(Michael Whelan)
C'est une belle nuit comme je les aime, l'air doux qui s'emplit des senteurs citronées de la bougie, le silence qui fait écrin aux notes cristalines de la romance de Chopin ...
Et je pense, et j'apprécie, je goûte à la douceur de ces instants de sérénité et de bien-être prolongés, je me prends à rêver de celle qui laisse ses doigts délicats effleurer les touches du piano pour lui faire chanter cet air de larghetto ...
Les cheveux déliés reposés dans le creux entre ses épaules, allongés au long des plis de sa toge blanche, le regard perdu dans les étoiles au-delà des fabuleuses et étranges constructions de son imagination ...
Oui, ma muse, en cette nuit ces mots doux c'est à toi que je les dédie ...
***
Et lentement mes pensées continuent leur chemin, délicatement, paisiblement ...
Je me dis que j'ai usé bien des passions pour colorer l'encre de ma plume dernièrement, je me dis que j'ai courtisé bien trop souvent l'inconstance pour prétendre à me fiancer à la fille de dame Patience, la jeune et douce Sagesse.
J'ai envie de retrouver un peu d'humilité, de reprendre le temps de goûter la sérénité des passions reposées, de celles déposés dans le grain du papier par le pinceau et le fusain, envie de me passioner à l'écriture et au dessin ...
Je n'ai plus envie de parler politique et mise en pratique d'idées théoriques, juste envie de les couver dans le serein secret pour seulement les évoquer dans un texte discret ...
Envie d'écrire des sourires, de ne plus décrire de soupirs ...
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Thé brûlant, que je savoure doucement en rêvant ...
Elles partent, elles vont et viennent, toutes ces vies prises dans une valse endiablée qui les emporte comme elle les a amené dans un instant dérobé ...
Mais je reste, je demeure avec mes hauts, mes bas, je veille tendrement sur ce petit monde là parce que parfois j'y vois comme autant de petites mines ébouriffées qui rient, qui pleurent sur le clavier ...
Et je me dis que rien n'est désenchanté tant que mon regard sait rester en chaque jour émerveillé ...
Les hommes ont leurs peines et leurs caprices, leurs haines et leurs vices mais je le savais, le sais et le saurais hier comme aujourd'hui et demain ...
Alors doucement j'apprend à les aimer riant et souffrants, aimables et haïssables parce qu'ils sont ainsi et que je ne peux désirer qu'autrement soient leurs vies ...
Je leur souhaite à tous une nuit reposante et douce ...
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Enfin j'atteinds le coeur de ma nuit ...
L'heure est magique, je rends sereinement son silence à la nuit, écrase entre mes deux doigts la mèche de la bougie ...
A demain, pour un nouveau bout de chemin qu'il soit heureux ou chagrin, l'essentiel est que je le ressente comme pleinement mien ...
Douces bises nocturnes
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(nocturne n°2 opus 32 - Frédéric Chopin)
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