existait pas dans la nature, toi qui leur a appris à écouter l'autre avec leur coeur mais avec son âme, toi qui leur a appris que leur place dans la société ne serait jamais celle d'une profession, d'une situation familiale, de convictions ou de connaissances mais celle que leur dessineraient les contours de leurs relations à autrui, toi qui leur a donné surtout le plus précieux de toi : ce coeur qui sait rire et pleurer, crier et tonner, vivbrer et se dire sans pudeur ... à toi ma maman, inconstante, impulsive, généreuse, chaleureuse, fragile, forte, honnête et sincère, j'aimerais dire tout simpement te demander de ne pas renier ce que tu nous a offert et qui fait notre fierté aujourd'hui ...
A tous j'aimerais dire que, comme le dit le proverbe indien "la terre ce n'est pas nos parents qui nous la donnent mais nos enfants qui nous la prêtent", vos parents et vos enfants étant votre chair, en chaque jour où vos mots se blesseront entre eux un peu de votre chair sera meurtrie à jamais, que chaque poignard planté dans le coeur d'un parent, d'un enfant est une douleur partagée ... a tous j'aimerais dire que là où vos mots les haïssent ou maudissent c'est votre sang qu'ils maudissent ou haïssent, c'est votre propre personne que vous maudissez et haïssez un peu. J'aimerais vous dire que chaque mot qui tonne entre deux parois rocheuses fait croûler les rochers et de l'une et de l'autre, que chaque mot qui creuse la bande de terre qui relie vos deux isthmes est un fossé profond qui recueillera l'océan rageur de votre isolement, de votre solitude. J'aimerais simplement dire que chaque violence qui prétend défendre votre fief est une violence qui appelle à elle les armées qui en feront le siège, que chaque réponse aux armes par les armes appelle le sang à couler; or là où coule le sang, chaque génération en garde le goût qu'elle distillera dans chacune de celles qui la suivront ...
A toi mon père qui incarne pour moi le principe même de la constance, toi qui fidèle à toi même n'a jamais véritablement changé et ne changera jamais, toi qui a su toujours montrer à la vie ton visage honnête, modeste, juste et franc, pour qui l'arrière-pensée est antinomique à ta nature, le mensonge inconcevable sinon par omission, toi qui a appris à tes fils l'indépendance de corps, la force de revendication, la fierté de leurs idées, toi qui à la vie a toujours gardé une distance respectueuse, qui peu m'a étreint mais toujours m'a offert la sécurité et la tolérance, qui peu a parlé à mon âme mais a su faire naître mon esprit critique, toi mon père qui t'es construit une armure pour la vie mais n'y a pas fait de trous pour les caresses, au mieux une visière pour les larmes qui ont innodé tes yeux, ton coeur et ton âme le jour où ton fils a dit qu'il quittait ta sécurité pour risquer sa vie en d'autres horizons ... à toi mon père j'aimerais dire que mes pas s'offriront toujours la sécurité que tu leur a appris à conserver, ne s'éloigneront jamais de l'honnêteté et de la sincérité que tu leur as enseigné et que jamais je ne me prosituerais à un confort qui me séduirait au jour d'aujourd'hui pour finalement se dérober dans mes vieux jours, que jamais je ne choisirais la facilité si c'est pour oublier mes aspirations au final ... à toi mon père, constant, droit, fier, bon et incapable de quelque violence que ce soit, doux dans tes regards, dur dans ton attitude face à la vie, roc au coeur d'or posé dans l'océan de l'existence, j'aimerais tout simplement te demander de ne pas renier ton indépendance d'esprit qui t'a toujours valu l'admiration et l'envie de bien des proches même si tu n'as jamais eu que peu de reconnaissance et d'attention, pour la paix de tes vieux jours ...
A tous j'aimerais dire que la rectitude, que l'honnêteté, que la modestie sont des vertus simples qui fondent des vies respectables, de ces vies qui n'ont pas besoin de reconnaissance autre que celle de la paix à laquelle elles aspirent ... j'aimerais vous dire que dans ce monde d'ambitions, de reconnaissance et valorisation par la quantité et des diplômes, et des richesses matérielles et des titres de reconnaissance sociale, la sagesse n'est pas toujours à rechercher dans les figures symboliques, emblématiques, charismatiques mais parfois aussi là, à deux pas de chez nous, chez ce voisin qui cultive son jardin, tient sa demeure avec attention et modestie. J'aimerais vous dire de ne pas toujours porter vos regards sur les grandes personnes, sur ces corps sculpturaux, fidèles aux archétypes de la mode, de ne pas toujours laisser vos regards glisser sur ces bonnes gens qui ont le talent dans les geste ou dans le trait du visage, de ne pas toujours amener vos regards à ne s'attarder que sur ceux qui drainent à eux l'attention, j'aimerais vous dire simplement que parfois il y a une petite silhouette timide, effacée, mal sapée ou mal rasée, mal lunée ou boutoneuse, l'oeil fuyant ou le sourire en coin, en demi-teinte, dans les rangs des invisibles, qui a un petit trésor au creux des mains mais qui ne sait comment vous les tendre pour les partager avec vous parce que la vie ne lui a pas appris à s'exprmer ...
A vous tous je dédie ces mots jaillis du fond de ma nuit, ces mots qui vous disent l'amour que j'ai pour vous en vous livrant la clé de mes sentiments, la clé de mes émotions, la clé de ma vie passée, présente et à venir, à vous que je laisse pourtant choisir la porte qui vous mènera à mon coeur , à vous que je laisse décider si ma vie sera appuyée par votre présence à mes côtés, à vous que je laisse déterminer si la relation singulière qui vous lie à moi souhaite trouver en chaque jour les sentiers qui conviennent à sa préservation envers et contre tout, à vous auxquels je ne fermerais jamais la porte de mon être, à vous que j'essaierais toujours d'aller chercher en un jour ou un autre quand vous vous serez éloignés de moi, à vous auxquels je demande de pardonner la maladresse de mon être qui n'apprend qu'aujourd'hui à s'exprimer, à s'affirmer, à vous qui avez choisi de lire mes mots ...
Voilà ces mots que Songe et Joël réunis ont voulu vous livrer pour vous dire que c'est pour ceux-ci qu'ils souhaitent se battre à compter d'aujourd'hui, pour ceux-ci qu'ils essaieront encore de trouver des sourires quand les larmes monteront aux yeux, que le fiel gâtera la nourriture, que le venin infectera les plaies; parce que si cette lutte n'est pas menée, demain mes amitiés, mes amours, mes rêves seront gangrénés et amputés de leurs organes essentiels dans ce monde, dans cette société qui les nient systématiquement et cruellement ...
