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Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ...

Tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ...

 

Je lis très attentivement les uns et les autres,  laisse chaque jour couler mon esprit et mon âme au long de vos mots, les épouse de mes émotions et pensées et c’est en eux que je puise beaucoup de l'argile qui, je pense, aide mes mains à façonner ma vie de demain ...

Bien des personnes m'ont dit ne pas trouver de mots à ensuivre aux miens, m'ont dit se trouver dépourvus de réponse suite à mes écrits ... et je me suis souvent demandé à quoi cela pouvait bien tenir. Aujourd'hui je me rends compte que devant certains de vos articles, les pensées jaillissent innombrables mais aucun mot ne souhaite se poser au-dessous des votre. Comme si au fond à ces mots-là seul un acte, un geste, un regard, un sourire entendu pouvaient répondre ... comme si on atteignait là les limites de notre petit espace virtuel. Ici nous trouvons des mots qu'il nous serait bien difficiles d'aligner dans la réalité par le mouvement de nos lèvres ... pour ma part, je me trouve régulièrement démonté en deux mots par un interlocuteur oral et j'en reste abasourdi tellement la répartie me fait défaut là où ma plume n'aurait pas cillé. Inversement il est des mots ici qui ne trouvent pas de répartie écrite et toute tentative paraît souvent inadéquate, incomplète, incertaine d'elle-même ...

Plus particulièrement, j'ai lu bien des textes qui se révoltaient contre un monde révoltant, qui appelaient au réveil des consciences ... et puis quoi ? Sinon que chacun y met de son mot pour rectifier les tirs qui ne lui paraissent pas assez justes pour atteindre la cible commune, mais tous finissent par abonder dans le sens d'une nécessité de réaction; pour que, finalement, celle-ci reste lettre morte à défaut de savoir comment s'inventer une suite avec les seuls mots écrits. Le net est plein de ces sites à la critique géniale, incisifs à souhait et excellents au manier du bistouri de la polémique ... mais qu'en découle-t-il sinon des "rendez-vous à demain, quand on fera la révolution ensembles". De temps en temps une petite voix crie le vice de procédure, appelle à la nécessité d'une action présente et quotidienne ... mais voilà que les consciences retrouvent le plancher des vaches et sont nombreuses à s'avouer bovines avant de, résignées à leurs dépendances innombrables, retrouver la vision rassurante de leur clôture électrifiée qui les dédouane un peu du sentiment de culpabilité qu'elles éprouvent à brouter les farines animales (désagréable pensée que celle de cannibalisme volontaire).

Et que voulez-vous que j'ajoute à des mots qui ont autant de déclinaisons qu'il se trouve d'individus pour en faire usage ? Tous ces mots qui appellent au débat de fond se retrouvent finalement embarqués dans un débat de forme ... on discute, on discute, les consciences évoluent, se retrouvent, s'échangent, se rassurent mais on a un peu l'impression d'une passe à dix où chacun met un coup de chiffon à la balle pour la rendre brillante et la relance finalement à l'autre ... Et la fatigue et la lassitude faisant, le nombre de participants diminue et le dernier se retrouve avec une balle qu'il va astiquer jusqu'à la faire miroiter à nouveau suffisamment pour recommencer la partie le lendemain ... parce que vous imaginez bien : il ne va quand même pas risquer de jouer tout seul, il faut être plusieurs pour jouer lui a-t-on dit.

"Elle attend que le monde change, elle attend que changent les gens"

La conscience attend que le monde change, que changent les gens ... elle attend que quelqu'un prenne l'initiative d'envoyer la balle haut dans le ciel pour pouvoir, avec tant d'autres, se précipiter pour la rattraper et suivre ses rebonds ... elle guette ce moment où elle n'aura pas à se demander ce qu'elle pourra bien faire de la balle, où elle n'aura qu'à courir après pour dire avec force cris que la direction est bonne ...

Dans la nuit des consciences hurle de temps en temps un loup trop blessé, trop affamé et alors il s'en trouve plusieurs pour joindre leurs hurlements au sien, non pas pour panser ses plaies ou lui donner nourriture mais pour pouvoir affirmer communément leurs propres blessure et faim ... rares sont les loups qui dirigent la meute et qui ne seraient ni affamés ni affameurs.

Mais je ne veux pas qu'on croit que ces mots-ci me servent à montrer du doigt ou à m'exclure prétentieusement d'une masse que les statistiques aiment à enfermer dans des généralités sur l'ordre des nécessités (si on se donnait la peine de regarder au détail la "masse", les "gens", le "peuple", la "foule", on serait surpris d'y voir autant d'intérêts individuels qui prennent pour paravent le slogan d'intérêt général (je crois que c'est ce qui a fait que bien des révolutions n'ont jamais débouché que sur des tyrannies sanglantes : parce qu'au nom d'intérêts généraux on a commis l'erreur d'offrir de trop grandes prérogatives individuelles qui se sont vite transformées en servantes de l'intérêt particulier)) ... je sais ce que je suis, ce que je fais, je n'essaierais ni de me dire plutôt ovin que bovin ou plutôt bovin qu'ovin, ni même de me prétendre pâtre, loup, brebis galeuse ou encore gardien de bergerie ... je veux juste dire la limite des mots quand il s'agit pour eux de se légitimer, se justifier ou revendiquer au nom de valeurs ou principes moraux.

