Voici le quatrième des textes intitulé "Ressenti" et rédigés au cours du printemps de cette année ... je tenais à le remettre ici afin de compléter les textes qui ont exprimé très justement ma vision des choses à ce moment-là de ma vie et qui continuent encore à l'illustrer.
Le jeu
C’est le jeu qui vient en quatrième position de ces réflexions car c’est, il me semble, un élément central dans les relations humaines ; « jouer le jeu », voilà une phrase qui pourrait résumer l’impression que me laisse souvent le quotidien … un sentiment qui remonte à quelques années déjà … toujours cette sensation que tout n’est que jeu et farce, que j’occupe une salle de jeu où les enfants singent le plus sérieusement du monde des situations qu’ils créent de toutes pièces … l’homme naît en jouant et n’arrête jamais, tout au long de sa vie ; le jeu gagne en complexité, en subtilité et en réalisme mais au fond ça ne reste qu’un jeu. On multiplie les rôles, les situations et les scénarios, on se prend au jeu et on ne s’attarde plus à prendre du recul comme le ferait le scénariste quittant la scène pour évaluer la qualité de son œuvre. Le jeu de costumes, des masques, des intonations, des gestes … on s’identifie au personnage, on s’y installe, s’y complaît et on finit par s’y abandonner avec complaisance. Le dehors forge le dedans, lui intime d’obéir, le soumet à la loi de l’apparence et finit par l’y enfermer ; la cité interdite est livrée au tourisme, au culte du « veni, vidi, vici » : l’âme est percée comme une vulgaire boîte de maquereau, son jus siphonné et son contenu dévoré pour les besoins du corps inhumain, pour satisfaire la voracité du scénario … et on recycle le restant pour en faire un ouvre-boîte ! Le cercle vicieux du jeu qui prend l’homme à sa naissance pour faire de lui le formateur de la génération suivante d’acteurs. La « passion du jeu » ? Mais c’est toute l’humanité qui l’a lorsqu’elle se laisse aller à obéir à des règles convenues ; des règles que l’homme transgresse par ailleurs dès que le jeu n’a plus de prise sur lui et qu’il n’encoure pas de sanctions : l’homme qui ne joue plus, authentique, est un homme qui n’appartient plus à aucune société, qui n’obéit plus qu’aux lois de la nature, de sa nature … moi-même, en tant qu’élément de la société, je suis astreint à jouer pour y prétendre à une place ; mais parfois je ne joue plus et c’est ce qui m’exclue, me marginalise … on n’aime pas les gens qui couchent leur roi plutôt que de le laisser prendre, on les accuse de tricher, d’être mauvais perdants, mauvais joueurs … et pour finir, le jeu nous vole à la tête, nous fracasse le crâne et nous amène à la fosse commune de l’humanité … le lot de compensation pour le perdant est un revolver en or pour s’envoyer ad patres … mais ce serait un peu facile ! Je préfère espérer que je puisse « tirer mon épingle du jeu » et ménager dans le jeu, un espace pour mon authenticité et celle de ceux qui me sont semblables : revendiquée à plusieurs, elle imposera peut-être sa légitimité dans un système où l’opinion de la masse prime sur celle de l’individu.
Pour prendre maintenant le jeu à un autre niveau, en tant que loisir, littéralement …
Il est curieux de constater que, non content de jouer ses rôles quotidiens, on en vienne encore à jouer un jeu dans le jeu, pour alléger celui-ci … un peu comme la mise en abîme au théâtre (du théâtre dans le théâtre !!!). On a créé un cadre de jeu réduit où tout est plus simple, où on apprécie « d’avoir les cartes en main », de ne pas « être un pion » mais « manier un pion ». On peut naturellement objecter que l’homme va jusqu’à élaborer des jeux où il engage plus qu’un pion, mais il me semble que quelque soit le jeu, l’homme dispose au départ du choix de participer ou non sous peine d’être pion lui-même (comme les gladiateurs). De toute manière, on passe très rapidement d’un jeu dans l’autre (c’est à ne plus savoir où l’on se trouve !). J’ai moi-même longtemps joué, que ce soient des jeux de rôles, des jeux vidéos ou encore des jeux d’ordinateurs ; joué pour avoir un contrôle sur quelque chose au moins, pour me valoriser un tant soit peu … mais aujourd’hui je n’ai plus ni l’envie ni le besoin de jouer : je m’achemine doucement vers la sortie de tous les jeux … j’ai besoin d’authenticité pas d’un rôle quelconque dans quelque mascarade que ce soit …
Le jeu sous toutes ces formes, c’est ce qui m’a caché à moi-même et aux autres, c’est le voile que j’ai mis à mon âme, le filtre que j’ai mis à ma conscience et surtout le scénario dramatique que j’ai donné à ma vie passée … Bas les masques !!!
Commentaires :
coucou
Tu a fait un texte magnifique...d'ou te vien cette inspiration d'ou te vient se talent ca doit être un don...mais je pense que la vie n'est pas un jeux.j'aime te lire...bye