Sincèrement votre
Songe
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Invitation à la réflexion
Voilà vingt-trois ans que je parcours ce monde, que je l’observe avec les yeux d’un enfant. Voilà vingt-trois ans que je parcours les mots des autres, et aujourd’hui je les ai suffisamment apprivoisés pour mettre ces mots à mon service. Le monde des hommes et le monde des mots sont deux mondes différents, ni complètement joints, ni totalement disjoints, ils se chevauchent, s’entrelacent, sans jamais s’unir entièrement.
Les disjonctions de ces deux ensembles ne peuvent être que de deux natures : réalités qui n’ont pas d’équivalent par le mot (réalités infinies que les mots ne peuvent englober, parmi lesquelles on compte certains sentiments humains tels que l’amour), et mots qui n’ont pas de réalité associée (mots infinis dont la réalité ne fournit qu’une réalisation concrète limitée, parmi lesquels on compte certaines abstractions telles que les idéaux). Parmi ces derniers, mots qui désignent des abstractions qui n’ont pas d’équivalent, il en est deux qui sont là pour désigner des extrêmes que l’on ne rencontre pas dans ce mode : altruiste et égoïste. L’altruisme existe, de même que l’égoïsme, mais l’altruiste ou l’égoïste, eux, n’existent pas, car ils désignent une personne qui présenterait l’une des qualités sans l’autre. Hors, jamais de mes yeux je n’ai vu d’homme chez qui l’une fut absente. Tout homme à ma connaissance possède un peu des deux, dans des proportions diverses, mais jamais nulles.
Aussi, lorsque tu te dis égoïste, je me refuse à te croire. Que tu aies de l’égoïsme en toi, je n’en doute pas. Mais que tu n’aies pas d’altruisme, cela, je ne peux le croire. Ce Songe, que nous admirons tous, n’est pas si différent de toi que tu voudrais le croire. Il est le premier à avouer ses faiblesses, et lorsqu’il nous quitta, il en septembre dernier, je me souviens qu’il nous avouait se sentir égoïste lui aussi. Tu n’es pas l’antithèse d’un Songe, tu es la thèse, peut-être mal assumée mais thèse tout de même, d’un Yamael. Tu rêvais d’être Songe, et ton rêve s’orientait dans une direction mauvaise. Nous avons tous des modèles, adolescents, nous collons sur nos murs les posters de nos idoles, nous admirons nos parents, ou tel prof, ou tel héros. Mais ce que nous piochons, chez les uns, chez les autres, n’est pas ce que nous devenons. Ce ne sont que des directions selon lesquelles bâtir ce que nous deviendrons. Je ne suis ni mon père, ni Malraux, ni Greg Graffin. Je suis ce que je suis, avec ceux en quoi je leur ressemble, mais aussi avec ce en quoi je diffère d’eux. Il n’est personne qui eut pu tracer une voie qui me convienne à cent pour cent. Cette voie, c’est donc à moi de l’inventer. De même, c’est à toi d’inventer Yamael, d’en faire quelqu’un qui sera proche de ce que tu voulais qu’il soit, certainement imparfait, et certainement pas tel que tu l’avais imaginé, mais le fruit de ton travail, un travail dont le mérite ne revient qu’à toi. Que tu t’inspires de Songe pour cela me semble une bonne idée ; il est assurément un modèle à bien des égards. Que tu veuilles devenir lui est par contre irréalisable. Non parce que cela t’est impossible, mais parce que cela ne conviendrait pas à celui que tu es. Chaque part de toi peut trouver un écho en d’autres hommes, mais leur somme restera toujours unique dans sa différence.
J’ai aimé ta sincérité, qui suffit à elle seule à démentir l’accusation que tu portes contre toi. Un égoïste (au sens plus égoïste qu’altruiste), je disais-je un jour à quelqu’un qui se prétendait tel, ne peut que s’ignorer. Avoir conscience de son état, ne pas l’accepter (ce qui est ton cas), c’est déjà lui tourner le dos et prendre la direction du changement.
Crois-tu honnêtement qu’il est une seule personne ici qui ne laisse de commentaires sans le faire avant tout pour lui ? Crois-tu que la raison pour laquelle j’écrive soit le bonheur d’autrui ? Loin de là. J’écris parce que cela m’est agréable, et ainsi, c’est mon plaisir que je flatte avant celui des autres. Mais, si mon bonheur peut aussi faire celui d’un autre, qui lira ce que je dis et y puisera peut-être quelque chose de bon pour lui, dois-je le juger égoïste ? J’aurais tort, puisqu’il sert à quelqu’un d’autre que moi. Je crois que tout acte de ce type est un mélange d’égoïsme et d’altruisme, que l’on cherche non pas notre bonheur, ni celui des autres, mais un peu de chaque. Un altruiste qui s’oublierait dans sa générosité serait un homme qui préfèrerait le bonheur d’inconnus à celui de sa propre famille. Quel triste image, tu ne crois pas ? Tu n’est pas l’égoïste que tu décris ; simplement, tu oublies de voir dans tes actes la part d’altruisme qu’ils comprennent.
Et voilà, je crois, ce qu’il te manque : l’amour propre, j’entends par là l’amour que l’on se donne à soi. Le feu qui dispense sur ceux qui l’entoure sa chaleur rassurante atteint son point le plus chaud en son centre même ; le lampadaire qui éclaire les pas des autres atteint son point le plus lumineux en son centre là encore. On ne guide pas les autres si on ne voit pas où l’on va nous-même. Ainsi, si tu veux aimer ton prochain, si tu veux être un Songe, commence par t’aimer toi-même, car c’est cet amour pour toi qui rejaillira sur les autres. Si ton centre est froid, comment veux-tu chauffer ceux qui t’entourent ? C’est d’abord envers toi qu’il te faut cultiver ce que tu veux offrir aux autres. Comment aimerais-tu autrui si tu n’arrives pas même à t’aimer toi ? Il faut avoir une maison, où dans la cheminée brûle un grand feu, qu’on allume pour soi, avant d’inviter son voisin à venir s’y réchauffer aussi. Aider autrui, ce n’est pas lui donner tout ce que l’on possède, et faire de lui un riche en nous faisant pauvre. C’est au contraire partager, lui donner un peu de ce qui est notre bien. Si tu offres à un vagabond ta propre soupe, il ne pourra l’accepter. Comment te priverait-il de ton repas ? Mais si tu la partages, et que vous la buvez ensemble, alors il devient ton ami. Comprends-tu ce que je veux te dire ? Le voisin qui se réchauffe à ta cheminée aime ce feu parce que c’est le tien, et qu’il te chauffe aussi. Le vagabond qui partage ta soupe aime cette soupe parce que c’est la tienne, et que tu en manges aussi. Pour aller plus loin dans l’image, si tu n’allumes le feu que pour ton voisin, alors, passant devant ta maison et voyant la cheminée éteinte, il passera son chemin. Si tu ne prépares la soupe que pour le vagabond, alors, passant devant ta maison, il verra la table vide, et passera son chemin. Mais si tu allumes le feu pour toi, et prépare le repas pour toi, alors, voisin et vagabond, passant devant chez toi, verront qu’il y fait bon, verront qu’il y a à manger, et frapperont à ta porte. Ainsi, c’est en s’aimant soi-même que l’on peut trouver l’amour à offrir aux autres, et cet amour que l’on a pour nous, il le percevront et viendront nous en demander une part.