Il est difficile d'avoir un jugement de valeur là où chacun a une estimation très personnelle de celle-ci ... le plus juste nous semble alors non pas de répondre (nous nous sentirions alors en décalage) mais de décrire l'émotion suscitée par l'écrit. Pour reprendre l'idée de dessus, je vois avant tout des émotions qui se rencontrent et s'alimentent mutuellement mais l'émotion retombée, il ne reste qu'une pensée archivée à telle date. Il y a ce moment où on doit agir seul et arbitrairement, pourvu que ça ne soit pas au nom des autres (car je crois que seul celui qui se voit confier le droit de décision par ceux-là même au nom desquels il décide, peut y prétendre) ... mon écrit n'appellerait alors pas à l'action mais la représenterait, ce qui lui donne bien plus de valeur je trouve.

Aussi longtemps que je dis à chacun qu'ensemble nous devrions planter des petites fleurs pour parfumer et colorer le monde et qu'aucun de mes actes quotidiens ne prépare même la terre ou l'engrais pour les nourrir, je ne serais qu'un sophiste  plus ou moins talentueux qui vendra des grizzlys avant de les avoir domestiqués.

De même si je parle amour et amitié à tout va et que le jour où mon ami se défenestre je lui dédiais une merveille à mon clavier, je crois que le retour de conscience me sera aussi dur que la surface du macadam où est venue se démembrer ma belle vision des choses.

On m'a dis "fonces" quand j'ai parlé prudence ... mais je crois que beaucoup ont pensé à ce moment-là "fonces sur ton clavier" ... et c'est justement là ma prudence, de ne pas dire des mots que je ne suis pas certain de pouvoir vivre ou assumer par la suite. Il est certain qu'il m'est aisé de foncer plume baissée dans l'encrier et d'en tirer des amitiés et amours plus riches que les sept merveilles réunies. Se promettre que nos claviers vibreront toujours à l'unisson ... mais je veux être certain que demain l'ami qui sera fauché par un camion me trouvera au pied de son lit autrement que dans une petite fenêtre munie d'une illusoire pixellisation de ma présence. Certains me diront que je fais un amalgame entre amitiés virtuelles et réelles, qu'on doit les dissocier et vivre chacune pour ce qu'elles sont. Soit mais alors je vous souhaite de ne jamais vous retrouver sans connexion le jour où vous souhaiterez à tous prix la présence de cet ami-là justement ...

Certains m'excuserons par conséquent de ne pas toujours leur consacrer mon écrit autant que je pourrais le faire ou de ne pas leur consacrer plus de temps que je ne le fais mais je mets chacun sur un pied d'égalité avec une légère préséance pour ceux qui se sont inscris dans ma vie en investissant ma réalité quotidienne. Après ce n'est pas le quantitatif qui départage mais bien évidemment le qualitatif ... mais vous êtes seuls juges de celui-ci, pour ma part je fais selon mon sentiment ... il en serait inversement si je voyais ma vie davantage investie dans les mots et l'écriture mais je ne me sentirais jamais intègre qu'en faisant de mon mot un moyen et non une fin en soi ... parce que demain je veux avant tout pouvoir offrir le savoir des mains et non celui de l'esprit parce que le premier sera toujours plus écouté que le second ... le second doit servir avant tout à défendre, appuyer et perpétuer le premier je pense. La sagesse je crois c'est de savoir mettre le savoir de l'esprit au service de celui des mains et non l'inverse. L'inverse c'est de la tyrannie (éclairée ou non).

Voilà une réflexion bien dense mais j'avais ce besoin de remettre mes pendules à l'heure en reconstruisant quelques certitudes en réponse à mes constantes remises en cause ...

L'idée de rendre le monde meilleur m'a quitté depuis longtemps, je poursuis plutôt l'idée de tirer au possible le meilleur du monde pour lui ménager l'espace de ma vie comme refuge ... les limites à la chose sont bien naturellement mes limites personnelles mais je préfère être mon propre limitant que celui des autres. Or revendiquer au nom des autres c'est aussi les limiter quand on se retrouve limité. Je continue donc de revendiquer en mon nom et de laisser après cela les autres apprécier pour eux-mêmes la valeur de mes actions. Je ne donne pas par avance un mauvais ou un bon grain, je soigne pareillement tout l'épi et c'est par la suite que je trie le grain selon les résultats de la récolte.

Tout est à faire au mieux pour le meilleur du monde

 

Prose de Songe, le Jeudi 22 Janvier 2004, 04:27 dans la rubrique "Miel et fiel pour le meilleur et pour le pire ...".
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Commentaires :

Ezekiel
22-01-04 à 09:51

Je n'ai plus qu'une minute devant moi, mais je tiens à te dire mon ami que ce texte m'a plus interessé que les autres, et touchent quelques sujets trop souvent mis sous silence. Compte sur moi pour réagir à cela (par l'écrit en attendant mieux). Ce soir tu devrais avoir mon commentaire...