Tu fais de l’envie une chose égoïste, et tu as tort. L’envie est ce qui nous fait avancer, elle est la manivelle que l’on tourne au moteur de l’amour. Si tu n’enviais pas les amoureux, alors tu n’aurais pas cette chose qui te pousse à ton tour à chercher quelqu’un, avec pour noble objectif de l’aimer. Tu me répondras, je suppose, qu’aimer, tu le ferais pour ce que cela t’apporte. Et je te répondrais que tu as tort de vouloir séparer ton bonheur de celui d’autrui. Le bonheur est comme les parts en bourse : toute variation de l’une affecte l’ensemble des autres. Ton bonheur ne se définit pas indépendamment de celui des autres, mais avec, car il y est lié. Aimer est à la fois altruiste et égoïste, puisque c’est partager le bonheur. Qu’importe si tu fais le bonheur de l’autre en cherchant le tien, ou trouves le tien en cherchant le sien. Au final, vous êtes tous deux heureux, et c’est là la seule chose qui compte. Qu’importe la valeur de l’intention, si le résultat est bon pour tout le monde ? Il est évident que l’on aime pour soi avant tout, mais sans le bonheur de l’autre, notre bonheur se meurt. Les deux sont liés, aussi ne voir que l’un et se cacher l’autre est une erreur.
Tu te trompes encore lorsque tu dis : je ne suis pas quelqu’un de bien, je ne le serai jamais. Si tu disais « je suis quelqu’un de bien », j’aurais la certitude du contraire : il te manquerait déjà l’humilité, la plus grande des valeurs, sans laquelle les autres ne valent plus rien. Maintenant, être « quelqu’un de bien », qu’est-ce que cela signifie ? Et est-ce à toi de juger si tu es ou non « quelqu’un de bien » ? Je ne te trouve point désagréable, si peu que je te connaisse, et tu fais déjà preuve l’humilité, ce qui laisse potentiellement place à bien d’autres qualités. Gagne un peu en confiance, et je crois que tu deviendras sans peine, non pas un Songe, mais un Yamael, tout aussi grand, mais qui te correspondra mieux.
Puis, tu parles de toi, tu dis « moi, moi, moi », en croyant que le moi est le propre de l’égoïste. Et bien tu te trompes. Ce moi, tu le rejettes, et c’est là ton erreur. Tu voudrais être altruiste, et tu imagines que l’altruiste est celui qui, en se tournant vers les autres, se tourne le dos à lui-même. Il n’en est rien. Comme je l’ai dit plus haut, l’altruiste qui s’oublie n’est pas altruiste. C’est, si la chose se peut, un égoïste inversé, tout entier dédié à l’autre, au dépens de lui-même. Il est bon que tu parles de toi, que ton monde tourne autour de toi. Aller vers l’autre, ce n’est pas se mettre en orbite autour de son monde à lui, ce n’est pas non plus le laisser s’installer dans notre champ de gravitation ; c’est un peu des deux, à la manière de ces étoiles doubles qui tournent l’une autour de l’autre, chacune tantôt au centre du système, tantôt à sa périphérie.
Enfin, ne te laisse pas impressionner par la beauté du langage. Elle est grisante, et on se laisse souvent tromper par la forme au point qu’on en oublie le fond. Ce qui fait de Songe un grand n’est pas son verbe si admirablement maîtrisé, ce sont les idées dont ce verbe n’est que le serviteur. S’il avait le parler maladroit pour nous confier ses idées, il n’en serait pas moins noble. Ce n’est pas le « costume de soie » qui fait l’homme, c’est ce qu’il y a derrière.
Pour conclure, je ne dirai qu’une chose. Pars si tu veux. J’en aurai de la peine, moi qui te découvre alors qu’il est trop tard. La décision n’appartient qu’à toi. Mais sache que tu priveras ici d’un ami ceux qui te connaissent déjà, et d’un ami potentiel ceux qui n’auront aperçu de toi que ce dos que tu souhaite leur tourner. Sache surtout, et ce seront là mes dernière paroles, que te priver de nous pour te punir de quelque mal dont tu te sens coupable, c’est aussi nous priver de toi. Que tu t’infliges une telle peine, peut-être cela te paraît juste, je l’ignore. Mais tu nous infligeras alors une peine similaire en nous privant de ton point de vue sur les débats à venir. Avant de tourner les talons, assure-toi que cela aussi est juste...
Bien à toi,
Barjac
Re: Invitation à la réflexion
Tu m'as coupé l'herbe sous le pied, Barjak... pas besoin que j'en rajoute.
Je confirme ce que je t'ai déjà écrit : je te trouve sage.
Bise à toi, à Yamaël et à Songe.
Sourires
Contente de te lire aussi enjoué et en accord avec toi-même, Songe !
Ton texte est très touchant. Je n'en dirai pas plus...
Je t'embrasse très très très très fooooooooort !
:-)
Re: Sourires
Merciiiiii Vendredi !
Je t'embrasse tout aussi fort pour ces quelques mots souriants !!!
Critiques
Cette première partie n’est pas dédiée à toi seul, Songe, mais plutôt à tous (et je ne m’exclus pas du lot). C’est ton article qui me pousse à l’écrire, mais de même que c’est parfois la moins significative des gouttes qui fait déborder le vase, ton article est de tous, peut-être, le moins responsable de ce que je vais dire.
Devant tant de mots, devant tant de maux, une sourde colère m’envahit, que je ne saurais taire. Marre, j’en ai marre de ne lire que plaintes et regrets, souffrances et amertumes. D’un blog à l’autre, en passant par le mien qui n’échappe pas à la règle, je ne lis que des plaintes, des appels au secours auxquels il manque cette chose sans laquelle se plaindre n’est rien qu’un jeu idiot : la volonté réelle de cesser de souffrir.
Nous venons tous ici avec l’espoir de trouver ces amitiés qui nous manquent au dehors, et pour gagner la confiance des autres, nous nous montrons petits, faibles, lâches. Plus le portrait que nous faisons de nous est laid, plus il nous plait. Pourquoi cela ? La raison en est simple. Se montrer seul, écrasé sous le poids de la douleur, c’est donner à l’autre le moyen le plus simple de venir à nous, en le prenant par le sentiment, en faisant vibrer chez lui la corde humaine, à laquelle il ne peut que céder. Et cela m’est aussi détestable que les pleurs de ces filles qui, de leur faiblesse, font en réalité une arme, la plus vicieuse de toutes, car qui peut tenir tête aux larmes sans avoir l’impression qu’il n’a pas de coeur ? Et pourtant, tout cela n’est que ruse, odieuse ruse, honteuse duperie.
Aider quelqu’un en se limitant à le plaindre, ce n’est pas l’aider, bien au contraire. Celui qui veut aider commence bien sûr par plaindre, afin de montrer qu’il prend la douleur de l’autre au sérieux. Mais ce n’est que le début du processus altruiste, et s’arrêter là, c’est faire plus de mal que de bien. En effet, à plaindre quelqu’un, nous lui montrons que sa douleur nous touche, et, implicitement, que cette douleur est la source de notre amitié pour lui. Ainsi, au lieu d’aider l’autre à rejeter sa douleur, nous la lui montrons belle et nécessaire, au point qu’il en vient à se dire que sans elles, ces amitiés de mots seraient vite oubliées. Mais cette amitié que nous lui offrons en le plaignant est une chose à laquelle il s’habitue, dont il finit par avoir besoin, alors il se plaint à nouveau, et encore et encore, car il sait que ce sont ses plaintes qui nous font arriver, généreux en belles paroles et en mots d’espoir. Nous ne nous aidons pas, à sans cesse nous plaindre ; nous nous rendons prisonniers de notre douleur. Celui qui veut aider, une fois qu’il a plaint, essaie d’amener l’autre à se débarrasser de sa douleur, essaie de le pousser à regarder plus loin, à reconquérir le bonheur. Mais le bonheur est une chose qu’il faut vouloir, et pourquoi voudrions-nous être heureux, puisque c’est le malheur qui nous amène tant d’amis ? Si demain je cessais de me plaindre, qui, de ces amis, trouverait encore l’envie de venir me parler ?
Sans doute est-ce notre nature, à nous autres, qui fait que seule la douleur d’autrui nous donne le courage de venir lui parler. Car cette douleur, d’une part en appelle à notre pitié, à laquelle nous ne pouvons résister, et d’autre part nous montre l’autre suffisamment démuni pour qu’on cesse de s’en méfier. Alors, il faut souffrir, souffrir pour être vu, souffrir pour être lu, plaint, et recevoir un peu d’attention. Mais voilà, je suis las, las de mes plaintes qui ne m’offrent rien d’autre que des lendemains semblables, las de ces plaintes que j’ai appris à aimer, à chérir, parce qu’elles vous poussent à réagir, à m’accorder un peu de votre temps, de votre affection. Votre affection me pousse à me plaindre plus encore, afin de la conserver, et par conséquent se fait l’adjuvant de ma douleur plus qu’elle ne la combat. Il faut savoir dire, à un ami : arrête de te plaindre, car tu te complais dans ton malheur, tu en fais une façon d’être, et cela n’est pas bon. Alors arrête, ami, arrête tes pleurs, tes cris, car tant que tu ne voudras pas, de ta volonté la plus ferme, aller mieux, je ne pourrai rien faire pour toi. Et je crois que c’est là un travers qui affecte beaucoup d’entre nous.
Il est triste qu’il faille se montrer détruit pour gagner la confiance d’autrui. N’avons-nous donc à échanger que notre douleur ? N’est-il pas concevable d’imaginer des amitiés soudés non par la souffrance, mais par la joie ? Mais est-ce seulement possible ? Qui aura jamais envie d’aller parler à quelqu’un d’heureux ? Puisqu’il est heureux, il n’a pas besoin de moi, se dit-on. Quelle erreur ! Ce n’est pas parce que je suis heureux que j’ai moins besoin de vos paroles, au contraire. Je suis las de ne partager avec vous que mes souffrances, ces espoirs que nous nous offrons l’un l’autre tout en sachant que nous ne ferons jamais le moindre pas dans leur direction, car alors, on risquerait de devenir heureux, et de perdre ces amitiés toutes entières bâties sur le malheur et la pitié respective.
Et bien non, cela ne me convient pas. Je m’élève contre ceux, moi compris, qui a trop se plaindre ôtent tout son sens à l’acte. Plaindre un ami qui pleure un jour est une bonne chose. Plaindre un ami à chaque heure de chaque jour devient une routine, et ses plaintes une habitude douillette dans laquelle il se blottit, bien au chaud. A trop vouloir souffrir, pour conserver nos amitiés, on finit par ôter à la souffrance son essence, sa violence. On en fait un monde de vie, on l’assagit, on la ternit, au point que le jour où l’on souffrira vraiment, nos amis n’y verront rien de plus que l’état habituel.
Et puis, il est dans la douleur une grandeur, une noblesse qui ne doit être qu’un extrême recours, et que l’on ne doit pas cultiver. Cette grandeur est là pour qu’on en tire la force de nous tirer de rebondir lorsqu’on atteint le fond. On ne doit pas en faire une raison qui justifie la souffrance, on ne doit pas se laisser griser par elle, car nous finiront par ne plus être qu’une légion d’individus aux pieds traînants et au regard bas, fier d’une misérable condition dans laquelle nous nous complairons.
Amis, cela a assez duré. Vous souffrez comme je souffre, mais si c’est là tout ce que nous avons à échanger, alors voilà de tous les commerces le plus piètre qui soit. Aidons-nous, oui, mais de manière constructive, d’une manière dont le but n’est pas d’entretenir la douleur, de cultiver le misérabilisme, mais bien au contraire de la chasser. L’amitié pour moi n’est pas faite de larmes. Elle est faite de rires, de joies partagées, de complicité. Si nous souffrons entre amis, alors nous finirons par être heureux dans la solitude, et, ayant inversé les rôles, nous aurons contribué à cet individualisme que pourtant nous voulons tant combattre. Aider, ce n’est pas se contenter de plaindre. Aider, ce n’est pas simplement reconnaître la douleur d’autrui (rôle de la pitié), mais l’aider à s’en débarrasser. Oui, il est aisé de plaindre son prochain, de lui dire : je te comprends, et je souffre avec toi. Mais cela, je le répète, ne fais que lui rendre sa souffrance plus douce, au point qu’il en perd l’envie de se battre contre elle. Amis, lorsque nous tendons la main à celui qui souffre, ce doit être pour le tirer hors du puits et l’amener à notre joie. Bien souvent, nous faisons l’inverse, attrapant la main que nous tend l’homme dans sa douleur non pour l’extraire de sa condition, mais pour qu’il nous tire à la sienne, nous fasse à notre tour basculer dans le puits.