Ezekiel Rosario.


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Songe
30-01-04 à 10:56

Re:

Il est certaines choses pour lesquelles il n'est aucune limite de temps qui vaille :o)

Demain comme aujourd'hui j'accueillerais ton commentaire avec un plaisir identique ...

Ne prends pas, pour me répondre, sur un temps qui t'est précieux ;o)

Chaleureusement,

Songe


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Vendredi
22-01-04 à 15:27

Je veux juste te dire que je t'appécie pour ce que tu es... et parce que tu es ainsi. :-)

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Songe
30-01-04 à 10:58

Re:

Merci beaucoup Vendredi,

J'apprécie vraiment beaucoup ta présence chaleureuse, généreuse et attentive et te suis reconnaissant de ce que celle-ci apporte aux autres ...

Merci

Songe


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babao
23-01-04 à 00:49

Si tu me permets d'ajouter:
Il y a l'époque du fond dans nos vies, plutôt quand on est jeunes et qu'on refait le monde, qu'on veut une nouvelle révolution, tout changer.
Il y a l'époque de la forme, quand nous avons vieilli, qui va de pair avec des moyens différents, avec des acquis à préserver.
La question, à mes yeux, c'est... Que restera-t-il de la première époque quand j'entrerai complètement dans la deuxième...
Amitiés

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Abyssia
23-01-04 à 14:01

Re:

Je suis d'accord avec toi...

Que restera-t-il de nous quand nos rêveries d'adolescents se seront envolées? Je voudrais grandir, mais sans avoir à sacrifier mes rêves et mes croyances pour autant...

Malheureusement, j'ai de plus en plus l'impression que c'est impossible...

Abyssia


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babao
23-01-04 à 23:27

Re: Re:

Je ne sais pas non plus...

A 30 ans (presque) j'ai toujours envie de refaire le monde, mais je ne crois plus trop que j'y parviendrais ;-)
J'essaye de ne pas me fermer en attendant :-)
Et pourtant parfois, je me surprends à être vieux et pas si ouvert que ca :-/

Bises


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Songe
30-01-04 à 11:29

Re: Re: Re:

Hmmm ...

 

Avant d'ouvrir l'amicale des anciens combattants mutilés de guerre, est-ce qu'on ne pourrait pas envisager d'ouvrir celle des utopistes indécrottables ?

Vouloir changer le monde n'est-il pas une grande ambition qui demande qu'on commence par soi-même ? Ne faut-il pas déjà correspondre au monde que l'on souhaite pour pouvoir ensuite le forger à son image ?

Si tu ne crois pas de tout ton être au monde que tu souhaites, comment feras-tu pour ne pas avoir des hésitations, des incertitudes fatales aux moments cruciaux de décision ?

Je crois qu'il faut déjà repenser un peu notre relation au quotidien pour voir si nous y sommes aussi généreux que nous le prétendons pour le monde qui nous entoure ... il y a tant de ces petits gestes quotidiens qui fondent tout un monde et qui ne nous viennent pas à l'esprit tellement celui-ci se trouve préoccupé à fixer le plus grand angle d'horizon ...

"Jeanne, jeanne ne vois-tu rien venir ? Je ne vois que le ciel qui poudroie et l'herbe qui verdoie"

Peut-être avons-nous des placards trop pleins de cadavres qui demanderaient que nous allions parfois soigner quelque peu nos idées morbides avant d'épouser des égéries qui finiront tôt ou tard par devoir rejoindre notre cimetière lorsqu'elles menaceront de nous confronter à nos démons.

Amicalement

Songe


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Songe
30-01-04 à 11:10

Re: Re:

Mon Abyssia,

 

Pourquoi penser à ce qui s'envole avant que le décolage n'ait même eu réellement lieu ? Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme, de même il n'y a pas de néant où les oiseaux s'envoleraient ... il n'y a jamais qu'une migration de la perception vers un autre horizon.

Saches quel horizon abritera tes rêves et tu feras en chaque saison nouvelle intuitivement la route qui y mène.

Crois fort, c'est la route la plus sûre vers l'horizon dee tes rêves :o)

Ton songe


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Songe
30-01-04 à 11:06

Re:

Mon cher Babao,

 

Il est des vies qui savent conserver cette jeunesse de la volonté tout au long de leur long parcours ... il en est d'autre qui se vieillissent avant l'âge et s'interdisent ainsi de prendre des chemins pentus par une précaution prétendue ... mais il se trouve dans le monde entier des hommes vieux qui cheminent côte à côte aux jeunes, des hommes vieux qui sont jeunes pour des hommes jeunes vieillis avant leur âge ...

On n'entre jamais que là où on décide qu'il y a un seuil ... à l'échelle du monde il n'y a pas de porte qui mène ailleurs que dans le monde ... après, chacun décide seul quelles sont les frontières, les limites de son monde, du monde où il vit.

Il n'y a pas de contraintes extérieures ... il n'y a que des contraintes intérieures ... tout dépend d'une hamonie subtile entre raison et aspiration ...

 


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