Ne nous contentons donc pas de plaindre, mais aidons-nous véritablement, dépassons la pitié pour aider les autres à construire leur bonheur, et plus que tout, ne leur rendons pas leur souffrance agréable. Nous avons besoin les uns des autres, nous avons besoin de parler. Mais les amitiés que nous développons ici ressemble bien souvent à un homme qui, voyant son compagnon meurtri, prendrait son couteau pour se meurtrir à son tour, afin de pouvoir lui dire : vois, je souffre avec toi. Non, il nous faut au contraire panser les plaies de cet ami, ne pas nous mettre à son niveau, car seul le fort peut apporter la force au faible, et se faire faible à notre tour, c’est, plutôt que de soigner notre prochain, nous laisser contaminer par sa maladie, et comment un malade aiderait-il un autre malade ?
De ces amours qui se disent
Là encore, mon ami, je serai critique. Tu sais à quel point je te respecte, et bien que le propre de l’amitié soit d’être toujours du côté de ses amis, cela ne signifie pas pour autant qu’il faille leur épargner nos critiques, car la critique, aussi désagréable soit-elle, est une preuve de l’intérêt que l’on porte à celui à qui on l’adresse. Aussi, lis moi sans te fâcher, car si ma plume semble parfois s’opposer à la tienne, c’est afin d’en être plus proche encore demain.
A trop nous parler d’amour, d’espoir, de beaux sentiments, je finis par me méfier. J’ai aimé, des amis comme des femmes, et de mon expérience, je tire cette maxime : personne ne parle moins d’amour que ceux qui s’aiment véritablement, personne ne parle moins de fraternité que les amis. Parce que ce sont des choses qu’il n’est pas besoin de dire. Mon ami sait que je l’aime, il le sait par la façon dont je lui parle. Mon aimée sait que je l’aime, elle le lit dans l’attention que je lui porte. A lui répéter sans cesse que je l’aime, elle finira par se demander pourquoi, pourquoi est-ce que j’ai ce besoin de le lui affirmer ? Est-ce parce que je lui mens ? Ou est-ce pour m’en convaincre moi-même ? Amis, je vous respecte, et j’ai pour vous une affection que je me fais un devoir de vous taire. Vous ne me verrez pas vous dire : je vous aime. Il est des vérités qui ne se disent aussi directement que lorsqu’elles cachent une faiblesse. L’amour ne se crie pas, à peine se murmure-t-il du bout des yeux. Les mots ne d’amour ne sont pas faits pour bercer le coeur, mais pour endormir l’esprit. Ils sont faits pour convaincre, et qu’ai-je besoin de convaincre : si mon amour est vrai, je n’aurai pas besoin des mots pour que l’aimé le sache. Aussi, amis, n’usez pas à foison de ces mots d’amour généreux, mais si faciles. Il est mille fois plus dur d’aimer que de dire « je t’aime », et ceux qui les répètent trop souvent semblent en faire un écran pour cacher quelque faille. On dit « je t’aime » pour rassurer, pour convaincre, mais lorsqu’on aime vraiment, il suffit d’un regard, d’un sourire, ou ici, où les mots sont tout ce que nous possédons, d’une façon de parler, de choisir les sujets, d’être présent. Songe, tu n’as pas besoin de me dire que tu m’aimes. Ton amitié, je la lis dans tes propos, je la lis dans le respect qui ceint chacun de tes commentaires, je la lis dans ton humilité. Ne me dis pas que tu m’aimes, car alors je doute, je doute de cette amitié qui soudain éprouve le besoin de se dire, de s’affirmer d’une manière qui me déplaît.
Je comprends tes raisons, parfois en amour, les gestes ne sont plus assez, les regards sont trop courts, et l’on se sent étouffer, on voudrait crier cet amour qu’on ne peut plus contenir, on voudrait libérer notre coeur de cette chose qui déborde et menace de le faire exploser. C’est pourquoi Dieu a donné aux hommes et aux femmes le lit, où il peuvent décharger ce trop plein d’amour sans avoir à le dire par des mots qui risqueraient de le ternir. Pour les amis, il y a les embrassades, et serrer un ami dans ses bras est un moyen de lui montrer à quel point il nous est cher. Quand ces amis n’ont que les mots pour communiquer, oui, sans doute, on est pris de l’envie de se laisser aller à leur dire « je vous aime », mais c’est toujours dangereux. Parce qu’en amour comme en amitié, les mots échappent facilement à notre contrôle, et on ne parvient jamais à leur faire dire l’émotion qu’un baiser, un regard contient. Ainsi, en amour, on écrit des pages et des pages qui ajoutées les unes aux autres ne parviennent pas à dire ce qu’un seul baiser suffirait à exprimer. Ce sont là les limites des mots, ces petites boîtes où il est impossible d’enfermer l’infinitude des sentiments. Mais parfois, à trop parler, on s’égare. Je crois que dans le monde des mots, il est aisé d’oublier cette pudeur à laquelle le visage d’un ami, face à face, nous rappelle. C’est à la fois un avantage et un inconvénient de l’écrit : avantage parce que l’écrit permet de dire ces choses qui seraient maladroites en paroles, mais inconvénient parce qu’on se laisser facilement aller à en dire trop, et de ce fait, à diluer nos sentiments. Les choses importantes tiennent en peu de mots, les plus importantes appartenant au silence, selon moi.
Aussi, même si je suis touché par cette déferlante d’amitié, elle me trouble. Ton amitié, je préfère la lire entre les lignes que la voir inscrite noire sur blanc. La lumière du soleil est belle lorsqu’on en perçoit les effets sur les murs, sur les pavés, dansant sur l’eau des fontaines. Mais lorsqu’on la regarde directement, elle est si violente qu’elle nous éblouit, et qu’on ne voit plus rien. Les sentiments sont semblables à notre astre lumineux : il sont agréables lorsqu’on les perçoit indirectement, lorsqu’on les sent plus qu’on ne les voit, comme une belle journée est agréable parce que la lumière est partout, chaleureuse et vivante, bien qu’on ne voit pas sa source. Mais lorsqu’ils se disent crûment, voilà qu’ils nous aveuglent et que pendant quelques instants, ils obscurcissent tout autour de nous, y compris eux-mêmes.
Je te donne mon point de vue avec la sincérité d’un ami, et je sais que tu sauras n’y pas voir un affront. Ma plume est ton amie, c’est pourquoi elle ne te ménage point. Sache que s’il me fallait combattre contre toi, mon ami, je baisserais ma garde pour te laisser frapper.
Ton ami,
Barjac
Re: Critiques
L’amitié pour moi n’est pas faite de larmes. Elle est faite de rires, de joies partagées, de complicité.
Si tout le monde se plaint, c'est que nous n'avons que ça à partager sur le net. Le problème est que la complicité, les rires, les joies n'existent pas dans le virtuel. Dans le virtuel, il n'à que l'âme qui parle, pas les yeux, pas les sourires, bref, pas le corps. Et l'âme seule ne sait que parler profondeur, elle ne sait pas être légère. c'est pourquoi elle nous tend toujours vers ces maux dont tu parles.
Re: Re: Critiques
Plus que là question des échanges possibles sur le net, c’est je crois celle de l’écriture toute entière que tu poses. Il est clair en effet que la gaieté que j’associe implicitement à l’amitié est difficile en ces lieux, parce que les échanges ne sont pas faits de vive voix, que la spontanéité est bien plus restreinte à l’écrit qu’à l’oral. L’écrit se doit d’être grave, car il est soumis à tout un ensemble de règles, de principes, qui en font quelque chose de très formel. Et le formel s’applique mieux au sérieux des douleurs qu’à la légèreté du rire. Sans doute, sans doute... Faut-il alors condamner l’écrit à n’être que l’outil des malheureux ; ne peut-on concevoir une écriture joyeuse ? Ou sans même être joyeuse, une écriture non malheureuse ?
Comme je l’ai dit longuement, je crois que le vrai problème est qu’une écriture autre que malheureuse nous intéresserait beaucoup moins pour des raisons sur lesquelles je ne reviens pas ; je les ai exposées dans mon post précédent. Et pourtant, si l’on ne peut échanger par le net les joies qui réclament la présence physique de la personne (ce avec quoi déjà je ne suis pas totalement d’accord, il est ici des joueb aux articles qui m’ont réellement fait rire), on peut toutefois échanger des idées sans qu’elles aient besoin de graviter systématiquement autour de nos peines. Dans ton dernier post, tu soulèves une question, juste à la fin : quelle serait votre définition du bonheur. Voilà une ouverture sur un débat qui n’est pas axé sur les maux que nous ressentons-tous, et dont j’ai peur que nous fassions une habitude, à force de les ressasser. Ne pourrait-on pas nous regrouper autour de sujets de ce genre, moins personnels (quoique définir le bonheur n’échappe pas totalement à la subjectivité), et faire avancer des débats qui n’ont d’autre objectif que le plaisir d’ordonner nos idées, de les confronter les unes aux autres pour mieux les faire avancer ?
Re: Re: Critiques
Chère Alezia,
Je ne rejoins pas cette vision des choses pour avoir à maintes reprise trouvé des échanges fort distrayant, léger et non moins enrichissant que les graves sur internet; je n'ai jamais eu l'impression de n'avoir que ça à partager sinon mes textes n'auraient jamais été que plaintes, or je n'ai pas le sentiment d'avoir procédé à l'écriture d'un blog litanique.
L'âme seule ne sait parler que profondeur peut-être mais la profondeur n'est-elle que dans les maux ? Il est des mots d'amours qui m'ont été adressé qui sont profonds et disent la beauté, la vie et la légèreté ...
Grosses bises
Songe
Re: Re: Re: Critiques
Re: Critiques
Je me permets de répondre brèvement à ton commentaire, le temps me manque mais je ne peux partir sans réagir, comme tu as pu réagir auprès de nous tous...
Je ne suis pas d'accord avec toi mais je suis d'accord avec toi... voilà qui résume ce que j'ai à dire... En fait, tout ce que tu dis est pour moi profondément vrai, mais je me dois de le nuancer.
Je suis d'accord avec toi lorsque tu dis que ce site devient un receuil de souffrances, déprimes et autres doutes récurents. Ma soeur m'en a même fait la remarque ce matin. Mais je me permets de rappeler que ce site n'est pas un lieu de vie commun à nous tous. Il y ressemble beaucoup mais son but fondamental, son but premier est de recueillir les "journaux intimes" de ceux qui les ont écrits. Et, même si c'est à l'opposé de ce que devrait être un journal intime, son but est d'être lu. Mais quel intêret y a-t-il à cela...? Pour le rédacteur, un sentiment de soulagement, de partage, d'expiation etc... Pour le lecteur...? et bien je pense que l'interêt réside en les enseignements que l'ont peut tirer de ces lectures. Et en ce sens les épreuves noires qui ont étés traversées doivent nous apprendre à les prévennir, à les éviter. Parler de son bonheur ne serait à mon sens que l'affichage d'une belle vie, meilleure que la plupart de ceux qui auront à la "lire".
Mais sois en sûr, je reste complètement convaincu par ce que tu dis, notemment sur le fait que la souffrance attire l'aide, une aide qui sert elle même de base on ne peut plus poreuse à l'amitié... Ce que je pense, c'est que nous avons tous une vision propre des choses et par la même une motivation propre à chacun en ce qui concerne l'écriture des "blogs". Certains écrivent pour s'entourer de lecteurs amicaux comme tu le dénonce, d'autres écrivent pour créer un univers moins gris et froid que ce qu'ils voient parfois dehors, d'autres encore écrivent pour faire part de leurs expériences bonnes ou mauvaises afin de créer une "banque de données" pour résoudre certaines situations que les lecteurs auront parfois à traverser.
J'espère que tu auras compris que je suis entièrement d'accors avec ce que tu dénonces, mais nous ne devons pas faire une généralité de tout cela. Et puis j'écris pour ma part un journal qui ne sera pas un vaste champ de déboires, si cela peut t'interresser de voir autres chose que du noir, je suis l'une des nombreuses personnes qui ai décidée d'écrire autre chose qu'une plainte poétisée...
J'espère te lire bientôt.
Ezekiel.
Re: Re: Critiques
J’apporte une précision, afin qu’on ne se méprenne pas sur mon intervention : je ne dis pas qu’il est regrettable d’échanger ici nos douleurs et nos peines. Bien au contraire, c’est une chose formidable d’avoir cette possibilité de nous retrouver ici, dans la sécurité de l’anonymat sans laquelle, je suppose, beaucoup d’entre nous se feraient subitement muets, pour y épancher nos pleurs, y déverser nos malheurs, et y trouver un réconfort sincère. Je ne nie certainement pas ces choses dont j’ai pu éprouver l’efficacité, tantôt consolant, tantôt consolé. J’ai trouvé ici des gens aux idées intéressantes, des mots qui ont allégé mon fardeau au temps de ma détresse, et moi-même, je continue d’essayer du mieux que je peux d’aider ceux qui en auraient besoin. Mais je sais qu’il m’est arrivé de regarder tomber la nuit en regrettant de ne pas avoir souffert de la journée, car cela signifiait qu’il me faudrait attendre pour avoir quelque chose à écrire ici, incapable d’imaginer qu’on puisse le faire à propos de quoi que ce soit d’autre que ses malheurs.
Maintenant, ce que tu dis est tout à fait vrai. Le côté « base de connaissances » est un bonne chose, il permet en effet aux uns d’évacuer sur le moment, de trouver du réconfort, et aux autres, immédiatement ou plus tard, de trouver des paroles concernant un mal qui aura été ou sera devenu le leur. Et c’est un point positif que je ne nie absolument pas. Il y a ici, par l’échange, beaucoup de choses à apprendre, et j’en fais l’expérience à chaque fois que j’y viens. La confrontation de nos pensées leur apporte énormément en terme de richesse et d’avancée. Nier cet avantage serait une grave erreur de ma part.
Comme tu le dis, parler de son bonheur ressemblerait à de l’affichage, et ne récolterait que l’indifférence ou la jalousie. C’est aussi ce que je disais : les gens heureux donnent l’impression qu’ils n’ont pas besoin des autres. Ce qui est aussi faux que de croire qu’un homme malheureux ne peut rien apporter à un homme heureux. Mais, sans étaler son bonheur, on peut toutefois faire de ses problèmes autre chose que cette « plainte poétisée » que tu cites. Pour ma part, j’essaie autant que je peux de ne pas verser dans un pathos grandiloquent, auquel je ne suis pas sûr pour autant d’échapper. La douleur est propice au lyrisme, mais hélas, trop en faire devient du théâtre : on entre en représentation ; il ne s’agit plus de souffrir, mais de parler de sa souffrance, d’en faire un exercice d’éloquence dont la sincérité pourrait parfois pâtir. J’aime la belle langue qu’est la nôtre, et j’aime à lire des longs monologues imagés, tant que l’image ne prend pas le dessus sur ce qu’elle est censée illustrer. Et j’ai peur que parfois nous ayons ce tort de vouloir en faire tellement que ce ne sont plus que nuages lourds, vents mugissants et pluies battantes, au point qu’on en oublie de quelle douleur l’auteur parlait dix lignes plus haut. L’image agrémente certainement le texte, mais il ne faut pas qu’elle le noie. Je ne dis pas que j’échappe à ce travers ; ma critique ne m’exclut pas, bien au contraire.
Enfin, oui, tu as raison d’imposer des barrières à ma critique, car tous les blogs ne sont pas un étalage d’égocentrisme exacerbé ni d’auto-apitoiement. Il est est qui respirent l’humour, d’autre où les réflexions savent être justes sans être pathétiques, et je les apprécie d’autant plus que le mien a régulièrement tendance à tomber dans les écueils contre lesquels j’écris cette mise en garde.
En allant de ce pas te lire,
Barjac
MERCI
Re: MERCI
Merci à toi Teïdy Lou d'avoir cette sensibilité qui les reçoit, mes mots ne prennent de valeur qu'avec ces sensibilités auxquelles ils s'adressent ... la lumière nait entre l'écrit et le coeur du lecteur, c'est une lueur qui ne naît ni sans l'un ni sans l'autre :o)
Grosses bises
Songe
MERCI
Cher Songe...
Je me devais de répondre à ton texte, et je m'en excuse d'avance mais mon intervention sera très courte car j'ai comme tu pourras le voir répondu à un commentaire de quelqu'un qui poussait un ras de bol...
En ce qui concerne ton écrit, je ne dirais pas un mot sur la qualité de celui ci car n'importe quel commentaire serait réducteur... Maintenant, après cette lecture, je suis sûr d'une chose: nous gagnerions réellement à nous connaître mieux. J'apprendrais encore énormément à te lire, et je pense avec toute la modestie qu'il se doit que tu en trouvera la réciproque dans mes écrits.
Il semblerait à te lire que nos parcours s'ils ne sont en rien liés, ont de nombreuses similitudes entre eux... Tout cela me motive à publier au plus vite la suite du Journal d'Ezekiel, et à attendre de pied ferme ta prochaine production personnelle.
Amicalement...
Ezekiel Rosario.
Re: Cher Songe...
Mon cher Ezekiel,
Ces lieux sont les tiens comme ceux de tout un chacun et j'invite ceux qui y inscrivent la trace de leurs pas à y laisser trace de leur vie ... j'aurais plaisir à te voir entrer dans ma vie comme le font ceux qui choisissent de me répondre. A mes mots on ne répond sans répondre à mon être, à mon ressenti, à ma vie; et que tu t'y reconnaisse me porte à penser que nos mots ont encore beaucoup à échanger à l'avenir.
Au plaisir ...
Amicalement
Songe
Comme d'habitude tu as su trouver les mots qui nous touchent a tous
des mots qui me font pleurer et c'est justement pour ca que je les aime
dans tes discours,dans tes mots tu as toujours su me toucher,au plus profond de moi meme et me donner envie d'etre la pour toi tous les jours qui me seront donné de vivre
ce n'est pas toujours facile de parler,d'aider les autres mais si toi tu le fais si bien je ne vois pas pourquoi dans mes moments de faiblesse j'aurai l'égoisme de ne pas t'aider
alors sache que quoi qu'il m'arrive,quoiqu'il se passe je serai la pour toi
je te fais de gros bisous rempli d'etoiles mon cher songe:)
Re:
Ma chère Choupi,
Il est des mots qu'on offre aujourd'hui pour demain et ces mots-là j'aime croire qu'ils y seront toujours inscrits ...
Les tiens, chaleureux, attentifs, souriants et touchants me font chaud au coeur et tu sais qu'ils sont réciproques, que quoi qu'il t'arrive, quoi qu'il m'arrive je souhaite pouvoir être là si tu as besoin de moi ma petite Choupi ...
Ce sont des mots comme les tiens, simplement emplis d'attention et d'amitié, qui disent l'essentiel en quelques lignes :o)
Merci du fond du coeur Choupinette !!!
Très gros bisous !!!!!
Songe
Et bien je te retourne bien noir sur blanc ces quelques mots au nom de beaucoup : nous t aimons aussi. Parce que de l'absence de ces mots naissent aussi les incertitudes... L'écriture et la parole ont été données à l'homme, à lui de les utiliser pour ce qu'il souhaite exprimer par delà les gestes, les regards et les baisers... Parce qu'un baiser peut être faux, parce que des paroles non dites peuvent aussi avoir un pouvoir d'expression, aussi ne pas laisser le doute s'emparer de l'autre parce que nous pensons nous ne pas avoir à les dire. Cela est notre conception (enfin pas la mienne), elle n'est pas forcément une réponse à l'autre.
J'ai lu et tu sais ce qu'il m'en coute mais je ne peux laisser ainsi les choses. Chaque blog est personnel, chacun a le droit de s'exprimer comme bon lui semble. Trop de contrainte dans la réalité bride suffisamment notre expression pour ne pas la retrouver encore ainsi. Je parle maintenant au nom de moi pour démontrer que chaque personne sur le joueb est différente. Elle n'est pas forcément en quête d'amitié (si cela se fait c'est un bonheur de plus :), ni en quête de reconnaissance, ni en quête de réponse d'autrui à ces quelques mots déposés... Si je laisse les commentaires libres sur mon blog, c'est que les opinions d'autrui sont libres de s'exprimer si cette personne a pris la décision de le faire... Certains sont bloqués car ils ne sont adressés qu' à une personne. Mais les "plaintes" n'appellent pas forcément une demande de reconnaissance, ou une plainte en écho... Ce blog n'est que la quête de mon moi, de es tatonnements et je trouve abérrant de trouver au détour de qq posts ses limitations : Attention vous avez dépasser votre quota de lamentations! Devenons jouer la comédie du bonheur que souvent nous jouons si bien dans la "réalité"... Ici aussi faudrait-il se contraindre?
J'aime les blogs joyeux, j'aime voir les autres être heureux, ... J'aime cette bonne humeur propre à certains blogs... Parfois, la vie nous joue des tours et nous fait passer par des "passages à vide"...Faudrait il s'éloigner à ce moment et nous taire?
Si nous souhaitons proner notre amitié et notre amour, devons nous nous y prendre autrement...Y a t il une charte régissant la manière d'écrire sur le blog...
NON, n'exercons pas notre jugement encore une fois, ce jugement si prompte à surgir à nos moindres gestes, paroles, ne l'appliquons pas une fois de plus à nos écrits qui sont une part de nous même que nous ne pouvons totalement exprimer...
Ne nous reprochons pas nos manquements perçus comme de l'inattention parce que nous n'étions pas là pour répondre...Certains n'ont pas tant de temps derrière le clavier et je ne l'aurai pas eu si je n'étais en arrêt... Laissons nous simplement de vivre pleinement sans avoir ce remord en pleine soirée avec des amis nous tarrauder "comment tu ne réponds pas"..."Tu n'as pas lu"...Ne nous reprochons pas de vivre et de nous exprimer... Vivons...vivons simplement avec ce que la vie importe : des hauts et des bas... Elle est beaucoup trop courte pour maintes reflexions qui finalement nous deconnectent...
Ami Songe, je préfère communiquer avec toi dans la réalité :)
Et puis encore une fois, la souffrance physique me rend peut etre trop véhémente lol! Mais je tenais à préciser ce qui me tenait à coeur ce soir.
Exprime toi comme bon te semble, apporte ton aide comme tu sais le faire mais préserve toi une petite part pour toi. Je sais que tu débordes d'énergie mais attention à ne pas trop puiser dedans sans cesse et découvrir un jour que le fond est vide... A mardi pour mes lamentations orales (lol, non je rigole!!!)...
Je retiens une chose : trouver des solutions à nos maux... Ok j'irai faire mes 100èmes analyses et p't être voir un autre médecin...Trouver une solution...OUI! ACTION! (non dodo)
Gros bisous à toi cher Joël/ Songe/ Alter... ;)
Mon Songe,
Je ne sais pas quoi dire, parce que tes mots offrent à mon âme une sensation que toute parole ternirait irrémédiablement.
Cependant, je ne peux m'empêcher de réagir sur quelque points, et par là-même apporter peut-être un éclairage nouveau sur les raisons qui motivent mon départ.
Si l'altruisme avait un nom, il s'appelerait Songe. Quand je t'ai connu, quand j'ai découvert petit à petit les sentiments et la vision du monde qui se dégageaient de tes textes, j'ai voulu prendre modèle sur toi, essayer de te ressembler, d'avoir ce détachement associé à cette présence qui caractérisent les relations que tu as avec tes semblables. Quelque part oui, je t'enviais. Mais pas comme on envie une personne plus riche, plus heureuse, plus belle... non. Alors que je m'attendais à trouver la haine comme effet secondaire de cette envie, j'y ai trouvé l'amour. Un amour dévorant, pour ce que tu dis, pour ce que tu es.
Mais l'envie reste l'envie, et c'est une passion trop dévorante pour quelqu'un de faible, une passion qui ne laisse pas assez de place à un épanouissement indispensable à toute relation. J'ai cru qu'un jour je pourrais ETRE Songe. Mais je ne suis que moi, que Yamael. L'antithèse du Songe. Vous pourrez dire tout ce que vous voulez, que je suis quelqu'un de bien, etc... Je n'y crois plus. Cet altruisme que vous me prêtez parce que parfois je suis là par hasard quand vous avez besoin de moi, cette volonté d'aider dont j'essaye de faire preuve le plus souvent possible, quand je regarde Olivier dans le miroir, le soir, elle est absente. Non, je ne pourrai JAMAIS dire que quand je vous aide, quand je suis là pour vous, mon inconscient n'espère pas secrètement "un retour sur investissement". Oui je sais, ce que je viens de dire est égoïste, choquant... tout simplement écoeurant.
C'est pour cela que j'ai décidé de vous quitter. Parce que au fond de moi, même si j'essaye d'être quelqu'un de bien, je ne le suis ni ne le serai jamais.
Lorsque toi, mon Songe, tu vois deux personnes qui se promènent main dans la main, tu souris peut-être, non sûrement, à l'idée du bonheur qui les habite. Quand il m'est donné de voir la même scène, la seule chose que je ressent au fond de mon coeur c'est l'absence de main dans la MIENNE.
Voilà ma vie. MOI, MOI, et encore et toujours MOI. Yamael et ses doutes. Yamael et ses peines de coeur. Yamael et sa souffrance... D'ailleur même ce post ne tourne qu'autour d'une seule et même personne, toujours la même.
Je n'en peux plus mon Songe. Je déteste ce que je suis, qui je suis. J'aurais voulu être comme toi, être "juste quelqu'un de bien". Mais ce n'est pas le cas. Alors je disparaît, pour ne pas que vous vous rendiez compte un jour du Mr Hyde caché derrière le Dr Jekyll. Pour ne pas vous faire souffrir. Vous êtes tous si beaux dans vos costumes de soie, resplendissants d'une bonté et d'une aura que je n'aurai jamais! N'ajoute pas à ma douleur le fait de devoir me poser des questions sur le choix de revenir ou pas, s'il te plaît mon Songe. Laisse le Mal retourner au Mal, et place toute la force de ton coeur immense dans la sauvegarde de ce qui est sauvegardable.
Je t'aime
Je vous aime
xxxxxxxx, démon sans nom qui voulait devenir un ange.